Lorsqu’on évoque la franchise des Dynasty Warriors, on pense fort logiquement à ces grandes cartes remplies de soldats où se jouent quelques héroïques batailles ayant pour but d’unifier toutes les provinces chinoises, où l’on incarne un général déchiquetant du trouffion de base par paquets de 12 dans la joie et la bonne humeur… C’est une série tellement populaire au pays du Soleil Levant qu’elle créé un genre à part entière, dérivé du hack’n’slash : le Musô. Il peut donc être fort déroutant de lancer pour la première fois cet opus fondateur, et d’y découvrir à la place un "basique" VS Fighting…
Et pourtant, l’explication est en fait très simple. Au Japon, ce "premier" épisode est baptisé "Sangoku Musô", et est clairement à part dans la franchise, jouant un peu un rôle de "spin-off inversé", là où les jeux suivants, les opus Musô donc, sont titrés Shin Sangoku Musô ; mais chez nous en revanche, grâce à des marketeux de génie, ils s’appellent tous Dynasty Warriors, sans distinction… Ceci explique par ailleurs le décalage dans la numérotation :
- Dynasty Warriors = Sangoku Musô,
- Dynasty Warriors 2 = Shin Sangoku Musô,
- Dynasty Warriors 3 = Shin Sangoku Musô 2,
- (...)
- Dynasty Warriors 9 = Shin Sangoku Musô 8, sorti cette année, en 2018…
Ce premier Dynasty Warriors est donc un "weapon-based VS Fighting 3D", dans la droite lignée des Toshinden et autres Soul Edge, duquel il puise clairement les bases de son gameplay. C’est d’ailleurs le principal "grief" que je lui ferais : mise à part le système de double garde (X ou O), selon qu’on soit amené à parer un coup horizontal ou vertical, il ne fait pas grand-chose de plus que son illustre modèle, et le fait globalement un chouïa moins bien (moins beau, moins dynamique, panoplie de coups plus réduite…), ce qui le place de facto dans la catégorie des "alternatives intéressantes susceptibles d’assouvir mon appétit une fois que j’ai torché les cadors du genre"…ce qui en soi n’est déjà pas si mal (combien de VS Fighting sont tout simplement mauvais?).
Allez, je suis un peu médisant, on peut évoquer cette sympathique feature que sont les combos breakers, des coups qui brisent automatiquement l’enchaînement adverse, et qui avec le bon timing permettent d’amorcer notre propre combo. Contrairement à d’autres jeux qui demanderaient des manip’ de folie ou un timing de coréen pour les utiliser, il suffit juste d’envoyer certains mouvements classiques (genre le coup de bouclier de Dian Wei), soit lorsque la jauge de vie est passée dans le rouge, soit lorsque la jauge de rage est pleine. Et mine de rien, cette gestion de la rage apporte un petit plus stratégique appréciable, le joueur devant alors constamment choisir entre l’utiliser pour lancer des attaques spéciales dévastatrices…mais parables, ou prioriser sa préservation pour envoyer un contre imparable et mettre son adversaire à sa merci…
Côté contenu, ça reste complet avec les habituels Time Attack, Team Battle, Survival et autres modes du même acabit. Petit bémol en revanche sur le mode Training, qui propose vraiment le minimum syndical (une petite movelist n’aurait pas été de refus)… Le roster est cependant bien fourni (16 combattants dont 6 à débloquer), plutôt hétérogène et équilibré, incluant lanciers, épéistes et d’autres armes moins conventionnelles. Notez enfin qu’hormis le code couleur pas encore tout à fait arrêté (rappelons que dans les Musô, le bleu symbolise les généraux Wei, le rouge les généraux Wu et le vert les généraux Shu), nos chinois préférés (après Jackie Chan of course) possèdent déjà ce design quasi-définitif qui nous paraît aujourd’hui tellement familier…
En définitive, Dynasty Warriors est indubitablement un bon soft de combat, aux mécaniques de jeu plutôt bien pensées…mais c’est malheureusement à peu près tout ce qu’il a. Il arrive après des hits comme Soul Edge ou Tekken 2, qui lui sont intrinsèquement supérieurs, et quelques mois seulement avant de futurs hits comme Tekken 3, Rivals Schools, Bushido Blade, Bloody Roar…qui ont indéniablement tous plus de sexe à piles à faire valoir. Mais en faisant abstraction de cette féroce concurrence, il est honnêtement difficile de regretter l’acquisition d’un tel soft, qui remplit admirablement bien le cahier des charges imposé à un bon VS Fighting de cette époque…