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Mon nom est Wilson. Et faute de pouvoir vous conter mon histoire, je vous laisse mon mémoire ou du moins ce qui s’en rapprocherait le plus.
Je suis un inventeur, un scientifique. Enfin… C’est ce que je croyais. Jusqu’au soir, où je fus dupé par une voix m’appelant « ami » et me promettant connaissances et secrets. Cette promesse de révélations et d’aventures inédites piqua ma curiosité et sans poser plus de questions je suivis les instructions de la voix. Mais au lieu de découvrir ce qu’elle me promit, je me retrouvais dans un monde bien étrange qui me demande de surpasser mes limites et mon génie.
Toi, jeune voyageur, lisant mon histoire, voici les conseils d’un Robinson qui connut de bien terribles tourments. Voici quelques lignes qui pourront te permettre de survivre sur cette terre hostile que j’appelle déjà Mon monde.
Tu te lèveras de bonne heure chercher brindilles, baies, silex et bien d’autres choses
Alors que mes yeux étaient encore clos, la même voix retentit « Dis donc l'ami, tu n'as pas l'air très bien. Tu devrais trouver quelque chose à manger avant que la nuit ne tombe ! » C’est pourquoi, dès le réveil tu devras, comme je l’ai fait, t’enquérir de fouiller dans les buissons à la recherche de baies, déraciner les carottes, ramasser les graines portées par les oiseaux afin de combler ton estomac qui criera bien trop vite famine. Mais n’oublie pas de ramasser silex et branchages afin de te confectionner le plus rapidement possible celle qui deviendra certainement ta meilleure amie : ta hache.
En effet, tu deviendras alors bucheron, coupant sapins et arbres en tout genre afin de récolter du bois qui te servira plus tôt que tu ne le crois. Mais ne te détourne pas pour autant des plantes plus petites comme les fleurs. Car prématurément, face à l’hostilité de ton nouveau monde et à ton expédition qui risque de t’entrainer de Charybde en Scylla, tu verras ton humeur baisser jusqu’à devenir las de la vie et certainement aussi fou que le créateur qui a eu l’insanité d’imaginer de tels lieux. Les méandres de ton esprit risquent de te perdre à la longue et de te pousser à commettre l’irréparable comme foutre le feu à cette putain de forêt qui se referme sur toi.
Ces petites fleurs te seront un soutien de poids. Tu pourras t’en confectionner dès les premiers temps une couronne, tel un amoureux de la nature et de la paix qui gardera ta raison plus ou moins à l’abri des attaques de la pression environnante.
C’est alors que tu apercevras le crépuscule arriver bien trop tôt tandis que tu gambades dans la campagne à la recherche de nouvelles richesses dans ces prairies emplies d’arbres et de buissons.
Tu te mettras à louer le soleil comme le font les sauvages
Alors que mon premier soir approchait, j’ai cru que la nuit ne serait qu’un moment parmi tant d’autres où je pourrais me reposer et n’aurais qu’à manger les baies, graines et carottes amassées dans la journée. C’est alors que je compris… Ce que je croyais être la nuit n’était autre que le coucher de soleil qui faisait rentrer les quelques lapins aperçus dans leurs terriers et les oiseaux s’envoler en toute hâte.
Finalement, pire que ce qu’il me semblait être la nuit, et qui n’était en réalité qu’un sombre crépuscule, j’allais connaître la Nuit Noire. La peur au ventre mais pourtant avec une facilité déconcertante, je fis mon premier feu qui aurait fait pâlir de jalousie mes ancêtres à qui, il fallut plusieurs siècles pour réussir à faire naître l’étincelle. Le halo de ce feu de fortune qui m’entourait et rétrécissait à chaque seconde ne parvint pas à calmer l’angoisse de ne pas pouvoir voir, ou ne serait-ce qu’apercevoir ce qui se tramait à quelques pas dans ces profonds ténèbres.
Mais plus heureux dans cette pâle lumière que dans le noir, je me mis près du feu et cuisinai mes baies et mes carottes. Je compris vite que prendre le temps de cuire mes aliments avant de les consommer optimisait ma régénération et permettait une meilleure conservation dans les jours à venir de cette précieuse nourriture.
Tu feras de même. Cependant prends garde de penser à te rationner, afin de garder quelques vivres de côté. Le souci de ne pas gaspiller le fruit de ces cueillettes de passages de ta première journée devrait être ta priorité. Car nul ne sait si la forêt continuera à t’être clémente. Prends garde aussi de ne pas trop user de bois inutilement dans ce doux foyer que tu as fait. Car les temps ne sont pas à l’abondance mais à l’économie.
Alors que j’attendais patiemment les premiers rayons de soleil, ma hache en main, je me souvins d’un rocher qui semblait regorger de silex, pierres et peut être même d’or me permettant de fabriquer de nouveaux outils. Comme pour cette nouvelle compagne fabriquée ce matin, j’eu l’idée d’utiliser brindilles et caillasses pour me confectionner une pioche qui ferait de moi un mineur aguerri, comme tu devras le devenir.
L’aube que tu appelleras aussi « douce délivrance »
Une seconde journée débuta et je fus encore plus pressé que la vieille. Tu courras à travers le bois ramassant tout sur ton passage, pillant sans vergogne ce que la nature aura à t’offrir. Alors qu’un papillon se posa non loin d’une fleur, j’eus l’idée malsaine de lui donner un coup de hache, lui coupant les ailes. Un papillon ? Mais ce ne sont que des vitamines !
Sans aucune hésitation je ne fis qu’une bouchée de l’insecte. Mais ce qu’il me fallait c’était des protéines, de la viande. J’ai essayé d’attraper un lapin en lui filant le train, hache ou pioche à la main. Mais rien n’y fit. Ces petits bêtes étaient bien trop rapides pour moi et même si tu les courses sur des milles et des milles, tu ne réussiras pas à les embrocher : ils sont bien plus rapides que toi.
Un éclair de génie me submergea. Un piège ! Voilà la solution. Moi qui étais cueilleur, me voici devenu chasseur. Avec quelques herbes grasses tressées couplées avec une brindille robuste je réussis à fabriquer mon premier piège à lapin : petit mais redoutable.
J’ai vite regretté d’avoir cuit mes carottes que j’aurais utilisées comme appât. Mais la chance me sourit enfin, puisque non loin de là, d’autres jonchaient le sol. L’animal se précipita dans mon traquenard, alléché par la vue de cette carotte posée sur l’herbe tel un présent des dieux. Sans aucune pitié, j’exécute cette faible créature et récupère sa viande qui me fera certainement mon repas de ce soir.
La journée, que je croyais plus longue, file à vue d’œil alors que je traverse la prairie. J’avais imaginé me construire une cabane qui serait garnie de nourriture et de mets succulents, un véritable festin, repu accoudé à ma fière hache et me vantant les mérites d’avoir dompté la nature. Mais ce rêve que j’avais nourri la veille n’était qu’une illusion chassée par le bruit terrifiant de l’orage grondant, tout comme mon estomac.
Pris au dépourvu, j’installe un piteux bivouaque entre deux arbres. Craignant que la pluie ne finisse par avoir raison de mon feu et me plongerait dans les ténèbres de la nuit qui venait de démarrer, j’utilise certainement trop de bois. Mais il est plus facile de couper d’autres arbres dans les jours à venir plutôt que de tenter de rallumer un feu dans la nuit sous cette saloperie de pluie.
Tu t’assiéras toi aussi sur ton orgueil et un sol mouillé, après une journée de labeur où tu auras trop peu construit n’ayant qu’amassé biens et matières premières qui te serviront dans l’avenir, du moins c’est ce que tu espères. Mais pour le moment le goût amer de la défaite et du labeur est ton gain. Tu tenteras de faire passer cette amertume en cuisinant cette viande de lièvre certainement trop jeune qui ne pourra calmer ta faim que pour un temps.
Tu es un homme de science alors il te faudra user de génie
Un nouveau matin se présenta et encore il faut migrer et piller toutes les richesses qui se présente comme tout bon nomade. La nécessité te poussera comme elle m’a poussé à aller de l’avant. Et si par hasard tu tombes sur un petit sentier, tu pourras galoper à pleine vitesse gagner un temps précieux afin de traverser nouveaux paysages qu’il n’est pas forcément utile d’explorer.
Il faut que rapidement tu trouves une terre aride où rien ne pousse. Prévois quelques provisions dans ta besace et recherche un sol où seuls pierres et rochers sont installés. Tu devrais facilement y trouver quelques pépites d’or en brisant ces roches. Tu penserais surement que ceci ne te servirait à rien et qu’il vaut mieux garder la place à d’autres lapins ou baies dans tes poches plutôt que de t’encombrer de ce métal. Mais garde-toi de laisser derrière toi cette richesse.
Non pas que cette pépite d’or soit semblable à l’argent tel que les civilisations l’entendent aujourd’hui mais plutôt pour construire quelque chose d’indispensable et de vital : La « Science Machine »
Ne la construits pas si tôt, malheureux ! Il nous faut d’abord nous installer et construire un campement digne de ce nom comme nos aïeux devenant sédentaires. Tu traverseras ce désert mais reste sur tes gardes, et surtout si tu aperçois un bel œuf, qui ne demande qu’à finir en omelette pour ton diner, laisse le en paix. Car la créature qui le garde n’est en vérité qu’un grand œil muni d’un bec et monté sur des jambes plus grandes que certains arbres : le TallBird !
Je te conjure de ne pas t’en approcher pour le moment. Monstre sans cœur, il n’aura de cesse de te poursuivre afin de déchiqueter chaque partie de ton être pour protéger sa progéniture. Un autre jour où le courage sera mien, je chercherai peut-être à abattre ce redoutable adversaire pour voler son appétissant œuf. Mais pour l’heure, tel un des premiers hommes, il me faut trouver l’endroit que je pourrais appeler ma Terre, afin de m’installer durablement et avant que la nuit ne me prenne de vitesse.
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