Nul besoin d'être profane pour faire remarquer que cela fait maintenant quelques années que les FPS sont calés dans un état d'existence que l'on pourrait qualifier de la meilleure manière comme étant... l'Enfer. Poussé par une nécessité toujours accrue de rendre son propos assez pataud pour le grand public il a perdu beaucoup de cette vivacité arcade que ses aficionados d'antan pouvait aisément reconnaître comme étant son patrimoine. Certains diraient, et ils auraient raison, qu'ils s'est abruti pour plaire. Car, à la base, son propos n'est pas censé être aisé à maîtriser. Au contraire, dans ses meilleurs moments le FPS se veut retors, revêche et au besoin... un brin cruel.
Après tout, le fait d'avoir des acteurs plus ou moins convaincants dans des cut-scenes n'a absolument rien en commun avec le fait de réaliser un bon jeu de ce type. Non, c'est juste un artifice de vente que l'on sort au grand public afin que celui-ci ait un point d'attache émotionnel avec un produit industriel. Ou, au mieux, une agréable distraction. Ce qui fait un grand FPS c'est une forme de nervosité de tous les instants induite chez son utilisateur par un gameplay d'une brutalité fine et exquise. Un système réactif nécessitant de prendre quelques décisions à chaque instant afin de pouvoir ne serait-ce que prétendre pouvoir survivre. Ce n'est pas, en somme, le fait de se cacher tranquillement derrière un muret en attendant que le coulis aux fraises dont l'on vient de maculer votre casque de réalité virtuelle disparaisse afin de pouvoir reprendre le cours d'une action qui - c'est étrange, quand même - a attendu que vous ayez fini de prendre une petite pause.
DOOM ne joue décidément pas dans cette catégorie. C'est un retour aux sources. Pour certains... un sacerdoce. Il est très rassurant pour moi et ceux de mon clan de voir que certaines personnes savent encore réaliser un FPS traditionnel à notre époque. Et par traditionnel je veux bien entendu dire "dans la grande tradition canonique des antiques jeux de tir en vue subjective sortis autrefois sur PC". Car, et ça contrairement à ce que l'on vous aura cependant dit dans les magazines et autres publications publicitaires, le terme de "FPS console" est bel et bien oxymore. Que dis-je... une antilogie. Il suffit de quelques instants passés dans les terres infernales du dernier-né d'id pour se rendre compte précisément à quel point la discipline a régressé ces dernières années afin de donner un sentiment de supériorité factice aux adolescents qui prennent plaisir à s'adonner aux Call des Duties d'un Battlefield vécu uniquement sur Xbox Live.
De son côté DOOM renoue avec une tradition primordiale : celle de l'action frénétique vécue comme une baffe en plein cerveau. Celle où l'on doit compter sur son pur talent pour survivre à la plus banale des rencontres démoniaques. Un univers où règnent en maître deux ustensiles dont le maniement assurera votre survie : le clavier, et la souris. Loués soient leurs noms. Pourtant... ce n'est pas juste un hommage aux grands jeux de ce type sortis ces dernières décennies. Non, c'est un futur classique qui repose avant tout sur une synthèse de ce qui devait être changé dans les titres récents pour arriver à un équilibre judicieux entre beauté plastique et pureté de design inspiré d'une philosophie old-school. Et ça, en quelques mots, c'est DOOM.