El Shaddai ça vous prend le cerveau, l'agite, joue au ping pong avec avant de finalement planter plein de petites aiguilles partout dedans. Oui, il fait n'importe quoi avec vous, un peu comme un shaman qui aurait pratiqué une hypnose très puissante sur vous. S'il décide de vous rendre ivre, vous aurez l'impression d'être saoul, s'il désire que vous soyez ébahis, vous aurez la bouche grande ouverte.
El Shaddai c'est donc une expérience sensorielle de tous les instants, un petit OVNI, un diamant taillé au marteau. Il a ses aspérités techniques, mais il offre des paysages sublimes, à la fois délicieusement barrés, divinement épurés et savoureusement colorés. Les effets glossy, shiny, luisants ou les différents filtres offrent des rendus originaux qui caressent doucement l'œil et permettent des variations très intéressantes. Une chose est sûre, la direction artistique a quelque chose de très singulier et de difficilement identifiable qui m'a frappé.
El Shaddai nous plonge alors dans une atmosphère particulièrement mystique, agrémentée de l'histoire populaire du livre d'Enoch. Contextualiser l'histoire religieuse dans notre culture est un choix on ne peut plus discutable. Mais force est de constater que les développeurs ont réussi à relever le soft avec un zeste de folie, d'incongru. Lucifer en beau gosse pendu au téléphone avec Dieu ou encore un ange déchu copie conforme de Michael Jackson, cela vaut le coup d'œil.
Bref, El Shaddai m'a retourné. Il tente des choses, et les réussit. Même s'il préfère miser sur un gameplay simple (quitte à orchestrer des phases de plateforme 2D fort sympathiques), une aventure contemplative et un scénario volontairement lacunaire, il a su me convaincre avec son esthétique à tomber par terre, ses panoramas hallucinants, son petit côté "twisted", sa très bonne mise en scène, sa bande son godlike et l'originalité de certaines phases.
Que l'on aime ou pas, il mérite d'être testé, rien que parce qu'il propose quelque chose de profondément nouveau.