Les beat'em'all, c'est sympa, mais souvent pas très subtil. Le but, c'est quand même de tuer le plus grand nombre d'ennemis à la fois dans un torrent d'hémoglobine et en appuyant sur nos manettes de la manière la plus rapide et la plus synchronisée possible.
Castlevania LoS, délaissant les origines de la série (m'a-t-on dit, moi j'ai découvert Castlevania avec LoS), adopte un gameplay dans le plus pur style du beat'em'all, se payant même ça et là quelques références appuyées à God of War.
Et pourtant, quelle injustice que de réduire ce jeu à son seul genre ou à son seul gameplay.
Oui, les mécaniques de jeu sont bien huilées et très efficaces. Les combats ne sont jamais répétitifs et peuvent même prendre un tour tactique grâce au système très bien pensé de double magie. Le jeu est d'ailleurs d'une difficulté assez relevée, même en mode normal, ce qui est assez agréable car il permet un vrai sentiment d'effort et donc de satisfaction.
Mention spéciale d'ailleurs aux combats de boss, toujours grandioses, sans cesse renouvelés, et particulièrement aux trois boss "Titans" qui rendent un hommage réussi au grand Shadow of the Colossus.
Mais l'essentiel n'est pas là.
L'essentiel, c'est dans l'ambiance qu'il dégage. Point de long dialogue ni même de scénario au sens classique du terme. Quasiment toute l'histoire est ici racontée par l'ambiance et les atmosphères. La quête de Gabriel Belmont est une quête tragique, au sens ancien du terme, c'est-à-dire une quête où l'on sait à l'avance que le héros sera broyé par des forces qui le dépassent. Il s'agit d'une quête épique et tragique à la fois, et le medium jeu vidéo permet de la retranscrire étonnamment bien.
Tous les environnements (soutenus par de superbes compositions orchestrales) sont travaillés non seulement pour être magnifiques à l'oeil (chaque décor pourrait servir de "carte postale") mais aussi pour raconter une histoire. Celle de la grandeur passée et de la décadence, celle de la quête impossible et néanmoins tentée à défaut d'alternatives, celle d'un homme voulant par désespoir s'élever au rang de Dieu mais sans cesse rappelé à ses faiblesses et sa noirceur humaine.
Alors oui, les puristes diront qu'on s'est éloigné de l'acquis Castlevania; certains diront que certains passages sont moins inspirés que d'autres (difficile d'égaler la séquence du château et son combat final)... mais ces critiques pèsent finalement peu face au résultat final et à la cohérence de l'ensemble.
Je ne sais toujours pas si le jeu vidéo est un art; en revanche, je sais qu'il a fallu de sacrés artistes pour réussir à monter une oeuvre comme celle-ci.
PS: Cette critique ignore volontairement les deux DLC, qui réussissent le contre-exploit de tomber dans presque tous les travers du beat'em'all évités avec brio dans les 12 chapitres que constituent l'oeuvre principale.