Poussière dans le vent

La première image que j'ai vu de Dust, c'est celle qu'affichait le catalogue Steam. Celle-là:
http://cdn.akamai.steamstatic.com/steam/apps/236090/ss_bb0bb104d025d7078000cfdbc1da13d0f9140488.1920x1080.jpg?t=1387442407

On y voit un gentil personnage ressemblant vaguement à un renard, tout plein de daims et de biches et une belle clairière baignée d'une douce lumière. C'est mignon comme tout et ça évoque, au choix, soit Peggles, soit un jeu ludo-éducatif pour bambin de moins de dix ans.

Heureusement, depuis, on m'a sorti de l'erreur.

Car malgré cette apparence, le jeu est un beat'em'all en vue de côté, seulement mâtiné de quelques éléments de rpg pour la montée en niveau et la gestion de l'inventaire. Ce qui signifie des hordes entières d'ennemis à aller occire à coups d'épée et de combos soigneusement orchestrés.

En général, l'intérêt des beat'el'all réside dans leur esthétique, dans cette espèce de jouissance que l'on éprouve à enchaîner les combos toujours plus spectaculaire. Dust, au contraire d'autres, laisse le spectaculaire de côté et mise tout sur la fluidité et la qualité de l'animation. Et on sent que le jeu a été fait par un animateur: jamais mouvements de jeu vidéo n'ont été si fluide, si aisés à manier, si harmonieux... Chaque combat est une danse, et jamais aucune frustration n'apparaît dans les contrôles du personnage.

Mais là n'est d'ailleurs pas l'essentiel, car les combats ne sont qu'un aspect de ce qui fait la force du titre en général: ce jeu est BEAU. Les décors, pas tous bucoliques d'ailleurs, sont découpés en tableaux qui ont tous l'air de peintures faites à la main. Les personnages, des animaux anthropomorphes, font vite penser à du Disney (ou plutôt à du Barks/Don Rosa) mais, loin d'une vulgaire copie, se montrent très attachants et sont tous très bien doublés (le duo Dust/Fidget étant un sommet).

Le scénario ne brille pas de prime abord par son originalité: Dust, le héros, se réveille amnésique dans une clairière, aux côtés d'une épée qui parle (Ahrah) et d'une... euh... créature volante... (Fidget) qui lui servira de sidekick. Dis comme ça, c'est simpliste, mais cette impression n'est que superficielle: l'humour fait souvent mouche, on se prend volontiers à l'histoire, car elle sert dans un premier temps d'introduction à ce bel univers onirique. Car le jeu, oui, arrive à créer un univers entier avec très peu de choses. Et puis finalement, on se rend compte que l'histoire est beaucoup plus sombre que cela (la fin de l'acte II et les dialogues de Fidget à ce moment-là sont une antithèse des happy end à la Disney), et que finalement, ce jeu n'est peut-être pas (que) pour les enfants.

Un dernier mot: j'ai dit que le jeu a été fait par un animateur. En réalité, excepté pour les musiques (sublimes et collants toutes à l'ambiance recherchée), il n'a été fait QUE par un animateur. Dean Dodrill. Le talent.