Dans les plis de leur dogme ils ont la sombre nuit.
Soyons sérieux une minute. Dragon’s Dogma a beaucoup de défauts. Tellement que je devrais vous le déconseiller.
Mais en fait non.
En fait, j’ai pris énormément de plaisir tout au long de l’aventure et pourtant, ça s’annonçait plutôt mal. Listons :
*L’histoire est plutôt commune. Sans spoiler l’intrigue, il est question de débarrasser le monde d’un dragon maléfique (merci cap’obvious) et de sa cohorte vils créatures mythologiques. Il y a bien une vague remise en cause du statut de «sauveur de l’humanité», mais rien qui puisse casser trois pattes à une chimère.
*Comme dans tous RPG qui se respectent, on a le droit à toutes sortes de quêtes insipides : Fedex, élimination de nuisibles, escorte, cueillette…. Bref le quotidien chiant du héros lambda.
*L’ergonomie est juste désastreuse. Equiper une lanterne est laborieux. Le crafting est non intuitif. En gros, toutes les actions et interactions nécessitant l’usage de la touche pause ou de select sont imbitables. Le classement des objets dans l’inventaire des persos ou du coffre est moins inspiré qu’un tableur Excel. Bref, c’est totalement mal branlé.
*A bien y regarder, ce n’est pas super joli non plus. Je ne parle pas de la direction artistique (j’y reviendrai plus tard), mais il faut avouer que sur PS3, ce n’est pas exceptionnel. Ca rame vachement (pour la version boite car en téléchargement ça passe beaucoup mieux) et y’a un clipping de fou.
Voilà mes griefs contre DG. Pourtant, cela reste un des meilleurs RPG auquel j’ai joué ces dernières années, car sans révolutionner le genre, il propose une myriade de bonnes idées :
On y affronte un bestiaire varié et impressionnant. Si les gobelins du début ne sont que du menu fretin, on fait rapidement face à des monstres beaucoup plus couillus tel que les cyclopes, vouivres, hydres et autres chimères. Chaque ennemi a son point faible et le moindre affrontement devient vite épique. C’est un vrai challenge que de trouver le talon d’Achille de son adversaire et de l’exploiter jusqu’à la mise à mort de la bête.
Le système de combat est d’ailleurs bien pensé. Ici, pas de système de lock ou de visée automatique, une grande liberté d’action est laissé au joueur dans la gestion des combats et des déplacements. On tranche, on vise, on tire, on s’accroche, on brule sans que cela soit pénible ou confus. Il arrive que dans l’euphorie du moment et compte tenu du nombre de protagonistes à l’écran, cela soit déstabilisant, mais c’est loin d’être injouable ou bordélique.
Et pour massacrer ces hordes de créatures sanguinaires, Capcom a opté pour un système de classe assez original. Même si au début de l’aventure, il faudra faire le choix parmi le sacro-saint triptyque Guerrier-Mage-Archer, rien n’est gravé dans le marbre puisque il vous est possible à tous moments de changer de classe voir même d’opter pour un hybride entre deux classes comme l’Archer-Mage ou le Guerrier mystique. En mélangeant ainsi les aptitudes de chacun, on construit un héros selon ses propres affinités et on évite ainsi la routine.
Pour vous épauler face à cette difficile tâche de sauver le monde vous avez la possibilité de choisir jusqu’à trois compères. Là où le jeu innove, c’est que, bien que vos acolytes soient dirigés par l’IA, ils ont été façonné et «éduqué» par de vrais joueurs et sont ainsi uniques par leurs attitudes, équipements et expériences. Pour faire un parallèle douteux avec la simulation auto, c’est comme faire la course avec les fantômes des meilleurs temps de ses potes. Pour résumé DG est un MMO solitaire hors ligne / en ligne.
Enfin, même si graphiquement le jeu est loin des maîtres étalons du genre (Skyrim par exemple), j’ai personnellement accroché au style artistique choisi par Capcom. Le grain du filtre utilisé correspond bien à cette ambiance médiévale-fantastique durant laquelle se déroule l’action. On reste bien-sûr sur une vision japonaise du RPG (donc un poil exubérante), mais on sent qu’un effort particulier a été fait sur les environnements et les créatures. Une mention spéciale pour les phases de jeu nocturnes, si sombres et si poisseuses, qu’elles en deviennent réellement oppressantes.
Il m’est difficile de retranscrire sur le papier (enfin sur le clavier) tout le plaisir que j’ai eu à jouer à Dragon’s Dogma. Cela prouve une fois de plus que la qualité d’un jeu est bien plus qu’une bête comparaison entre ses points positifs et négatifs. Alors c’est vrai, ce jeu aurait vraiment mérité d’être fignolé, mais il reste dans l’état actuel un très, très bon RPG action.