Don't Starve c'est du plaisir addictif brut, il est l'alchimie parfaite entre une direction artistique maîtrisée, riche et cohérente et des mécaniques de jeu simple à prendre en main mais fournissant une profondeur à découvrir au fur et à mesure des nombreuses parties. Car oui il va y avoir un nombre conséquent de parties, c'est le genre "Survivor" qui veut cela, et il n'a jamais si bien porté son nom que dans cette oeuvre exigeante qui n'accorde aucun pardon sur une erreur de gestion ou de manipulation du naïf joueur.
Et pourtant, et c'est là toute la force du titre, l'ennui n'est pas de ce monde, chaque nouvelle tentative va aboutir sur la mort, mais cet échec va vous enseigner un aspect du jeu, et pour survivre on apprend rapidement de ses erreurs précédentes. L'univers est assez immersif, le joueur incarne un personnage (par défaut un dénommé Wilson, un subtil mélange entre Edward au main d'argent et Jack de l'étrange Noel, d'autres personnages sont à débloquer par la suite selon le nombre de jour de survie des parties) qui débarque dans un monde totalement inconnu, à son apparition un mince homme lui dit juste qu'il devrait trouver de quoi se nourrir avant la tombée de la nuit. Voilà, la partie débute. Première impression c'est jolie, le style est Burtonnien est implémenté sous forme de textures crayonnées rendant le tout plutôt mignon, mais attention, cet aspect ne doit nullement faire oublier le cœur du jeu : "Survivre" et là c'est déstabilisant car sous ses allures de dessins d'enfant, le jeu fait peur et met sous pression, mais une pression stimulante qui pousse à avancer et aller toujours plus loin que ce soit dans l'exploration que dans la découverte de nouvelle recette de crafting, en effet, vous l'aurez compris ou déjà lu par ailleurs mais une bonne partie du gameplay s'articule autour du principe de crafting que l'on a pu voir ces derniers temps moult fois décliné. Il faut donc récolter de nombreuses ressources qui vont permettre de débloquer des infrastructures qui ouvrent de leur coté un nouveau niveau de construction et ainsi de suite. Rien de bien original à la base, mais ces mécaniques ont un vrai impact sur le jeu, d'abord il est simplement impossible de survivre sans utiliser l'artisanat, car le monde est peuplé de multiples dangers, certains prévisibles, d'autres complètement surprenants, et lorsque la mort s'en suit, on grince un peu des dents et on se dit qu'on ne se fera pas reprendre une seconde fois!
Il y aurait des milliers de choses à dires pour être plus précis et pour faire honneur à l'art du métier que l'on ressent dans tout le contenu disponible et dans la générosité de ce petit bijou. Sachez qu'une fois goutté à ce plaisir brut une phase telle que (ce n'est pas totalement un spoil et en plus ce n'est pas entièrement vrai ;) :
Pour faire le chapeau de mine, il suffit d'avoir quelques lucioles que tu peux attraper à l'aide du filet à papillon que tu peux constituer avec ces toiles d’araignées.
aura du sens pour vous et c'est cela qui est extraordinaire, la cohérence de l'univers contribue grandement à l'immersion total du joueur et laisse s'exprimer une part d'imagination de celui ci de la même manière que le point de vue adopté, à savoir une vue du dessus de l'ensemble du monde, laisse tout un pan du monde, le ciel donc, totalement invisible. Imaginez un instant un jeu à monde ouvert, dans lequel vous ne voyez jamais le ciel, oui cela contribue beaucoup à la sensation d'oppression et de densité du monde.
Là ou l'équilibre du jeu est diabolique c'est qu'il valorise la prise de risque et la rendant même obligatoire par certains aspects. Il est impossible de survivre longtemps en se reposant sur ces lauriers une fois une petite base construite, il faut nécessairement allez explorer de nouvelles contrées inconnues, remettre en cause ses acquis pour pouvoir survivre et découvrir encore de nouvelles possibilités insoupçonnées jusque là. C'est un vrai défi que propose Don't Starve et ce défi est valorisant car c'est une réelle satisfaction de découvrir une nouvelle bestiole ou un curieux équipement dont on ne comprend pas directement l’intérêt. Don't starve lance le joueur dans un cercle vicieux du toujours plus loin, toujours plus haut et pour peu que l'on soit sensible à ses mécaniques, on a vite fait de tomber dans ce piège sans fond qui engloutira au mieux certains de vos soirées (nuits?) au pire votre vis sociable ;)!
Comme vous l'aurez compris, c'est pour moi un coup de cœur que ce petit bijou indépendant qui pourra laisser certain sur le coté, mais qui se laissera d'autant plus apprécier dans la longueur (et oui l'extension Reign of Giant renouvelle encore plus l'esprit du jeu).