« On rencontre sa destinée souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter » - Jean de la Fontaine.
Loin de moi l’idée d’utiliser le premier vers de la Fable de l’Horoscope de manière totalement aléatoire mais elle me paraissait être une bonne introduction à un texte parlant du fils prodigue du JRPG et des Musô. Si les genres ont toujours flirté ensemble dans le bon et le moins bon sans jamais réellement s’associer, il semblerait que le petit protégé d’Omega Force fasse la part belle à la licence en réussissant l’un des tours de force les plus admirables de cette année.
La série des Dragon Quest, qui fêtera ses 30 ans en 2016, s’octroie un apéritif savoureux en 2015 avec la sortie de Dragon Quest Heroes. L’objectif était simple, arriver à faire un Musô sans renier ce qui faisait la base de la série de Yuji Horii, le JRPG et sa progression de personnages et de leurs compétences. Il fallait à tout prix le genre Beat them all de « teubé » popularisé par les Dynasty Warriors puissent être appréciés des fans de la licence Dragon Quest ou de ceux aimant les mécaniques de base des JRPG.
Détestant marteler le même bouton pendant 10 minutes pour mettre à terre plus de 800 soldats enragés, j’avançais à reculons dans le magasin pour acquérir le jeu. Ce n'est qu'à mi-chemin que je me suis souvenu du harcèlement psychologique offert par le taciturne Puyo de Gamekult. Je me suis ainsi rappelé que si je voulais lui expliquer à quel point son jeu était "nul a ièche" je devais impérativement nourrir quelques heures de jeux au préalable. Force est de constater que je m’étais trompé…
Dragon Quest Heroes possède un rythme de jeu incroyable. Loin des jeux du même genre, les moindres phases de jeu sont calées sur des combats demandant une bonne connaissance de l'espace autour de soit et des capacités de son personnage. Le jeu pousse à allier et enchaîner les différentes techniques dans le bon ordre et dans le bon rythme pour optimiser ses dégâts. Le sentiment de maîtrise et de progression est très important dans ce jeu et montre tout son potentiel une fois qu’on en a compris les systèmes. C’est le même schéma d’apprentissage et de progression que dans Devil May Cry et Bayonetta, il semblerait qu’Omega Force et Square Enix aient trouvé la bonne formule pour procurer beaucoup de plaisir de jeux sur de simples combats.
Comme si la qualité du Core Gameplay ne suffisait pas, Dragon Quest Heroes propose une customisation de son équipe très complète et détaillée qui ne manquera pas de vous faire réfléchir de longues minutes, papier à la main, afin d'optimiser votre personnage. L’arbre de talents est plus que respectable et les nouvelles attaques proposent vraiment une alternative convenable pour terrasser vos opposants. Les autres outils de progression (équipements, gemmes, alchimies…) sont très bien détaillés et prolongeront même la durée de vie pour les plus completionists d’entre nous.
Si l’univers de Dragon Quest vous semblait encore terne et peu amical, je ne peux que vous encourager à lancer ce jeu pour revoir votre jugement. Une direction artistique de qualité couplée avec un doublage soigné… quoi de plus ? De quoi profiter pleinement des cinématiques (un peu longues sur les parfois).
Le jeu n’a pas que des qualités. Même s’il arrive à parfaitement faire évoluer son héritage Musô, il génère de nouvelles frustrations peu agréables. Les dialogues de JRPG longs comme le bras sont toujours sympathiques… quand les mécaniques n’appellent pas à la baston immédiate et brutale ! De plus, on regarde d’un air triste l’arrière de la boite pour comprendre qu’il n’y a aucun moyen de jouer à plusieurs malgré le potentiel multi indéniable. Pour finir, il n’aurait pas été de trop de lisser un peu toutes les « boutiques » de la base pour une meilleure compréhension des systèmes primaires. Ça s’éparpillent un peu quoi…
Quoi qu’il en soit, Dragon Quest Heroes est un très bon jeu qui réconciliera peut-être certains joueurs avec le genre. Pour ma part, j’attends avec impatience le deuxième opus…
J'ai aimé :
Un mélange de genres réussi
Enfin un Musô qui n’est pas pour les « teubé »
La direction artistique et le voicing à tomber
Sentiment de progression top (skill personnel et du personnage)
Durée de vie
Fan service en veux-tu en voilà
Je n'ai pas aimé :