Ca y est j'ai enfin terminé Elden Ring: 140 heures au compteur (commencé mi mars), après des centaines, que dis-je, des milliers de décès dans des conditions atroces conclus par ce court jingle tragicomique et presque daté "vous avez péri".
Le dernier boss m'a demandé une semaine d'essais plus au moins fructueux et l'utilisation à outrance d'un concept au coeur des mécaniques du jeu: le "farming", c'est à dire dans Elden Ring passer une partie de son temps de jeu à tuer les mêmes ennemis sans objectif si ce n'est de gagner des points ("runes") pour monter en niveau et espérer ensuite passer l'obstacle du boss récalcitrant n°x.
Le jeu est beau (même si pas au top graphiquement) et prenant, cela est une certitude. C'est rare d'être mobilisé aussi longtemps. Il y a plein de choses à découvrir, plein d'armes, de contenus permettant d'augmenter ses statistiques.
Oui car finalement, ce jeu c'est beaucoup de statistiques, de quoi ravir les publics geeks qui aiment pouvoir rationaliser leur aventure et optimiser de manière quasi-scientifique les caractéristiques de leur personnage. Pour autant le jeu est peut-être trop statistique: derrière son verni poétique, la manière plus simple d'avancer dans l'aventure est de passer des niveaux, de booster son équipement, ses sortilèges, ses inquentations, etc. C'est encore plus poussé que dans les jeux du même type: Skyrim ou The Witcher. C'est la même chose pour battre les boss: tu peux améliorer ta technique de combat intrinsèque, mais le plus simple est de faire plus mal à chaque coup en augmentant tes stats, sinon tu pourras t'acharner de longues minutes sur un boss, il te suffira d'une erreur pour te faire châtier et retrouver ce bon vieux "vous avez péri". Finalement c'est la frustration qui est le moteur de jeu: après tellement d'échecs je finis par passer l'obstacle infranchissable et cette réussite soudaine et inattendue sécrète de la dopamine dans mon cerveau, ce qui me donne envie de poursuivre... Maso vous avez dit?
Soyons honnête l'histoire est incompréhensible, en tout cas dans la manière dont elle est présentée dans l'expérience de jeu. Car oui, une fois synthétisée et compilée dans des vidéos Youtube de passionnés qui avaient déjà tout bouclé deux semaines après la sortie du jeu (on appelle ça des "nolife"?), tout parait clair et somptueux. Idem pour savoir où aller sans se faire dézinguer par le premier ennemi de base venu, ou trouver l'arme fatale qui va augmenter encore tes stats. Mais depuis quand jouer demande en parallèle autant de documentations et un véritable travail de veille?? Car je l'avoue, j'ai passé au moins les 5 premières heures de jeu à ne strictement rien comprendre à ce qu'il fallait faire et où aller... J'ai finalement allumé mon ordinateur pour savoir comment bien débuter le jeu. J'ai ensuite commencé à être productif au bout de 10h...
Et puis les dialogues sont horribles: quasiment le même niveau que Pokemon en 1997 sur game boy. J'avoue que j'ai à peine écouté les interventions des protagonistes plus froids et dépersonnalisés que mon congélateur. Sans doute aussi la côté japonais. Le monde est splendide mais peu chaleureux, on se croirait en Ile-de-France... Il n'y pas ce côté réconfortant qu'on retrouve beaucoup dans la heroic fantasy occidentale. Et d'ailleurs beaucoup aiment à critiquer les Open World UbiSoft, mais au moins il y a de l'ambiance et de la présence humaine. Tout le monde est mort??? Les villes ont été désertées pour des raisons politiques ou c'est juste le moteur graphique qui ne tenait pas le coup?? Et les seuls personnages présents veulent tous me défoncer. Je suis censé régner sur qui, sur quoi??? Du coup c'est pour ça qu'il y a un arbre tout là haut, c'est une sorte de tour d'ivoire protectrice?
En conclusion, je dirais que c'est un jeu prenant et très riche, mais qui contient aussi de gros défauts. En le terminant j'ai ressenti le soulagement de la tâche accomplie, plutôt que la nostalgie du jeu trop tôt terminé...