Rétrospective DK après Rare : 2/8
A la suite du rachat de Rare par Microsoft, la licence Donkey Kong perdit ses parents adoptifs. Le dernier jeu de la franchise datait de 1999, et tout ce qui avait été produit depuis étaient des remakes des épisodes Country, toujours assurés par Rare. Pire, la GameCube était déjà à la moitié de sa vie et n’avait toujours pas eu de jeu estampillé DK !
Pourtant, dans les coulisses, Nintendo préparait le retour de son gorille phare. En 2004 et 2005, une chiée de jeux furent développés pour la GameCube et la GBA. Curieusement, ce n’est pas un plateformer qui inaugura le bal, mais un jeu de rythme.
Donkey Konga est plus ou moins un spin-off de Taiko No Tatsujin, la célèbre franchise de Namco. Ca n’est pas un hasard puisque la firme de Pac-Man développe le jeu.
On retrouve donc Donkey et Diddy dans un passionnant scénario : ceux-ci ont trouvé des bongos sur la plage et décident d’en jouer. C’est tout. Ca n’est pas plus mauvais que le scénario de No Way Home, vous me direz.
L’originalité du jeu était d’être fourni avec une paire de bongos que l’on pouvait relier à la GameCube afin de profiter d’un gameplay original. On peut également jouer avec une manette traditionnelle, mais on enlève 90% du charme du jeu ainsi. Malheureusement, vous serez peut-être contraints de recourir à cette méthode pour jouer à plusieurs, parce que les bongos sont déjà très encombrants à stocker quand on n’en a qu’une paire, alors imaginez quatre...
Comme dans la franchise de Namco, le système de jeu est assez simple puisqu’il n’y a que 4 notes : gauche, droite, les deux en même temps et un applaudissement, les bongos incluant un petit micro. Si vous voulez passer pour un handicapé mental, vous pouvez également choisir de crier dans le micro.
Après quelques parties galère, le temps de s’habituer à la réactivité pas ouf du micro et de trouver le moyen de caler une manette de cette taille sur ses genoux, on prend assez vite le pli et on s’amuse quelques minutes à taper en rythme sur des remixes des thèmes de Zelda ou Mario.
Mais le fun s’écroule assez vite après ça, lorsqu’on découvre la gueule de la playlist concoctée par Nintendo. Une trentaine de pistes à peine, seulement 7 musiques de jeu vidéo (dont à peine 2 venant de Donkey Kong Country et 64) et beaucoup de musiques dont je n’ai soit jamais entendu parler (ma culture musicale se limitant à Claude François et Fatal Bazooka), soit remixées par un interprète différent et généralement moins doué. Il y a aussi deux musiques classiques assez chouettes, mais qui ont l’air paumées au milieu de cette sélection de morceaux qui transpire les années 80.
Alors on fait les 31 musiques, en pestant contre les 4 remixes paresseusement importés de Super Smash Bros. Melee et en se demandant qui interprète tel morceau (parce que le jeu ne prend même pas la peine de créditer les artistes) et on constate qu’on a gagné 4000 pièces.
Du coup on se tourne vers la boutique du jeu, en espérant pouvoir acheter de nouveaux morceaux, et on déchante assez vite en voyant qu’on ne peut acheter que des versions Expertes des musiques déjà jouées, généralement à un prix écoeurant (comptez 6800 pièces pour le DK Rap).
Les autres modes de jeu ne vous sortiront pas de votre ennui, seul le mode mini-jeu apparaît comme un îlot de nouveauté au milieu de ce marasme disco-pop… Mais il ne contient que 3 mini-jeux et il faut tous les acheter dans la boutique, pour environ 5500 pièces !
Et après avoir farmé de longues heures, on découvre que ces mini-jeux sont à peine dignes de jeux Flash du début des années 2000 et qu’ils ont une durée de vie de très précisément 60 secondes.
Alors oui, évidemment Donkey Konga est un jeu de rythme, et évidemment c’est répétitif, le but dans ce genre de jeux est de faire de meilleurs scores et de grimper les échelons de difficulté. Sauf que j’ai la dextérité d’un poisson rouge, je galère dans la moitié des morceaux du mode Difficile, je ne vous parle même pas du mode Expert et je sais très bien que je n’arriverai jamais à enchaîner les Perfect comme certains joueurs de Taiko No Tatsujin.
La blague ultime, c’est qu’en se renseignant sur le jeu on découvre qu’il existe en fait 3 playlists différentes en fonction du continent où l’on vit. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais par exemple en Amérique ils ont eu droit au générique de la première saison de Pokémon tandis qu'au Japon ils ont eu un medley de Densetsu no Starfy. Tout le monde a eu droit à son lot de musiques bidons, mais je me dis que Nintendo s’est quand même donné beaucoup de mal pour pas grand-chose.
S’ils avaient réuni uniquement des musiques liées aux jeux vidéo dans un seul jeu avec un gros focus DK (avec les OST des Country, c’est quand même pas la matière première qui manque) et qu’ils avaient vendu cette version dans le monde entier, on aurait eu un jeu de rythme agréable et qui n’aurait pas ressemblé à un Guitar Hero Donkey Kong Edition.
C’aurait sans doute fait fuir le grand public vous me direz, mais bon, c’est pas comme si le jeu était devenu un classique indémodable. Et puis qui a envie de taper sur des bongos au rythme d’une reprise Eco+ de 99 Red Balloons ?