J'écris cette critique après avoir terminé deux fois le jeu : l'une en agissant selon mon instinct (et donc en massacrant de nombreuses personnes) et l'autre en m'attachant à ne tuer absolument personne (chose que j'ai raté puisqu'un mort m'a été compté dans l'avant dernier chapitre - sans que je sache pourquoi)
Dishonored, c'est ce jeu où vous incarnez Corvo Attano, un genre d'Assassin steampunk (ou whalepunk ?) qui va devoir laver son honneur en éliminant des cibles de haute importance pour faire avancer la trame narrative. On retrouve donc le postulat de départ du premier Assassin's Creed et la comparaison s'arrête ici.
Le gameplay est ici exemplaire : toutes les actions s'enchaînent avec une facilité, une fluidité et une souplesse toutes félines. Aux capacités de déplacements classiques s'ajoutent divers pouvoirs, dont le clignement (une téléportation à courte/moyenne distance) et le pli temporel (arrêt du temps) qui permettent de réaliser des prouesses acrobatiques et assassines. Il est également possible de prendre le contrôle d'un chien, d'un rat ou d'un poisson pour se faufiler dans les espaces les plus exigus. On se retrouve alors avec un ersatz de Bioshock où l'infiltration aurait presque dévoré l'action, n'en laissant qu'une carcasse fumante. Et ce n'est pas quelque chose de mal.
Le gameplay est le bijou, mais l'écrin est superbe lui-aussi : les différents niveaux et le level design proposent une architecture très inspirée permettant de multiplier les approches. Il y a toujours plusieurs méthodes pour parvenir à un objectif, ce qui permet non seulement de jouer selon son envie mais aussi de maximiser la rejouabilité et donc la durée de vie. L'ensemble des niveaux est de surcroît sublimé par une direction artistique magistrale évoquant une cité britannique dans une révolution industrielle alternative. Mention spéciale au chapitre se déroulant dans une soirée mondaine au sein d'un manoir et qui vient rompre l'ambiance terne et glauque par quelque chose de plus festif et coloré. Une respiration bienvenue au milieu de cette histoire sordide orbitant autour de la peste, de la misère, de la corruption et du meurtre.
Le scénario est quant à lui satisfaisant bien qu'un peu trop convenu et manichéen à mon goût. J'ai préféré la multitude de petites histoires racontées au sein des niveaux plutôt que la grande histoire faisant office de fil conducteur. Certaines de ces petites histoires se paient le luxe d'être drôles et viennent apporter du volume à la narration.
Le manichéisme m'a semblé fortement marqué dans la narration. Le joueur peut faire de nombreux choix ayant des répercussions dans le jeu, mais les résultats sont sans surprises : soyez gentil et miséricordieux et le monde s'améliorera, et soyez intransigeant et le monde s'effondrera. Merde, je suis quand même persuadé que tuer certains personnages n'aurait vraiment pas fait de mal ! Mais non, le jeu vous récompense si vous êtes gentil, j'imagine donc que c'est la morale que l'on a voulu nous faire passer. C'est relativement perturbant dans ce genre de jeu où l'univers est extrêmement violent et cruel. Dans Fallout, se comporter mal peut être bien plus payant que d'agir uniquement par amour pour son prochain !
La bande-son est bien entendu de qualité, bien qu'on puisse reprocher un manque de voix pour les doublages (c'est assez drôle d'entendre un personnage sur trois parler avec la voix française de Ron Pearlman) et une faible variété de thèmes musicaux. Mais soyez rassurés, ces petits soucis n'handicapent que très peu l'univers du jeu !
La critique est courte mais concise : le jeu est finalement simple mais fourmille de subtilités et de détails qui n'ont aucune vocation à figurer ici. Quoi qu'il en soit, je vous le recommande fortement ! Et si vous y avez déjà joué, pensez à regarder du côté de son ancêtre-brouillon, Dark Messiah of Might and Magic.
Et n'oubliez pas: soyez gentils !