Vous qui entrez en ces lieux, partez avant que votre temps libre disparaisse.
Factorio est une drogue. Un sommet vidéoludique à atteindre. Un nirvana de gestion. Un pinnacle de la logistique. Bon j'lui claque 10/10 quoi.
Caisse?
Factorio est un jeu de logistique. Pas de gestion, pas de stratégie. De lo-gi-stique.
Le prétexte du jeu est simple: un ingénieur dopé aux stéroïdes s'écrase sur une planète hostile (Nauvis) et doit s'en extirper.
Pour cela, il doit miner des ressources, les transformer, les raffiner, développer des méthodes (via la recherche) pour fabriquer des biens intermédiaires qui serviront à fabriquer la fusée sur laquelle il pourra s'arracher de la gravité de Nauvis et gagner la partie.
Pour maintenant comprendre le sel de Factorio, surtout comparé à ses concurrents, il faut voir plusieurs points.
D'abord son optimisation à faire pâlir un avocat fiscaliste. Une bécane de 10 ans d'âge sur Windows XP pourra le faire tourner jusqu'à saturer l'écran de machines sans problème. Jamais un crash. Jamais un bug. Tout est parfaitement programmé.
Ses ennemis. Ah bah oui, il y a de la difficulté qui n'est pas seulement liée à l'esthétique ou à l'optimisation de ses convoyeurs. Sur un monde "de la mort" (deathworld in the text), vous êtes assailli de mordeurs et cracheurs dès les premières minutes de la partie et évidemment, munitions et murs de défense doivent être produits comme tout le reste. Une faille dans votre logistique et pouf! C'est votre base qui se fait ravager. C'est le gros bonus de Factorio comparé à Satisfactory ou Dyson Sphere Program (maintenant ce dernier a une gestion des combats, loin d'être aussi prenante que celle de Factorio mais qui a le mérite d'exister et de rendre le jeu un peu plus intéressant)
Son interface pour les mods. Les développeurs, encore très actifs, ont intégré dès le menu principal du jeu un gestionnaire de mods au poil, qui fonctionne si parfaitement qu'il permet de synchroniser à la volée un joueur qui voudrait rejoindre une partie avec un mod qu'il ne possède pas. Une foule de fanatiques crée et met régulièrement à jour une montagne de mods qui relancent encore l'intérêt du jeu, je reviendrai sur ce point.
Son système multijoueur. On ne sait pas encore combien de joueurs peuvent s'agglutiner sur le même serveur, personne n'a encore atteint la limite haute. Le jeu a une saveur particulière en multijoueur, puisqu'il est possible de jouer en coopératif ou en compétitif.
Il est parfaitement possible de finir Factorio en moins de 10 heures: un trophée récompense même les joueurs arrivant à terminer une partie en moins de 8 heures. Bon d'accord il faut être rôdé pour en arriver là, mais c'est possible. Un joueur lambda finira sûrement sa première partie en une cinquantaine d'heures.
Et c'est là qu'on arrive à cracktorio.
Si une seule première partie, sans compter l'excellent tutoriel sorti avec la V1, dure 50 heures, il est aisé de comprendre comment certaines critiques sur Steam ont des profils dépassant allègrement les 5 000 heures, sachant que chaque partie est différente.
En effet, tous les terrains de jeu sont générés aléatoirement et les réglages pour chaque partie peuvent être ajustés à la densité de chaque ressource près. Tout cela permet au débutant de se faire la main sur un monde facile avec peu d'ennemis et beaucoup de ressources et au joueur chevroné d'aller faire le masochiste sur un terrain avec 0.1% de chance d'avoir du pétrole tout en ayant des millions d'ennemis à 2 mètres de son lieu de crash.
L'interrupteur à dopamine du jeu repose sur ses convoyeurs. Une machine mine ou crée un objet, qui sera déposé via une pince (inserter in the text) sur l'un des deux côté du convoyeur. Ce convoyeur apportera l'objet en bout de ligne s'il n'est pas saisi par une autre pince sur le chemin (ou démoli par un insecte géant cracheur d'acide). Et c'est ce cheminement d'objets vers son inexorable destruction en tant que fiole de recherche ou munition qui rend ce jeu si plaisant.
Les convoyeurs ne vous font pas vibrer? Le jeu a des trains. Des trains qui se servent de signaux ferroviaires précis, qui permettent une automatisation de la logistique ferroviaire pour transporter rapidement un paquet de ressources sur le réseau. Les trains sont littéralement un jeu dans le jeu, les maîtriser parfaitement devrait vous permettre de postuler à la SNCF et de vous faire virer pour perfectionnisme.
Les trains ne vous font pas vibrer? Le jeu a aussi des drones. Des petits robots qui peuvent se charger du transport de ressources ou carrément de la construction des usines à votre place. Et le jeu permet de créer des plans complets d'une usine, qu'on copie puis colle et les robots feront la construction. Des joueurs ont des bibliothèques complètes de plans pour faire des usines de A à Z selon une mécanique parfaitement huilée, en prenant en compte toutes les possibilités de terrain et la probabilité d'avoir des ennemis sur la zone de construction.
Les drones ne vous font pas vibrer non plus (bande de difficiles)? Le jeu a des connecteurs logiques pour faire de la programmation fine. La "redstone" locale. Je ne peux pas vous définir le nombre de choses possibles grâce à ces interrupteurs, combinateurs, calculateurs logiques, mais sachez que des joueurs ont lancé Super Mario Bros à l'aide de lampes de couleur dans le jeu.
Normalement, à ce stade de la critique, vous êtes soit en train de baver, soit révulsé.
Pourquoi Factorio doit, à terme, remplacer tous vos autres jeux
Factorio ne se finit jamais. Il y a toujours un défi à se lancer, une usine à paufiner, une manufacture à accélérer, un gisement à aller extraire. Et si vous en avez vu assez? Il y a des mods. Des centaines de mods.
J'ai personnellement lancé quelques mods à force de jouer et je vous fais une liste de mods complexifiant le jeu, dans l'ordre de complexification:
Krastorio 2. C'est un mod qui ajoute beaucoup au jeu original tout en respectant extrêmement fidèlement le principe de base. Je ne joue plus jamais sans lorsque je ne me sers pas des mods suivants, tant il est réussi.
Industrial Revolution 2: Totale refonte de la plupart des éléments du jeu, tout en restant du Factorio. On commence la partie avec des manufactures à vapeur en cuivre, ce qui est vachement classe et les bâtiments du mod sont vraiment beaux.
Rampant: Pour les masochistes du combat. Il se cumule très bien avec Krastorio 2. C'est un mod qui rend les ennemis extrêmement difficile à repousser, certaines vagues étant continues.
Bob/AngelBob: Une refonte du jeu de base qui complexifie et change les règles du raffinage et de construction. Mon unique partie, alors que j'étais vétéran, a duré 90 heures, pour donner une idée.
Space Exploration + Krastorio 2. Ajoute une toute petite dimension de rien du tout au jeu: la possibilité d'aller coloniser d'autres planètes. Pas une ou deux, mais des milliers d'autres planètes, lunes ou astéroïdes. Un mod extrêmement long mais passionnant. Capable de pousser à bout les limites de l'optimisation du jeu.
Seablock + AngelBob. On commence sur une minuscule île sans une ressource et il faut faire un polder géant. Extrêmement long également.
Pyanodon. J'ai lancé une partie, je regrette. La durée moyenne d'une seule partie avec l'intégralité des mods Pyanodon est de 1 000 heures. Adieu.
Notez que Factorio n'est jamais en soldes, ce qui est la politique de Wube, le studio du jeu. Et si vous vous lancez, achetez le jeu sur le site officiel afin que tous les bénéfices lui soit réversé, il le mérite bien! Vous ne pensez pas qu'il vous plaît? Il y a une démo sur le site ou sur Steam.
L'usine doit s'étendre.