Drakengard est une oeuvre d'art.
Au sens où vous n'en trouverez pas deux comme celui-là.
Ses suites sont Drakengard 2 et le génial Nier, et je n'ai pas encore fait le Drakengard 3.
Parlons un peu du gameplay : un mix entre Dynasty Warrior pour les phases au sol (+ attaques à dos de dragon) et du rail shooter sur d'autres phases.
C'est du hack'n slash bourrin, mais très scénarisé et je trouve que ces phases n'ont rien à envier à n'importe quel dynasty warrior.
Les phases de shoot sont très sympa. Assez souvent mal équilibrées (certains boss sont ingérables), mais on s'en sort et c'est très plaisant.
S'il n'y avait que ça, je lui aurais juste donné un bon 8.
-->La suite est bourrée de spoilers<--
Mais ce qui fait le vrai charme de ce jeu, c'est l'ambiance et la scénarisation.
Pendant chaque mission, les PNJ passent leur temps à vous parler de tout. De votre mission, de leur passé, ils s'engueulent, ils sont jusqu'au boutistes. Ils vous révéleront leurs plus sombres secrets. Vous ferez équipe avec ce qu'il faut bien appeler des psychopathes. Des fées tueuses de gamins, une nana déglinguée qui se fera dévorer par une pluie de bébés volants, un gamin qui vous rendra dépressif...
Le héros en lui-même est complètement anti charismatique (ce qu'on retrouvera dans Nier d'ailleurs), embarqué malgré lui dans une mission qui mènera au mieux à la mort de son compagnon (dragon), au pire à la destruction du monde. Ce jeu dispose de plusieurs fins, et plus on en découvre de nouvelles plus tout se passe mal. N'est-ce pas lui le plus psychopathe ? Une sorte de psychanalyse mutuelle avec votre dragon vous aidera peut-être à le déterminer (ou pas). Parce que ça parle et ça parle. D'ailleurs vous aurez souvent beaucoup à faire à esquiver les tirs en vol pendant que ça n'arrête pas de parler...
Tout se passe de plus en plus mal. Ça commence avec des musiques dissonantes (mais que j'aime perso beaucoup écouter même en dehors du jeu, je trouve le travail musical incroyable) et du meurtre de masse à la Dynasty Warriors, et ça finit avec une ambiance et des graphismes crépusculaires, une fin du monde annoncée et réalisée, et une ambiance sonore qui ne s'améliore pas. Mention spéciale à la dernière fin, complètement barrée, à la fois très meta («The end of the Dragonsphere») et très dépressive.
Quand j'y suis arrive après avoir retenté 15 fois le dernier boss et vu la dernière scène, j'ai dû rester 15 minutes devant mon écran pour m'en remettre.
Mais au final, si vous aimez un peu réfléchir à ce que vous faites, Drakengard est un jeu qui met bien plus en face de ses choix que n'importe quel jeu où être Parangon ou Conciliant ne vous amènera rien de spécial. On retrouvera aussi cela dans Nier : la fin justifie les moyens... à la manière d'une tragédie antique. L'enfer est pavé de bonnes intentions et au final, comme tout bon personnage de hack'n slash n'amenez-vous pas que la mort sur votre passage ? Qui sont les dieux de ce monde, que veulent-ils ? Qui est humain ?
Je n'aime pas les ambiances malsaines sauf quand elles sont fausses (humoristiques), ou bien amenées de telle manière à inspirer la peur aux personnages de l'histoire et la tristesse. C'est ici le cas.
Ce jeu a au final une profondeur extrêmement rare, il est tout sauf superficiel. Si vous y êtres réceptif, il vous fera vous poser beaucoup de questions.
C'est une oeuvre d'art, je persiste et signe.