Rétrospective DK après Rare : 0/8
Nous sommes en 1994, toute la sphère vidéoludique est obsédée par Mario. Toute ? Non ! Une petite tribu d'irréductibles primates essaye tant bien que mal de se faire reconnaître du grand public. Ces primates, ce sont Donkey Kong et son fils, Donkey Kong Junior, de vieilles gloires de l'arcade tombées dans l'oubli à l'arrivée de la NES au profit de leur rival d'alors, Mario.
Shigeru Miyamoto décide de redonner un dernier coup de fouet à la carrière de ses deux créations, peu de temps avant que les Britanniques de Rare n'opèrent le reboot de la licence. Le résultat, c'est ce Donkey Kong sur Game Boy, généralement surnommé Donkey Kong 94.
Le jeu commence assez simplement, avec un remake des 4 premiers niveaux du jeu d'arcade de 1981. L'histoire est connue : Donkey enlève Pauline, la petite amie d'alors du plombier moustachu. Celui-ci poursuit alors le gorille dans un chantier de construction et parvient, au sommet de la tour, à assommer la bête et secourir sa belle.
Sauf que cette version Game Boy crée la surprise en réanimant prématurément DK ! Fou de rage, celui-ci interrompt les retrouvailles entre les tourtereaux, s'empare à nouveau de Pauline et fuit à l'autre bout du monde. Son fils Donkey Kong Jr le rejoindra et l'aidera à couvrir sa fuite.
Mario, visiblement très énervé (on l'est tous un peu quand on se fait blueballed), décide de traquer le gorille, et tant pis s'il s'agit d'une espèce en voie de disparition !
On poursuivra donc les Kong dans 9 nouveaux mondes remplis de chausse-trappes, et qui troquent le level-design très arcade des premiers niveaux pour quelque chose qui lorgne plus du côté du puzzle-platformer (bien que certains niveaux servent également de remake au jeu Donkey Kong Jr). En pratique, il ne suffit pas d'atteindre la porte du niveau pour passer au suivant, il faut aussi trouver la clé qui ouvre cette porte. Et surtout, il faut découvrir comment la faire parvenir jusque-là, à l'aide de tapis roulants, de trampolines ou même d'ennemis !
Si les niveaux restent assez courts et peuvent tous être battus en moins d'une minute avec un peu de pratique, certains peuvent demander plus de réflexion à cause de la disposition de leurs plate-formes (Mario meurt s'il tombe de trop haut) ou d'une mécanique inédite. Ainsi, au court de la centaine de stages que comportent le jeu, le plaisir est très régulièrement renouvelé. On pourra tout de même pester contre une difficulté aux abonnés absents, en-dehors du huitième monde (étrangement, le neuvième revient à un gameplay plus arcade et abandonne les énigmes) qui semble enfin exploiter pleinement son concept. Et à ce moment-là de l'aventure, vous devriez crouler sous les vies, donc le Game Over se sera qu'un concept abstrait.
Dommage aussi que les bossfights (entre deux et quatre dans chaque monde) soient répétitifs et peu inspirés : soit on doit parvenir jusqu'à Pauline en évitant des obstacles, soit on doit lancer des tonneaux sur DK. Rien de plus, rien de moins, seul l'ultime boss renouvelle enfin son concept.
Mais s'il y a un détail que j'ai beaucoup apprécié dans ce jeu, ce sont bien les cinématiques entre les niveaux. Le premier Donkey Kong a la réputation d'être le premier jeu à avoir incorporé des cinématiques, ce remake concrétise le concept en proposant une petite cinématique humoristique après chaque bossfight. On y voit Donkey tenter de mettre des bâtons dans les roues de Mario, jusqu'à ce que celui-ci utilise une nouvelle attaque ou une nouvelle mécanique pour renverser la situation en sa faveur. Non seulement c'est distrayant, mais en plus ça sert de tutoriel pour l'arsenal de coups du plombier qui est tout simplement colossal.
C'est bien simple, on retrouve de nombreux mouvements qui seront revus quelques années plus tard dans Mario 64, comme le triple saut ou le saut arrière, ainsi que des mouvements encore inédits à ce jour comme le fait de pouvoir marcher sur les mains. On a tout simplement entre nos mains le plombier le plus agile d'un jeu 2D, même les New Super Mario Bros modernes n'ont pas une telle galerie d'attaques.
Alors oui, le jeu est assez simple et il n'a pas forcément des bossfights très marquants. Mais le plaisir de jeu est là, les niveaux sont bien pensés et se renouvellent constamment, la plupart ont d'ailleurs plusieurs solutions à leurs énigmes, ce qui est toujours agréable. Et puis on est sûrement face au remake le plus généreux de l'Histoire : passer de 4 niveaux à 101, quel autre jeu peut prétendre à un tel boost dans son contenu ?
Dommage qu'il faudra attendre 10 ans pour revoir ce concept...