(A moi, aux anciens joueurs… à lire impérativement en écoutant les musiques !)
https://youtu.be/5LyjpuAGaF4?t=3
J’ai arrêté Dofus au collège. Ou probablement au lycée. Était-ce encore plus tard ? Peut-être même il y a peu… Et si tout était vrai ?
Ce qui est sûr, et là la question ne se pose même pas, c’est qu’avec ce jeu, j’en ai vécu des aventures !
- Un cra se fait braquer devant le zaap d’Astrub !
Au collège, pendant les récrés, presque tous mes amis passaient leur temps à parler de Dofus. J’en rigolais et me promettais bien de ne jamais toucher à ce jeu.
Quelques temps plus tard, un ami est venu chez moi et m’a aidé à l’installer et à faire mes premiers pas. J’ai lu attentivement les caractéristiques de chaque classe jouable. Le Féca avait ses boucliers… Le Sacrieur avait l’air fort… L’eniripsa pouvait soigner… J’ai fini par choisir de devenir un Cra. C’est ainsi que débuta mon aventure dans le monde des Douze.
Je revois encore mes premiers pas, parcourant d’un bout à l’autre les terres innocentes d’Incarnam. C’était à l’époque où ses chefs de guerres bouftous étaient sans cesse agressés, où son cimetière était encore visité, et où son donjon était toujours rempli…
Je découvrais le plaisir de lancer des quêtes et de recevoir mes premières récompenses. Je comprenais aussi l’ampleur de certains défis, en m’apercevant qu’il me faudrait bien des heures pour en venir à bout. Surtout, j’adorais la bonne ambiance collaborative de tous les instants ! Quel plaisir c’était d’entrer en combats avec mes amis, mais aussi avec des inconnus qui ne voulaient qu’une chose, la même que nous, exterminer des monstres, monter de niveau, et remplir sa bourse de Kamas ! C’était encore, à cette époque, une réelle satisfaction que d’achever le Donjon d’Incarnam, après d’intenses combats.
https://youtu.be/mfOj-AexCps (sortez les mouchoirs)
Je me souviens aussi très bien de la première fois que j’ai pris la montgolfière en direction d’Astrub. Prendre ce chemin était vraiment choisir d’avancer, on ne pouvait plus remonter sur Incarnam. Alors j’ai avancé. J’ai compris l’histoire de ma classe, toute l’étendue des cras… J’ai découvert les moindres recoins d’Astrub, j’ai savouré chaque note de sa musique, et je m’amusais, toujours plus.
Mais je me suis rendu compte que pour avancer plus, il faudrait payer, m’abonner, et ce n’était pas encore possible. Alors je me suis rabattu sur les craqueboules, seules vraies source d’XP pour les noobs comme moi. Et quand ça ne me suffisait pas, je faisais un tour dans la tanière de l’Homme Ours, ou dans la map cachée des chafers, puis retentais ma chance dans le donjon des Champs. Je gagnais quelques points de caractéristiques, que j’attribuais un peu bêtement, mais qu’importe, je sentais que mon personnage devenait de plus en plus fort, et ça, ça n’avait pas de prix.
Un jour, IRL, j’ai obtenu mon premier téléphone, et je commençais alors à faire comme mes amis… « Ce service proposé par Allopass pour le compte de la société Ankama Games vous sera facturé… » Vous connaissez la chanson, n’est-ce pas ? Je me suis abonné un mois à Dofus, et c’est là, encore une fois, mais aussi pour la première fois, que mon aventure commençait réellement.
Le monde s’ouvrait littéralement à moi. Je découvrais Tainéla et ses hordes de bouftous, les calanques et leurs bancs de pichons, et toutes les contrées d’Amakna. Je lançais des combats aux scarafeuilles avec mes amis, et à peine le combat fini, on se retrouvait dehors et on ne faisait que parler de nos victoires et des améliorations de nos personnages, on prévoyait des donjons, on réfléchissait à nos prochaines panoplies. Le sentiment d’avoir sa première pano bouf complète est inoubliable ! Avoir un point d’action en plus était tellement satisfaisant…
Un jour, pendant une session drop prespic, j’ai rencontré un écaflip qui, en combat, m’a donné beaucoup de points d’action et de puissance. Je tapais alors du 2x100 en un tour et me sentais d’une robustesse inouïe.
Mais la vie est dure dans ce monde cruel. Mon compte s’est fait hacker. Mon cra se retrouvait entièrement démuni, sans le moindre sou et avec comme seul et unique item une coiffe piou. C’était donc la fin pour lui.
Ainsi, je pris la décision d’arrêter Dofus.
- Disparition soudaine d’un sadida à la sortie nord d’Astrub !
Mais je ne pouvais pas m’interrompre si vite. Peut-être que je pourrais trouver une classe encore plus forte ?! Je repris donc clavier et souris en main sous les traits d’un Sadida, et c’est avec lui que mon aventure fut le plus intense.
J’ai passé des heures à faucher des céréales, à faire de la farine, à pétrir mon pain, pour le revendre sur le marché.
J’ai choisi mon alignement : Bontarien. Je montrais parfois mes jolies ailes blanches, je profitais de la douce musique de la cité de Bonta, je me faisais agresser de temps en temps… Un jour j’ai moi-même agressé un petit joueur neutre, je ne connaissais pas les conséquences, et j’en ai payé le prix… Et surtout, je m’amusais parfois à infiltrer Brakmar, à libérer mes confrères prisonniers…
J’ai passé des heures à essayer d’avoir le gelano… Chaque fin de combats dans la péninsule des gelées faisait remonter la tension de tous les joueurs présents, chacun regardant son loot, en espérant un fantastique drop, qui n’arrivait jamais.
Je me suis lancé dans un tour du monde et ai enchainé des donjons divers et variés. J’ai cueilli le donjon des champs, plumé le donjon tofu, désossé le donjon squelettes, décortiqué le donjon scarafeuilles, noyé les donjons d’Otomaï, épongé le donjon ensablé, abattu le Chêne Mou, écrasé la Shin Larve, surmonté le Craqueleur Légendaire, tondu le Bouftou Royal… Et j’ai tellement xp grâce aux Blops Royaux. Il y avait encore, en ce temps-là, beaucoup d’entraide et de fun à faire des donjons. Devant n’importe lequel (pour les principaux en tous cas), à n’importe quelle heure, il était possible de trouver un groupe pour se lancer à l’assaut des différentes salles jusqu’à faire face au boss, et espérer en venir à bout.
Je suis venu à bout de tout un tas de quêtes, des plus simples aux plus ardues. Je l’ai fait seul, en équipe, et surtout en guilde. Aaaah, ma bonne vieille guilde ! J’avais mes amis IRL dedans, et c’était la bonne ambiance assurée. Le meneur avait la quarantaine, toujours prêt à aider. On avait notre propre forum, avec nos avatars personnalisés… On a bien enchainé les donjons, les quêtes, les poses et récupérations de percepteurs… Parfois, on restait juste des heures sans bouger sur une map, à lancer différentes émotes, à parler les bras croisés ou assis en tailleur…
J’ai aussi pu commencer à me parchotter, ce n’était pas facile… et j’ai un peu avancé dans l’objectif ultime : posséder les Dofus.
J’ai tenté plusieurs fois de gagner le pactole à la foire du Trool. Sans gagner le moindre Kamas en retour.
J’ai passé des vacances géniales sur l’île de Nowel, j’ai amassé des tas de cadeaux et les ai ouverts avec joie, j’ai arpenté avec émerveillement ce bout de map enneigé.
J’ai fait encore bien d’autres choses, à dos de Dragodinde. En tant que Sadida, j’ai bien vécu. Mais toutes les belles histoires ont une fin. Après tant de fun, de quêtes, d’XP, de drop, etc… du jour au lendemain, je n’ai pas voulu continuer. Je voulais du changement. Alors j’ai prévenu un ami, je lui ai donné rendez-vous à Astrub, je lui ai dit de garder ma bourse pour la rendre à ma… réincarnation, mais que tout le reste était pour lui. Je lui ai donné mes identifiants, ai regardé dans les yeux mon personnages avec qui j’avais tant vécu…
Et, me déconnectant, lui fit mes adieux.
- La cruelle mise à mort d’un sram devant le donjon Blop.
J’ai donc pu repartir d’Incarnam avec mon nouveau personnage, un sram, qui dès le début possédait déjà une petite bourse de kamas. Je suis vite devenu assez fort avec mes dagues, j’aimais beaucoup le fait de remonter mes sorts, mes caractéristiques, j’étais encore à fond dedans.
Parfois, je m’imaginais jouait à ce jeu, sans fin, je ne savais pas comment il serait possible que j’arrête à un moment donné.
Et puis un jour, la version 2.0 du jeu, tant attendue, est sortie. Et j’ai instantanément été dégouté. Les visuels des personnages étaient entièrement repensés, il était difficile de reconnaitre en combat les différentes classes. Les maps avait un étrange air de remplissage vide. Et surtout, les musiques avaient été remplacées. L’ambiance était tout simplement, et irréversiblement, changée.
Pour moi, ce n’était plus le même jeu. Dofus était mort.
Ainsi, je pris la décision d’arrêter Dofus.
- Etonnant ! Un enutrof rend l’âme avant d’avoir son premier cheveu blanc.
https://youtu.be/nXaPIzZjJ2I
Des années s'écoulèrent, le jeu d’Ankama était pour moi un bon souvenir, une bonne dose de nostalgie, mais bel et bien du passé. Mais un jour, lors d’un cours d’économie, juste avant d’aller en sport, j’étais assis à côté d’un ami qui jouait encore au jeu. Celui-ci, en quelques minutes, a réalisé l’impensable : me convaincre de reprendre le jeu. Le soir même, j’avais déjà mon enutrof niveau 28.
Encore une fois, ça m’a plu d’apprendre de nouveaux sorts, de les améliorer, de devenir vraiment fort, de ridiculiser des gens censés être plus forts que moi, de refaire des donjons, etc…
Une des nouveautés était en plus très intéressante : le Kolizéum. En un combat, je gagnais plus de point d’expérience qu’en plusieurs jours à l’époque. Il y avait bien plus de facilités à monter de niveau, à gagner de l’argent, mais c’était … trop facile, trop différent. Les challenges étaient ailleurs. Les entrées de donjons étaient toujours désertes, de même qu’une bonne partie de la map.
Le jeu était sympa, mais ne m’apportais plus grand-chose.
Ainsi, je pris la décision d’arrêter Dofus.
- Un cra se suicide après avoir légué tous ses biens dans la banque d’Astrub !
Bien des années plus tard, il y a en fait seulement quelques mois au moment où j’écris ce texte, j’étais sur le store de mon téléphone en train de rechercher des petits jeux mobiles à télécharger. Vous savez, c’est toujours bien d’avoir des petits jeux sur son téléphone pour passer le temps à certains moments de la journée… Je vis « Dofus Touch » et me dit qu’un petit jeu dans l’univers créé par Ankama ne pourrait qu’être cool. Misère de misère, si j’avais su… ! Ce n’était pas un petit jeu, c’était LE JEU ! Le même que sur PC transposé sur téléphone ! Alors, ni une ni deux, j’ai testé le jeu, je me suis refait un bon petit cra à l’ancienne, et à partir de ce moment, j’y ai joué tous les jours.
Il y avait des bas level, partout ! Incarnam était bondé, les alentours d’Astrub aussi ! Quelle joie de refaire en groupe des petits donjons des champs et bouftous ! Et je suis peut-être tombé au bon endroit au bon moment, mais l’entraide était folle ! Des inconnus à peine croisés me donnait des petits équipements dont ils n’avaient plus besoin, sans rien attendre en retour !
Je commençais à croire que je pourrais revivre la même aventure que celle achevée des années plus tôt.
Très vite, je suis devenu plus fort et plus riche que jamais. J’ai même eu mon rituel, tous les jours, pour avancer tranquillement, je faisais les mêmes choses : La quête de l’Almanax, la quête de Kerubim, et les Dopeuls. J’étais parcho 101 presque partout, ce qui ne m’étais jamais arrivé ! J’avais des projets pour mes futures panoplies…
Je progressais petit à petit quotidiennement.
Un jour, je ne me suis pas connecté. Après cela, je ne me suis plus connecté.
En fait, j’avais réalisé que ce que je recherchais n’existait plus.
En réalité, Dofus, au-delà de tous les points forts de ses anciennes versions, était plus qu’un jeu. C’était une époque.
C’était le collège, c’était les premières vraies sorties, c’était les cabanes dans le terrain vague, c’était les après-midis à ne rien faire chez les potes, c’était les temps perdus posés au skate park, c’était les nuits caché sans lumière dans ma chambre sur l’ordinateur, c’était l’insouciance. Et tout ceci, cette époque, appartient au passé.
Parfois, on rêve, on veut, on essaie de retrouver ce que le présent ne peut nous donner, ce que le futur ne peut nous promettre, mais c’est impossible. Ce qui s’est passé il y a des années appartient à Hier, et bien qu’on recherche souvent à croiser son regard, Hier ne se tournera jamais vers nous.
Ainsi, je pris la décision d’arrêter Dofus.
Vous pensez peut-être que j’allais vous dire que j’avais encore recommencé un personnage.
Ou peut-être croyez-vous que je vais céder un jour prochain.
Je ne pense pas.
Cette fois ci c’est la fin, pour de bon.
Mais l’est-ce vraiment ?
Car je pense qu’il suffit d’un seul clic, et … https://youtu.be/9LWKW9k1q1A?t=62
… et toute la magie revient.