Naïf et Léger.
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le 30 juin 2023
7 j'aime
Jeu de Cédric Babouche, Un je-ne-sais-quoi, Umanimation, Supernaive et Focus Entertainment (2023 • PC)
Dès l’annonce de Dordogne (2023), développé par le studio « Un je ne sais quoi » et édité par Focus Entertainment, j’ai été séduit par son esthétique à l'aquarelle unique, sa présentation chaleureuse et son hommage à l’une des plus belles régions françaises. Sur le plan visuel, je n’ai pas été déçu : chaque lieu et panorama brille d’une touche artistique impressionnante, faisant honneur à la beauté rurale de la Dordogne. Le folklore local, même s’il n’est abordé que brièvement, et la petite excursion à Sarlat ajoutent au charme d’ensemble. Le gameplay, mélange de "point & click" et de "walking simulator", est simple et accessible, agrémenté de mini-jeux plaisants (préparer, nettoyer, bricoler, etc.). L’aventure se parcourt tranquillement en quelques heures, et la douceur de l’ambiance semble adaptée à tous les âges.
Cependant, plusieurs éléments m’ont fortement sorti de l’immersion, en raison de ce que je perçois comme une forme de progressisme “woke” appliqué de manière trop systématique. L’histoire se déroule dans la Dordogne des années 80, un cadre rural qui, en principe, met l’accent sur la famille, les souvenirs d’enfance et la tranquillité de la campagne. Pourtant le meilleur ami d’enfance de Mimi (l’héroïne) est un enfant noir, censé vivre dans ce coin reculé de Dordogne à la même époque. S’il n’est pas impossible d’imaginer une famille d’origine africaine installée dans une zone rurale, le jeu ne contextualise absolument pas cette situation et multiplie d’autres personnages issus de la diversité, au point de donner l’impression d’une représentation contemporaine transposée artificiellement aux années 80. Certains commerçants du village, comme le fromager ou la maraîchère, sont aussi d’origine africaine ou asiatique. Encore une fois, rien n’empêche la présence d’immigrés ou de descendants d’immigrés dans cette région à cette période, mais leur nombre et leur importance dans l’intrigue laissent penser à un souci d’inclusion systématique qui n’est pas forcément cohérent avec la réalité sociologique de l’époque.
Les thématiques LGBTQ+ ou féministes sont également sous-entendues, d’une manière qui, selon moi, n’apporte pas grand-chose au récit, sinon la volonté de cocher certaines cases d’une forme de « militantisme moderne ». Je ne condamne pas l’idée de montrer différentes orientations ou identités, mais j’aurais aimé que cela s’intègre plus finement à l’intrigue et au cadre choisi. Pour moi, ces choix relèvent davantage d’une démarche « woke » ou « progressiste » qu’un simple parti-pris narratif. Je comprends que certains joueurs apprécient cette diversité comme un message d’ouverture. Toutefois, j’aurais préféré une immersion plus fidèle à la réalité historique et culturelle de la Dordogne des années 80 : cela m’aurait semblé plus authentique et aurait mieux servi le propos nostalgique sur les souvenirs d’enfance et la beauté du terroir.
Il est clair que Dordogne ne cherche pas à être un documentaire, et toute œuvre de fiction possède une part d’interprétation. Mais, selon moi, la manière dont la diversité est introduite dans le jeu paraît artificielle et peut briser l’illusion d’un voyage dans le passé. J’ai eu parfois le sentiment que la priorité était de véhiculer un message inclusif contemporain, plutôt que de plonger le joueur dans une ambiance fidèlement inspirée de cette région à cette époque.
Malgré tout, il faut souligner que Dordogne reste un jeu charmant grâce à ses visuels uniques et à l’atmosphère douce qui s’en dégage. Les joueurs à la recherche d’une expérience contemplative et familiale y trouveront sûrement leur bonheur. J’émets simplement la réserve que, si l’on attend une cohérence plus marquée avec l’époque ou si l’on préfère qu’un récit ne se mêle pas trop d’idéologie moderne, on risque d’être déconcerté par ce que je considère comme un progressisme un peu appuyé.
Créée
le 28 déc. 2024
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