A son annonce lors de l’E3 2015, j’étais plus que sceptique à l’idée de voir la licence Doom revenir d’entre les morts, qui plus est pour un reboot entre les mains de l’éditeur Bethesda. Je n’ai rien contre le géant Américain, loin de là mais je n’avais guère apprécié le travail effectué par le studio à qui ils avaient confié le « reboot » d’une autre légende du FPS made in ID Software : Wolfenstein. Je m’attendais alors à une copie du FPS de Machine Game transposée à l’univers de Doom.
Heureusement quelques temps plus tard, j’apprenais que Machine Game n’était pas à la tête du projet, mais que celui-ci avait été confié à une équipe restante d’ID Software. Bien que la compagnie légendaire des années 80/90 ne soit plus que l’ombre d’elle-même (et encore c’est un euphémisme) depuis les départs de John Romero et de John et Adrian Carmack ainsi que Tim Hall, j’étais tout de même curieux de voir ce qu’allaient proposer les survivants d’une des plus grandes boites qu’ait connu le jeu vidéo.
Entre mon pessimisme habituel concernant les énièmes reboot/remake/suites de titres légendaires dont on utilise le nom pour faire vendre et ma curiosité à l’idée de voir un nouvel opus d’une saga à laquelle je voue un culte (si si c’est vrai). J’étais à la fois intrigué par ce nouveau Doom mais je n’en attendais pas grand-chose par peur d’être une nouvelle fois déçu.
Bref, je me rends compte que dans cette intro je raconte un peu trop ma vie et qu’il faudrait que je commence un peu à parler du jeu.
Welcome to hell.
Le jeu est lancé, l’introduction démarre et on peut dire que celle-ci a le mérite de nous plonger directement dans l’action. Dès les premières minutes du jeu on ressent l’envie qu’ont les développeurs à nous faire comprendre leur volonté de vouloir revenir aux sources des premiers épisodes de la saga. Pas de blabla, pas de scénario si ce n’est une courte présentation de la situation, pas de phase de tutoriel, non, rien de tout ça. On démarre directement avec notre Doom Guy, apparemment très énervé d’avoir passé plus de dix années aux oubliettes vidéo ludiques.
Premier constat : le jeu est sublime, même si ce n’est pas une révolution graphique comme l’était Doom 1, le jeu n’a pas à rougir face à la concurrence, tant pour son travail sur les textures que sur les lumières. Le jeu semble bien optimisé et je suis même très étonné de pouvoir le faire tourner en high sur la charrette qui me sert de PC. Mais revenons au jeu. Après avoir récupéré notre armure et notre shotgun, on assiste à des retrouvailles émouvantes avec les imps et autres humains possédés. Ce premier « vrai » combat est le moyen idéal de juger le gameplay du jeu. ID avait promis de vouloir retourner au style fast-FPS des premiers Doom, tout en ajoutant quelques nouveautés. Force est de constater qu’ils ne nous ont pas mentis.
Notre héro se déplace rapidement (on n’est pas au niveau d’un Doom 1 où l’on peut rattraper ses roquettes en courant mais tout de même), l’action est intense, constante et surtout extrêmement violente. La nouvelle mécanique de « finisher » est intéressante et est insérée de façon dynamique, ce qui permet de ne pas casser le rythme du combat. Le principe est très simple, après avoir fait subir un certain nombre de dommages à un adversaire, celui-ci pourra être achevé via divers finishers spéciaux. Ces finishers permettront qui plus est de récupérer certains bonus, comme plus de vie si notre santé est basse ou encore certaines munitions.
On se retrouve donc à virevolter entre les ennemis, enchainant les coups de shotgun bien placés, les brises nuques ou autre les écrasage de cranes à coup de semelles. On se retrouve presque à oublier toute logique du combat, à oublier de se protéger, ou même de reculer pour récupérer du soin pris par le plaisir frénétique de ces affrontements ô combien barbares mais purement jouissifs. Force est de constater que les sensations sont là, et c’est déjà un gros point positif pour le nouveau titre d’ID Software. Le rythme est endiablé, chaque affrontement est un pur moment de plaisir et il m’est arrivé plus d’une fois de ressortir d’un combat avec le sentiment de vouloir que celui-ci continue encore un peu plus longtemps.
Evil incarnate.
Bien que le gameplay soit pour moi le gros point positif de ce nouveau Doom, il est loin d’être le seul argument proposé par les petits gars de chez ID. Je parlais du rythme frénétique des combats, mais ce rythme endiablé est en partie dû à une bande son de grande qualité, un métal lourd et viscéral qui nous accompagne dans la folie barbare de ces affrontements. On pourra tout de même reprocher à la bande son d’être un poil trop répétitive, et même si elle colle bien à l’action, on aura du mal à mémoriser un ou deux titres marquants, si ce n’est le remix du thème de Doom original.
Parmis les autres points forts du titre, il faut louer le travail effectué sur l’arsenal, chose importante pour faire un bon FPS. Chaque arme possède un design soigné et un feeling excellent. Je mettrais juste un petit bémol sur le pistolet de départ et sur le premier shotgun, qui sont un poil trop classiques et mous dans leurs sensations, en comparaison au reste. Justement pour ce qui est du reste, on retrouve les armes légendaires des premiers Doom, tel que le double shotgun, la tronçonneuse, le minigun, le plasma rifle ou encore le BFG. Il faut bien avouer que la refonte est un succès, on ressent avec chaque arme une sensation de puissance et on peinera à choisir quelle arme utiliser pour tel ou tel combat tant les sensations avec chacune d’elles frôlent la perfection et nous pousse à toutes les utiliser.
On pourrait critiquer l’absence d’originalité de cet arsenal reprenant juste les armes classiques des précédents Doom, mais les développeurs ont eu la bonne idée d’ajouter un système de customisation, qui permet de modifier votre façon de jouer avec telle ou telle arme. Par exemple, on pourra s’amuser à ajouter un mod au lance-roquettes pour pouvoir faire exploser celles-ci en vol, de permettre au plasma rifle de lancer une onde d’énergie dévastatrice autour de nous, ou encore à notre mitrailleuse de lancer une pluie de mini-roquettes. Via ce nouvel arsenal, on ressent une nouvelle fois l’envie des mecs de chez ID de revenir aux sources tout en ajoutant un lot de petites nouveautés intéressantes.
Le constat est le même du côté du bestiaire, on retrouve du très classique avec tous les monstres bien connus des premiers Doom : Imps, Cacodémons, Revenants, Mancubus, Hell Knights, etc... Encore une fois, comme pour l’arsenal, la remise au gout du jour de nos anciens ennemis est plutôt réussie, et ils se complètent parfaitement lors des affrontements. On sera tout de même triste de ne pas revoir dans le casting les célèbres Archevil ou Spiders (qui seront sans doute gardés pour un futur DLC). Seul gros point faible du bestiaire selon moi : les boss, sans spoiler, je les trouve sans grand intérêt, on se retrouve souvent à effectuer la même tactique en boucle, qui est de tourner en cercle autour d’eux en envoyant une pluie de roquettes. Ne proposant pas un grand challenge, j’ai trouvé ces séquences un peu longues, molles et pas forcément utiles.
At Doom’s gate.
Autre élément sur lequel le jeu allait être attendu : son level design. Doom 1 et 2 avaient su révolutionner le genre via un mélange parfait entre une gameplay nerveux et fluide et un level design de génie. Qu’en est-il de ce nouveau Doom ? Mon avis est plutôt mitigé, je trouve les premiers niveaux très bons dans leur level design (même si on est loin de la folie de certains niveaux de Doom 2) : on se retrouve avec des niveaux immenses et tortueux, qu’on devra s’amuser à explorer de fond en comble pour trouver des secrets parfois bien cachés. Le jeu ne nous tient pas par la main, et on ressent une grande liberté dans l’exploration de ces niveaux, ce qui est une très bonne chose.
Cependant, j’ai eu la sensation que le dernier tiers du jeu était un peu bâclé, les derniers niveaux ne sont plus qu’une succession d’arènes géantes et je n’ai pas pris le même plaisir à les visiter que lors de mes premières heures de jeu. Autre élément qui m’a gêné (mais c’est peut être moi qui suis con et qui ai un sens de l’orientation complètement naze), je me suis agacé à être souvent perdu dans certaines map, j’ai eu l’impression que le déroulement du niveau était parfois peu lisible. C’est peut-être le fait que la dimension verticale soit bien plus présente que sur les premiers Doom, qui sont plus axés sur un level design horizontal. Mais j’ai eu vraiment un mauvais ressenti sur certains passages, qui m’ont agaçés en me faisant tourner en rond pendant plusieurs minutes, brisant ainsi le rythme du jeu. Je ne sais pas si j’ai été vraiment clair dans mon ressentis et si d’autres personnes ont eu le même avis, mais c’est un point dont je voulais parler, car il m’a gêné plusieurs fois. Mais comme je l’ai dit, c’est peut-être dû à mon sens de l’orientation complètement pourri.
Pour ce qui est du rythme dans les niveaux, il est souvent bien géré, alternant entre les phases de gun fight endiablées et les phases d’exploration plus calmes, permettant de faire retomber la tension avant que l’action ne redémarre de plus belle quelques mètres plus tard. On ressentira tout de même une certaine monotonie tant le style des combats en arène est répétitif et prévisible, autant ce système marche à la perfection dans le début du jeu mais à force de trop en abuser on sait à l’avance ce qui nous attend lorsque l’on entre dans une nouvelle arène. J’aurais souhaité ici un peu plus de variété, et j’avoue avoir ressenti un peu de lassitude vers la fin de l’aventure.
Conclusion
Doom n’est pas un jeu parfait, loin de là. Il possède tout un tas de petit défauts mais à part ça il est tout ce qu’on attend d’un vrai jeu Doom, un jeu de gameplay, un jeu rapide, violent, brutal, sanglant, jouissif.
En me relisant je peux comprendre que mes mots puissent sonner (un poil !) malsains, mais c’est ce que ce Doom est pour moi : un plaisir coupable, un moment de défouloir total, un moment où en rentrant chez soi après une dure journée de travail, on débranche son cerveau l’espace d’une ou deux heures, et on se laisse aller à de l’action pure et dure. On pourrait croire qu’il est réducteur de parler ainsi d’un jeu vidéo mais je ne trouve pas. Doom n’est pas un jeu avec une grande mise en scène ou avec un scénario capable de nous tenir en haleine des heures durant, non ce Doom est un magnifique hommage au premier épisode de la saga, car il a su parfaitement renouer avec le style propre de son grand frère : c’est un jeu qui nous permet tout simplement de s’amuser en jouant, et même si ça parait bête dit comme ça, je trouve que c’est déjà quelque chose que peu de jeux savent faire.