Généralement, le saut technologique en matière de jeu vidéo accompagne l'arrivée des nouveaux hardware, mais i faut reconnaître à la Super Nintendo la capacité d'avoir innové vers la fin de son existence, avec des jeux dont Donkey Kong Country fait partie.
Car c'est finalement le premier aspect par lequel on a entendu parlé de ce titre au milieu des années 1990. Est-ce que vous vous souvenez du terme "Silicon Graphics" ? Et bien il s'agissait des fameuses machines, également utilisées pour les effets spéciaux du cinéma, qui avaient permis le petit exploit technique et graphique de cette nouvelle saga made in Nintendo.
Car si l'on devait résumer le succès de DKC par trois mots, je pense que les trois termes seraient "graphismes", "OST" et "ambiance".
Graphismes, tout d'abord, car comme indiqué plus haut, DKC nous a donné à l'époque une sacré claque du point de vue de la représentation visuelle. Les décors, quoiqu'un peu saturés et parfois suintant dans leurs couleurs, sont saisissants et les développeurs ont fait le choix de créer des sprites 3D pas mal foutus de la famille Kong et des ennemis assez habilement intégrés dans les décors, même si certains pourront pester à l'encontre de l'impression occasionnelle que les ennemis flottent au-dessus du décors. A noter, l'aspect particulièrement réussi de certains effets, comme les salles de cristal ou certains niveaux sous l'eau, qui sont quand même particulièrement bien réalisés si l'on considère qu'on en est à l'époque 16-Bits.
Outre l'aspect visuel, DKC va également réussir à marquer les esprits grâce à une OST qui détonne et qui va s'installer dans l'inconscient des joueurs jusqu'à notre époque contemporaine. Car certains thème de ce premier opus, et notamment le titre Jungle Beat, vont marquer la saga et inspirer les OST de tous les épisodes suivants, jusqu'au récent Tropical Freeze. C'est groove, c'est jungle, c'est punchy, bref, c'est du tout bon pour des musiques qui vont grandement participer à l'ambiance générale du titre.
Et l'ambiance, c'est notre troisième atout ! Car dans DKC, plusieurs éléments convergent pour conférer au titre une identité forte et marquée, qui va grandement contribuer, selon moi, au rayonnement dont va bénéficier ce premier épisode, en vue de lancer une nouvelle saga. Il y a tout d'abord la famille Kong : entre le lourdeau mais gentil Donkey, le tumultueux Diddy, le classieux Funky et l'ancêtre Kranky, on est certes un peu dans le stéréotype, mais ça fonctionne bien. On est que dans un jeu de plate-formes, mais les personnages sont attachants et disposent de petites mimiques plutôt réussies (je garde un souvenir éternel de la "danse de la victoire" de Donkey et Diddy). Bref, en quelques mots, la famille Kong va un peu devenir l'équivalent de la famille de Arnold et Willy : un peu fou et pas forcément crédible, mais dont on aimerait bien faire partie de temps à autre.
Faisant écho à cet aspect, le design général du titre dispose également d'une forte personnalité, renforcée par l'OST dont on a parlé un peu plus tôt. Tantôt florissante et gorgée de couleur, avec les tableaux dédiés à la jungle, tantôt plus inquiétante et mystérieuse, notamment lors de certains passages sous-marins. Encore une fois, on est que dans un jeu de plate-forme, mais il marque et nous laisse des souvenirs profonds dans notre petit cerveau.
C'est la grande force de DKC : d'être finalement bien plus qu'un simple jeu de plate-forme, et d'être parvenu à créer quelque chose de différent, notamment en termes d'ambiance, de la saga Mario, également très présente à cette époque sur la même console. La force, mais également une des rares faiblesses de ce titre, car en tant que jeu de plate-forme, le titre est bon, notamment au niveau du level design qui est globalement bien travaillé, mais manque encore un peu de finission au niveau de la jouabilité. Cet aspect a depuis été bien travaillé, mais à l'époque du premier épisode, certains passages me mettaient un peu mal à l'aise de ce point de vue, avec quelques rares déplacements et sauts difficiles à calibrer parfaitement. Il y avait aussi la réaction de nos personnages lorsqu'on touchait un adversaire qui était parfois déstabilisante : on ne reculait pas vraiment, le personnages freezait, puis retombait un peu comme ça ... Rien de bien méchant mais un point qui restait encore à parfaire.
Mais ces quelques petits défauts ne sauraient assombrir le tableau de cette nouvelle franchise qui deviendra (comme toutes les franchises Nintendo) une véritable saga à succès. Fort du succès historique de Mario, la Super Nintendo parvient avec Donkey Kong Country à accueillir une nouvelle série de jeux de plate-formes, à nous démontrer qu'elle n'est pas encore au bout des surprises qu'elle nous réserve, et qu'il y a encore du challenge pour les joueurs que nous étions, grâce notamment à ce fameux compteur de complétion (en fonction des stages terminés, mais surtout des fameuses lettres K-O-N-G qu'il fallait récupérer dans chaque tableau) dont chacun d'entre nous a tenté d'atteindre le chiffre légendaire de 103% ...
Légendaire, je vous dis !