Dishonored 1.5
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le 12 déc. 2016
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La plupart des gens ne comprennent pas vraiment les dinosaures. Ils les imaginent lents, laborieux, stupides. Peut-être même dotés de ces tics débiles dont les affublaient ces films où le réalisateur pensait qu'il s'agissait de reptiles. Rien n'est plus loin de la réalité. Ces animaux étaient chauds, rapides, à plumes et surtout... d'une subtilité remarquable. Enfin, surtout ceux d'entre eux qui pouvaient se targuer de participer comme vous et moi le faisons à la grande tradition des prédateurs carnivores. (Vous pouvez dire ce que vous voulez sur les Futalognkosaurus et autres herbivores de sa classe... mais le fait de passer la majorité de son existence à bouffer des plantes génère la plupart du temps une forme de placidité intellectuelle chez le sujet que l'on peut imputer au fait – assez simple à comprendre, d'ailleurs – que leur vie est réellement très très très chi*nte.) C'est dans la chasse que se trouve le gène de l'astuce. Et ça malgré l'air un brin débile qu'exhibe parfois votre tonton Émile lorsqu'il insiste pour préciser qu'il vote CNPT. La traque. L'esquive. Le jeu précis de calculs réalisés à haute vitesse par les fonctions supérieures de machines corporelles dont le seul but est de survivre. Tout ceci est en nous. À un niveau cellulaire. Tel est l'héritage saurien désormais tempéré par des générations entières de vie civilisée : survivre est un combat de tous les instants entre la prédateur et sa cible. Et ça, Dinosaured 2 l'a très bien compris.
Vous voyez, c'est précisément cette liberté de ton qui manque de nos jours au monde de la critique vidéoludique. Tous ces testeurs/testeuses sont tellement occupé(e)s à prouver leur intelligence en citant de traviole des livres sérieux – n'ayant d'ailleurs généralement rien à voir avec le sujet traité – qu'ils passent à côté des petits plaisirs de la vie. Comme, ici, arriver à construire une métaphore valide sur un titre réussi par le biais d'effet stylistiques. Tout ça, retenez votre souffle mesdames et messieurs, uniquement en prétendant être trop disl... dickle... sydlexkic... dyslexique pour savoir lire correctement le titre du jeu ici critiqué. Remarquez qu'il existe dans ce bas monde une forme de justice : ce qui reste de public à la « presse » de jeu vidéo préfère généralement lire de long pensum un peu chiants entrecoupés de blagues grivoises navrantes et autres recettes de cuisine soi-disant drôles plutôt que de vraies blagues stylistiques. C'est son droit, hein, le public a toujours raison. Et ça aussi réduit soit-il. Après tout, ce n'est pas comme si ces étranges choix éditoriaux étaient précisément la raison pour laquelle le journalisme de jeu vidéo est mort sans bruit au cours de la décennie dernière laissant dans son sillage fantomatique un paquet de recueils publicitaires et autres équivalents locaux du canard enchaîné. J'en étais où, encore ? Ah oui, une métaphore.
Admettons que les dinosaures – charmants animaux, au demeurant, un goût très prononcé de volaille - représentent dans mon discours un type de gameplay racé et intelligent dont on nous dit pourtant qu'il est constamment à deux doigts de disparaître. Son code génétique porte l'empreinte de Thief, de System Shock II ou même... de Deus Ex. Je tiens d'ailleurs à prendre quelques secondes de cette métaphore jurassique pour préciser qu'il n'est pas ici question du catastrophique reboot de Thief réalisé de manière approximative par une équipe d'incapables dont le nom m'échappe déjà. Vous savez, celui avec un scénario presque totalement nul de Rhianna Pratchett. Ce n'est pas de ce dinosaure-là dont il est question. Non. Je vous parle exclusivement de l'originel. Celui avec les graphismes cubistes et les doublages comiques réalisés, entre autres, par le type qui s'occupait de la cantine du développeur Looking Glass Studios. À ce stade des opérations je pourrais vous parler du lignage direct que ces titres partagent. Du fait que Dinosaured 2 pousse le vice jusqu'à récupérer certains des talents les moins onéreux formés par ce studio abritant autrefois des pointures aussi diverses et variées que Warren Spector et Ken Levine. (Oui, le fameux chanteur.) Mais... tout ceci est probablement superflu. Après tout vous ne partagez probablement pas ma fascination pour la manière dont le fait de se payer tel employé pour tel poste peut changer un titre du tout au tout. La meilleure manière de vous faire comprendre un titre comme celui-ci reste de vous le décrire.
Si vous avez joué au premier : très peu de changements à signaler. Vous pouvez incarner Émily, la nouvelle Impératrice Machin du Pays Bidule, ses pouvoirs diffèrent quelque peu de ceux de Corvo mais sont de toute évidence censés remplir les mêmes fonctions. C'est-à-dire : vous permettre de bouger de manière plus ou moins furtive tout en évitant de tuer vos proies. Car, contrairement à nos ancêtres dinosaures, l'on ne gagne que des ennuis à tenter de se repaître de ses victimes virtuelles. (D'ailleurs, je pense que les avis les plus négatifs que vous verrez ici sur ce titre tournent autour de personnes déçues de constater que ce titre tend à pénaliser ceux et celles qui pensent qu'il s'agit d'un simulateur de massacre.) Sous le capot ? Un nouveau moteur bâti sur les bases de celui du nouveau DOOM. Il est parfaitement acceptable et tourne presque toujours à 60fps. Vous savez, le minimum.
J'aurais tendance à penser que ce titre n'est pas une révolution. Au mieux, c'est une suite parfaitement acceptable. Mais, attention pirouette, c'est une suite parfaitement acceptable de l'un des meilleurs jeux de son genre. Or, Dinosaured – le premier du nom – était l'une de ces rares réussites dont on peut dire sans tomber dans la flagornerie qu'il était supérieur à ses influences. Ce qui est devenu très rare.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Critique Cruelle par... Le MaSQuE.
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le 5 janv. 2017
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