Ou l'on ne parlera pas des pouvoirs cybermachin.
LONG PRÉAMBULE PAS NÉCESSAIRE
Je sais très bien que le cyberpunk est un trip de puceau. Je sais que les meetings secrets de politiciens vendus aux megacompagnies n'existent pas. J'accepte l'idée que tout ça se passe en plein jour avec des avocats et des ingénieurs, qu'avec des ententes tacites on construit des trucs avec des matériaux un peu moins bon, qu'en échange le gouvernement est un peu plus souple, et que le pognon du contribuable va ESSENTIELLEMENT dans le prix du bazar, et minoritairement ailleurs. J'accepte que l'idée des rencontres avec plein de mecs armés et stressé, c'est du flan.
Je sais que les gros h4ck3rZ de la mort bossent pas pour la r3b3Li0n mais étudient fort dans des écoles d'ingénieurs. Que les mecs qui ont plombé le site de la CIA sont l'équivalent des branleurs qui vont grimacer appareil photo en main devant les gardes de sa majesté en England en se disant qu'ils sont trop ingénieux, et que ces types finissent généralement six ou dix mois plus tard retracés et poursuivit par un procureur qui se fait un petit plaisir avec quelques glands de moins de vingt ans qui ont téléchargé quelques programmes sur internet. J'accepte l'idée que le mec de Shadowrun, là, flingue dans une main et portable de h4ck3rZ dans l'autre pour s'introduire à Fort Knox, ben c'est de la merde.
Je comprends aussi que les geishas qui sont en réalité des tueuses super dingue efficaces sont aussi réalistes que les personnages féminins des romans d'Asimov.
Pourtant, j'aime quand même la grande famille Cyberpunk. Les jeux de rôle Shadowrun et Cyberpunk (ce dernier bien meilleur que le précédent), les trucs de H.R. Giger, K. Dick Gibson et Sterling, Jean-Marc Ligny et le désastreux Johnny Mnemonic pre-Matrix. Je les aime tous. Je sais que c'est mon côté puceau, mais à l'âge que j'ai, j'ai autant d'années puceau que d'années non-puceau. Comme je sais que ce n'est pas le fait de s'être tapé une fille/femme/lama qui fait de vous un homme ou non, je peux vivre avec mon manque de goût.
En même temps, donc, même si je suis vendu à ces histoires de mec douteux, stressé, clope au bec et gros flingue à la main traqué par corporations et gouvernements, je sais que le genre est profondément geek dans le sens insultant du terme. L'avenir n'a déjà plus la même gueule que dans les années 80, et si ça se trouve Firefly est plus proche de nous que Robocop (premier du nom, hein). Ou Jericho, pour ce que j'en sais (aussi peu que la plupart d'entre vous).
Je kiffe, mais je sais que je devrais avoir honte.
DÉVELOPPEMENT INCERTAIN
On pourrait faire une liste des jeux (/films /senscritiqueurs ..) qu'on aime en dépit du bon sens. Côté jeux vidéos EYE entre dans la mienne avec fracas. C'est pas parce que des mecs qui ont fait le jeu squattent sur Factornews que je me sens obligé de dire que c'est fantastique. Parfois c'est ton meilleur pote qui fait une connerie démesurée. Parfois c'est même toi. Ça change pas les sentiments (?)
Dans EYE, on massacre une bonne idée avec conviction et acharnement.
On fait un jeu bien sombre - côté background et côté palette de couleur, faut presque arracher l'écran côté clarté pour se voir le bout de la - mais on saupoudre de dialogue comiques. Enfin, comiques comme un dialogue de film écrit par Adam Sandler. On dira que je fais ma pute, j'ai aimé Fallout 3 après tout, et on sait qu'il n'a pas révolutionné l'Art de la Narration, mais en même temps malgré les goules, malgré les aliens, malgré les orcs (pardon, les supermutants), l'histoire reste sérieuse. Tout est un peu débile, mais l'histoire ne se saccage pas elle-même.
Dans EYE, des mecs d'une organisation mystico-guerrière te donnent du "ma couille" à tours de bras, j'suis désolé mais je suis pas organisateur de rassemblement de jeunes de l'UMP, ça me rejoint pas dans ce contexte. Et puis l'argent, les brouzoufs, quoi. Bref.
Après on te vend un autre des jeux de puceau par excellence, j'ai nommé Deux Ex (UN, PAS LE DEUX, LE DEUX C'EST CACA, LE UN C'EST BIEN). La raison est simple, c'est parce que pour réussir une mission, tu peux le faire en tirant de loin, en tirant de près ou en hackant un terminal et en se barrant en courant comme un dératé. On appelle ça un jeu avec de la liberté d'action. Street Fighter 124 est d'ailleurs un jeu avec de la liberté d'action puisque tu peux butter l'adversaire d'un coup de pied, d'un coup de tête ou en courant sans te faire toucher jusqu'à ce que le compteur atteigne 0. C'est vrai et c'est génial, mais le problème c'est que les cartes - grandes et volontairement laides, c'est un univers cyberpunk je vous rappelle, les belles forêts à la fin de Blade Runner Édition Producteur Puceau ça le fait pas - sont désespérément vides. C'est bien d'avoir de la liberté, mais encore faut-il pouvoir s'en servir.
C'est aussi un jeu hardcore, puisqu'on peut pas vraiment sauvegarder. La sauvegarde automatique gère un peu ça au feeling et quand tu quittes, tu sais pas trop ou tu vas reprendre. Super Mario est un jeu hyper hardcore, puisque tu peux pas sauver du tout.
Bref, c'est le bon vieux "This is not a bug but a feature".
En même temps j'aime bien.
Les puceaux disent que la sensation des armes est là. Bon, ont-il un permis de port d'arme et beaucoup d'expérience, je sais pas. Mais toujours est-il que les méchants ont des veines très apparentes puisque le moindre coup fait gicler des viscères partout et que c'est plus drôle qu'un épisode de Happy Tree Friends.
Bref, si vous n'y jouez jamais, citez Deus Ex, Syndicate et System Shock pour dire que ça ne peut pas concurrencer. Si vous êtes vraiment hardcore, mentionnez Stormtrooper (le jeu, pas le mec avec un masque à gaz) pour justifier une certaine lassitude face au genre.
J'aime, mais je ne le conseillerais à personne parce que j'aurais trop de doute sur la possibilité que ça plaise à la personne. Si j'étais honnête, je filerai un 5 rageux ou un 6 magouillé. Malgré la rage, je le finirai sans doute tôt ou tard.
CONCLUSION DANS LE TON
Deus Ex 2 était très bien. Ce jeu pas tant que ça, même si l'intention était bonne.