Dishonored
7.6
Dishonored

Jeu de Arkane Studios et Bethesda Softworks (2012Xbox 360)

Je suis caché dans les ombres, j'attends patiemment mon heure... Ma cible a succombé au poison, et git maintenant à terre, inerte. Je vois l'objet que je convoite au sol, les superviseurs sont déjà là, tout autour du corps sans vie. Je dois faire vite, et être précis. Le temps d'un scintillement je surgis au milieu d'eux, je ne leur laisse pas le temps de comprendre ce qui se passe. Avant qu'ils ne réagissent, j'avais déjà récupéré l'objet recherché et j'étais retourné sur le lustre d'où j'ai fondu. Je sors de la salle en passant de lustre en lustre, les superviseurs s'activent et cherchent à me poursuivre. Je retombe sur le sol pour continuer ma course dans le couloir, au bout des escaliers, je saute de plusieurs étages et use à nouveau de mon don de scintillement pour me réceptionner et continuer ma course sans ralentir. J'arrive dans une grande salle, des superviseurs face à moi, je pars sur le côté et traverse la salle en passant sur une passerelle en hauteur. Enfin, le sauf final, j'arrive à la sortie. Ma première cible est éliminée.



Tel est le genre d'assassinat que l'on peut réaliser dans Dishonored, éliminer sa cible discrètement, et fuir aussi vite qu'un éclair avant que les gardes ne comprennent ce qui se passe. Mais c'est seulement l'une des nombreuses manières de mener à bien un assassinat, car oui, Dishonored propose aux joueurs de nombreuses possibilités pour atteindre ses objectifs, de la discrétion au chaos total, cette aventure est la votre, et vous la mènerez de la manière qu'il vous plaît, mais vous devrez en assumer les conséquences.

A moins que vous n'ayez vécu dans une grotte, vous devez connaître Dishonored. Petit cours de rattrapage pour ceux qui dormaient au fond. Dishonored est un FPS d'action / infiltration édité par Bethesda Softwork (The Elders Scrolles, Fallout etc) et développé par le studio français Arkane Studio (Arx Fatalis, Dark Messiah of Might and Magic). Un jeu français donc ! Dishonored se déroule dans un monde fictif ravagé par la peste et ayant un style néo-victorien et anglo-steampunk. "Arthour ! Qu'est-ce à dire que ceci ?" J'y viens, j'y viens ! Le style néo-victorien est un mouvement esthétique qui mélange les styles victorien (style du Royaume-Uni de 1837 à 1901) et édouardien (la période qui suit, de 1901 à 1910) avec des technologies modernes. Et pourquoi anglo-steampunk ? Pour cette alliance de style néo-victorien et de steampunk, le steampunk étant un sous-genre de la science fiction uchronique, où l'histoire se déroule dans une atmosphère de société industrielle du XIX° siècle.

Cette précision faite, retournons au jeu. L'histoire se déroule sur le continent de Pandyssian, et plus précisément dans la ville de Dunwall, capitale de l'Empire. La capitale est victime d'une épidémie de peste propagée par les rats. L'Impératrice ne pouvant rester inactive en voyant son peuple souffrir, elle envoie donc son fidèle garde du corps, pour qui elle éprouve une grande affection, dans les Iles Désolées afin de trouver une solution à la peste. Cet homme c'est Corvo, et c'est lui que vous allez incarner. A son retour, alors qu'il fait son rapport à l'Impératrice, celle-ci se fait assassiner sous ses yeux, et sa fille Emily se fait enlever. Corvo est accusé et son exécution est prévue dans six mois. Néanmoins, Corvo va s'évader grâce à l'aide d'un groupe de loyalistes, et commencera alors une quête pour retrouver Emily, pour trouver des réponses, mais aussi une quête de vengeance. Voici le point de départ du jeu. Passons maintenant au gameplay, avant de revenir plus tard, en détails sur l'univers de Dishonored.

Dishonored est donc un FPS orienté action / infiltration. La progression du jeu se fait en niveau, de façon linéaire, mais chaque niveau, chaque objectif peut s'accomplir de plusieurs façons, de manière frontale, en toute discrétion sans tuer personne, ou en assassinant discrètement toute personne que vous croiserez, en passant par les ruelles, par les toits ou alors en prenant le contrôle d'un rat, ou d'un poisson ! Bref, faites appel à votre imagina Wait !? Possédez un rat, un poisson ? Oui, oui, j'y viens. Entre chaque mission, vous revenez à votre planque afin d'acheter des objets et/ou des améliorations. Il y a en effet un aspect RPG dans Dishonored. Très tôt dans le jeu, Corvo sera contacté par un personnage mystique, l'Outsider, qui lui donnera la possibilité d'utiliser ses pouvoirs. Vous pourrez donc par exemple utiliser le scintillement, sorte de saut instantané, un peu comme une téléportation. Vous pourrez prendre le contact d'animaux, et par la suite d'humains, vos yeux pourront également voir à travers les murs afin de repérez vos ennemis et de visualiser leurs champs de vision. D'autres pouvoirs plus offensifs sont également de la partie, vous pourrez invoquez une nuée de rats qui dévoreront vos ennemis, vous pourrez utiliser une rafale capable de projeter, et de tuer vos ennemis, et j'en passe. Les pouvoirs sont assez variés et vraiment utiles. Vous ne pourrez pas tous les avoir, enfin il me semble, il faudra donc choisir suivant votre style de jeu.

D'ailleurs, pour obtenir ces pouvoirs, il faudra bien explorer les niveaux à la recherche de runes qui vous permettront de débloquer les pouvoirs. Vous trouverez également des artefacts que vous pourrez activer (vous pouvez en activer un nombre limité en même temps) afin de vous donner des bonus : avoir plus de vie, plus de mana, étouffer vos adversaires plus rapidement, faire moins de bruit etc. Comme tout assassin qui se respecte, vous possédez des armes, une épée (votre arme principale), un pistolet, une arbalète (avec différents types de carreaux), des grenades ou encore des pièges. Mais attention, les munitions se font assez rares dans les niveaux, privilégiez votre épée et économisez vos munitions ! Voilà pour votre équipement et vos pouvoirs.

Comme je le disais, chaque niveau permet un vaste champs d'action. Ici pas de mur invisible, vous voulez monter sur un toit, vous pouvez dès l'instant que vous trouvez un moyen d'y monter, attention je n'ai pas dit qu'on pouvait monter sur tous les bâtiments, certains sont trop hauts ! C'est ici une grande force de Dishonored, en termes de taille les environnements sont de la même taille que ceux de Deus Ex HR, parfois plus petits, mais il y a tellement de chemins possibles que vous ne ferez pas deux fois la même partie. Il ne sera pas rare de trouver un appartement avec du ravitaillement, ou encore un coffre, explorez les niveaux, vous ne le regretterez pas ! Le level design des niveaux est très bien réalisé, une vrai homogénéité se dégage du titre. Revenons aux objectifs des niveaux, à chaque mission vous devrez assassiner une cible précise, enfin, si vous voulez ! Vous pouvez très bien neutraliser une cible sans la tuer... En effet, Dishonored laisse le choix aux joueurs de ne tuer personne ! Ce qui est assez louable je trouve. Puisqu'on parle de tuer, je pense qu'il est temps de parler du niveau de Chaos. La ville de Dunwall est ravagée par la peste, peste qui se propage par les rats. Plus vous tuerez de monde, plus les rats seront nombreux à répandre la maladie. Alors plus le niveau de Chaos augmentera. Cet aspect aura non seulement un impact sur la fin du jeu, mais également sur son déroulement. Plus le chaos sera important, plus les gardes seront nombreux, moins les civils vous aideront, plus les rats seront présents, et plus il y aura de geignards (je vous laisse la surprise de les découvrir...). Vous devrez donc assumer les conséquences de vos actes.

Vos principaux ennemis seront la garde urbaine, les Superviseurs, les tall-boys, ces fameux ennemis montés sur échasses équipés d'un arc tirant des flèches enflammées, ou encore les rats quand ils sont en groupe, ils n'hésiteront pas à vous attaquer, et vous avez vite fait de vous retrouver haché menu, prudence donc ! Il ne sera pas rare de tomber sur quelques gangs de rues également.

La garde urbaine déploie également quelques pièges pour ralentir la progression de Corvo, je pense notamment au portail foudroyant ou à des genres de pylônes qui vous envoient une énorme décharge si vous en approchez trop. Pour neutraliser ces pièges, il faudra soit désactiver leur système, ou plus simplement enlever leur source d'alimentation. Les ennemis réagissent plutôt bien et sont très vigilants, bon point pour un jeu d'infiltration. Ils n'hésiteront pas à vous attaquer à distance mais aussi au corps à corps. Concernant les assassinats, vous avez toujours plusieurs façons de vous approcher de votre cible et de vous débarrasser d'elle, et il y a toujours une façon non létale de la neutraliser, comme je le disais plus haut. On ressent un côté Assassin's Creed, mieux fait même sur certains points !


Revenons maintenant sur l'univers de Dishonored, et plus particulièrement sur son aspect artistique. Dishonored n'est pas ce qu'on peut appeler un beau jeu, au sens graphique du terme, oui pas mal de textures sont approximatives. Néanmoins artistiquement parlant, le jeu possède une réel identité. Pour peu que l'on aime le style, le jeu devient superbe, on oublie l'aspect graphique pour admirer l'architecture de la ville, les costumes, le design des personnages, comme des armes, des animaux (mention spéciale pour chiens). De plus, le jeu est réellement cohérent artistiquement parlant, aucun décor ne détonne, tout semble cohérent.

L'univers mélange donc le style néo-victorien et ce côté steampunk, mais aussi un côté fantastique avec l'Outsider. Qui est ce personnage ? Personne ne le sait vraiment, l'Outsider est une entité à l'apparence d'homme qui peut exceptionnellement déposer sa marque sur la main d'un individu afin de lui permettre de maîtriser ses pouvoirs.

L'Outsider est une entité connue de tous dans le monde de Dishonored, peu de personnes l'ont vu mais il n'est pas rare de tomber sur un autel consacré à lui à l'intérieur d'un appartement abandonné, les runes et les artefacts que vous trouverez sont des objets créés à son honneur. D'ailleurs, les personnes qui les possédaient devenaient souvent folles, et nombreuses sont celles qui cherchent à le contacter, néanmoins l'Outsider ne peut être invoqué, c'est lui qui choisit ses "élus", Corvo est donc l'un d'entre eux. Néanmoins l'Outsider peut entrer en contact, de manière indirecte, avec certaines personnes pendant leurs rêves, afin de les influencer, de leur montrer quel est leur rôle dans le monde. Les superviseurs, sorte de police religieuse, sont d'ailleurs en permanence à la recherche des lieux de cultes consacrés à l'Outsider et de toute personne lui vouant un culte. Les Superviseurs cherchent à détruire ce culte, néanmoins détruire le culte n'arrêtera en aucun cas l'Outsider. Personnellement, l'Outsider me fait un peu penser au Darkness, c'est une entité qui est comme située sur un autre plan, il est capable de voir le passé, l'avenir, et il prête ses pouvoirs à des élus qu'il choisit. A l'exception faite que contrairement au Darkness, l'Outsider ne semble ni bon, ni mauvais. L'univers de Dishonored est donc assez riche, et profond !

Dishonored n'est malheureusement pas parfait. En effet, il souffre de quelques défauts, mais qui sont dérisoires par rapport à ses qualités. Le premier défaut que j'ai mis en évidence précédemment correspond aux graphismes du jeu. Les textures ne sont pas très détaillées et assez baveuses parfois, dommage pour un jeu d'une telle qualité artistique. D'un autre côté, le jeu reste fluide et c'est le plus important pour un tel jeu. Le jeu est également assez court, on aurait aimé avoir plus d'assassinats, une aventure plus longue qui aurait développé d'avantage le côté fantastique de l'Outsider. A certains moments de l'aventure, le jeu se fait un peu plus linéaire, attention on est bien loin d'un couloir à la Call of Duty, mais à certains moment on a moins de choix, mais ces moments sont rares rassurez-vous ! C'est vraiment pour pinailler. Enfin je trouve dommage qu'une des missions les plus originales (Waltrius je pense que tu vas savoir de laquelle je parle) du jeu soit en fait assez courte. L'histoire est peut être un peu trop convenue, au vu de l'univers de Dishonored on aurait aimé un peu plus de risque, un peu plus de fantaisie, ce qui rejoint ce que je disais plus haut, j'aurai aimé que l'aspect fantastique de l'Outsider soit plus mis en avant, plus intégré à l'histoire.



Dishonored n'est pas un jeu parfait, mais il appartient à une catégorie rare de jeux. Il est fait du même matériau que Deus Ex, Bioshock ou Thief. Même s'il n'atteint pas le niveau mythique de ces ainés, il n'en demeure pas moins un excellent jeu. Doté d'un univers original, avec une patte artistique qui lui est propre, un gameplay très soigné, de nombreuses possibilités. Une suite verra-t-elle le jour ? Rien n'est moins sûr, Arkane Studio n'est pas sûr de vouloir donner une suite à Dishonored, et je trouve que ce n'est pas plus mal, certains jeux doivent rester uniques, des one hot, sans ça nous n'aurions que des séries, ce serait dommage. Il est rare d'avoir de tels jeux il faut donc en profiter.
DavidPWaylander
8
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le 11 janv. 2014

Critique lue 586 fois

DavidPWaylander

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