Développés par une poignée de frenchies dans un appartement, le titre attire d'emblée la sympathie compte tenu de son ambition. Un an après la réussite Fallout : New Vegas, et avec en ligne de mire le prometteur Deus Ex : Human Revolution, E.Y.E s'attaque donc à au genre difficile du FPS saupoudré de RPG.

Les petits gars de Streumon Studio ont pris le taureau par les cornes pour offrir un mélange bien à eux. La première chose qu'on remarque c'est que E.Y.E est avant tout un FPS, le combat est le pivot central. Heureusement pour le joueur le gameplay shoot est vif et réjouissant, les affrontements se révèlent assez intense face à une IA pas très maline mais suffisamment agressive. Les niveaux proposent en outre une architecture propice aux combats un peu tactiques (nombreux étages en terrasse ou passages parallèles), ça change des longs couloirs insipides.
En plus des environnements ouverts le joueur pourra personnaliser son avatar pour varier ses approches. A travers un système de caractéristiques et d'ajouts cybenétiques on pourra en effet choisir de s'orienter vers la brute épaisse, vers le sniper aussi fourbe qu'invisible ou vers le hacker pleutre mais qui utilise son environnement pour s'en tirer.

Un aspect personnalisation sympathique mais malheureusement assez flou dans son exploitation et ses possibilités. D'une manière général le jeu est assez mal équilibré, certain diront hardcore mais il faut bien reconnaître que c'est un peu plus compliqué que ça. On passe une partie du jeu à gagner des niveaux sans que l'on comprenne à quoi cela nous sert tant on traverse les situations sans difficulté puis arrive le moment où on se fait défoncer sans plus d'explications. C'est alors qu'on se penche sur cette partie RPG pour voir comment s'améliorer et là les choses se révèle tout de même laborieuse.
Nombre de tenants et aboutissants des différentes caractéristiques resteront par exemple sans explications (l'équilibre mental par exemple) et engendreront des morts injustes à répétition, pour pas grand chose donc. En 2011 ce n'est pas tellement hardcore, c'est surtout vraiment dommage.

Idem pour le système de sauvegarde complètement opaque. En effet on met un certain temps avant de comprendre quand et pourquoi le jeu sauvegarde notre progression. En fait il ne le fait pas, ou plutôt qu'à la fin d'un chapitre. Frustrant quand, dans un chapitre de plus d'une heure, on a quitté en croyant que le jeu avait sauvegardé la progression dans la quête pour revenir le lendemain et voir la quête redémarrer au début. Là encore une petite explication ou un feedback bien identifiable aurait été le bienvenu.
Rassurez-vous le jeu autorise une certaine tolérance à ce sujet puisqu'une mort n'est pas synonyme de "retour au point de sauvegarde". En effet le joueur dispose d'un certain nombre de "resurectors" qui se déclenchent automatiquement à la mort de notre personnage. Ils nous ramènent sur le champs de bataille modulo un bonus d'invincibilité temporaire histoire de pouvoir se planquer. Evidemment une fois le stocks de "resurectors" épuisés, on recommence tout.
Un système intéressant qui permet de pallier à l'injustice sans pour autant perdre en pression mise sur le joueur, chaque mort prend alors un poids plus important et la volonté de ne pas se rater est palpable.
Ceci dit le système manque lui aussi de finitions. Premièrement il est très difficile de savoir le nombre de "resurectors" encore disponible.
Deuxièmement chaque mort peut engendrer des invalidités permanentes. On ne nous avertis pas forcément et on ne comprends pas toujours forcément les handicaps inhérents.

Comme tout bon jeu orienté RPG E.Y.E: Divine Cybermancy se doit de proposer un univers fouillé. Mélangeant Cyber-punk et Cyber-chrétienté le titre impose assez vite une identité propre. Bien sûr l'oeil acéré du geek trouvera toute sorte de références (Deus Ex, forcément, mais aussi Blade Runner ou encore Warhammer 40 000) mais il faut bien reconnaitre qu'elle sont plutôt bien digéré et que l'ensemble jouit d'une cohérence appréciable, ce qui est toujours un plus en terme d'immersion.
Jeu "fait dans une cave" oblige il n'y a évidemment pas de cinématique, mais on s'en cogne un peu. Jeu "à l'ancienne" oblige les clés de cet univers ne seront pas offertes au joueur, il faudra fouiller les archives et discuter avec les anciens pour lever le voile opaque qui pèse sur la mythologie de cette Divine Cybermancy.
Si la démarche gênera les joueurs le plus impatients, on ne peut pas vraiment leur reprocher pur autant. En revanche, on ne peut que regretter le manque de soin apporté aux dialogues. Outre les fautes grossières (question fautes, je m'y connais !) c'est surtout la pauvreté de l'écriture qui freine, ainsi que l'humour un peu lourdingue et forcé.
Les nombreux dialogues sont donc assez pénibles à suivre et peuvent vite lasser.
Plus rédhibitoire encore, l'univers de E.Y.E parait désespérément mort. Les maps sont gigantesques et bardées de chemins annexes, tant mieux, mais elles sont vides. Vide d'activité, vide de personnages, vide d'ennemis. Un vide d'autant plus prégnant que le jeu demande de nombreux aller-retour ( la touche sprint sera votre meilleure amie), un vide qui pourra donc très vite se transformer en ennui.

Soufflant le chaud et le froid en permanence E.Y.E est un jeu peut-être un peu trop ambitieux pour les petites épaules qui l'ont créés. Pleins de bonnes idées le jeu pêche par un manque de finition certain qui se révèle vraiment frustrant face à un jeu qui se veut aussi exigeant. L'accumulation de petits soucis pourra décourager un certain nombre de joueurs tant certaines se révèle handicapantes. Le couple bug + niveaux vides est, à ce titre, assez fatal. Le fait est que le côté "mod amateur de half-life2" se fait sentir à de nombreux moments.
Pour autant ce serait une erreur de jeter la pierre à un titre qui prend des risques et qui réussi tout de même à proposer un gameplay qui tient la route. Le jeu est riche, long et propose un mode coop transparent mais il demande une certaine dose d'abnégation pour être apprécié. Vous voilà prévenu.
Vnr-Herzog
6
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le 2 sept. 2011

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