De la comparaison avec son aîné
Fallout New Vegas fait partie de cette liste de jeux, avec son compère Oblivion notamment, sur lesquels j’ai pu passer plusieurs dizaines d’heures, mais dont la sauvegarde a malencontreusement disparu suite à une mauvaise manipulation. Oui, vous avez peut-être vous aussi déjà vécu cette tragédie, que même Sophocle ou Euripide n’auraient pas osé écrire, où en se hâtant immodérément au moment de sauvegarder vous appuyez sur la manette comme un sourd, comme si vous aviez le feu au fesse et remplacez ainsi votre sauvegarde chérie par celle d’une nouvelle partie. Ensuite, évidemment, vous pleurez toutes les larmes de votre corps et essayez de vous tailler les veines dans votre baignoire, ou dans un endroit semblable si vous êtes un étudiant comme moi et que vous vivez dans la promiscuité et la misère commune à nombre de mes semblables.
Pour autant, quand un ami vous dit qu’il est entrain d’y jouer, que vous êtes en vacances, dans l’oisiveté la plus totale, vous cédez à la tentation, et au prix modique du jeu, pour replonger dans l’aventure…
Benjamin Franklin disait naguère qu’en ce monde rien n’est certain à part la mort et les impôts. J’ai envie de rajouter un troisième point. Une chose est sûre, c’est qu’en (re)jouant à Fallout New Vegas, la claque graphique est assurée. Non point une baffe comme certains autres jeux comme The Last of Us, Gears of War, Uncharted et d’autres ont pu en mettre, mais une d’un tout autre genre. Une qui fait mal aux yeux, que l’on ne prend pas plaisir à recevoir. Car oui Fallout New Vegas était déjà laid graphiquement en 2010, mais 4 ans après et sur une troisième partie, ça choque toujours autant. Evidemment, quand on sait que le moteur du jeu est le même qu’Oblivion sorti en 2006, on comprend mieux. Techniquement parlant, rien n’est réussi. Les textures sont baveuses, pas détaillées pour un sou, les animations sont toujours aussi rigides avec ces personnages semblant avoir un balai coincé dans l’arrière-train, les célèbres zooms sur le visage inexpressif de nos interlocuteurs lors des discussions sont toujours d’actualité …
Bref je ne vais pas vitupérer avec insistance le jeu sur ce point et faire une énumération exhaustive de toutes les tares visuelles sinon ça va nous prendre du temps …
En dehors de ces problèmes, New Vegas est doté d’une patte visuelle personnelle qui le différencie de son prédécesseur. Bien entendu, il est toujours question d’un environnement post apocalyptique semi désertique, mais là où son devancier offrait un visuel bleuté et vert, son grand frère préfère les couleurs chaudes aux froides, ainsi le jaune, l’ocre se font légion. On peut ainsi dire au revoir à la côte est des Etats-Unis et bienvenu au Nevada et son décor désertique et montagneux (pourtant rassurez vous, au niveau du design, on ne gagne pas forcément au change, mis à part la zone centrale du jeu).
Pour ce qui est du contenu du jeu, le plus important au demeurant, il est appréciable de constater que le studio d’Obsidian a pris acte des retours faits par les joueurs de Fallout 3. Car en effet, ce dernier a beaucoup déçu de par sa narration, avec une trame principale famélique, dénuée d’intérêt, vraiment peu accrocheuse, ce qui a amené nombre de joueurs à se concentrer sur les très bonnes et nombreuses quêtes annexes que proposait le jeu. Ici point de problème semblable, la quête principale reste accrocheuse tout du long et profite d’un background attrayant.
En fidèle collègue de Jason Statam, coursier de notre état, laissé pour mort par une bande d’aigrefins, qui nous ont occis alors que nous étions en chemin pour Vegas afin de remettre notre colis à un certain M. House. Nous nous réveillons au début du jeu chez un brave médecin qui nous aide à nous remettre sur pied. Une fois passé les étapes de création de personnage, très semblables au système de Fallout 3, nous sommes lâchés dans ce monde sauvage avec pour objectif de retrouver le faquin qui osa nous tirer dessus et retrouver ce fameux jeton que nous transportâmes alors. C’est alors que nous arrivons à Vegas, le pôle central du jeu (qui remplace en quelque sorte le Washington de F3) et où le scénario prend une nouvelle dimension… Mais entre-temps vous aurez tout le loisir de vous promener tranquillement sur la carte (très fournie) tout en effectuant les nombreuses quêtes annexes disséminées un peu partout. Encore une fois, rien n’est imposé.
Constitutif du scénario, un des points les plus appréciables de New Vegas est l’incorporation de plusieurs factions avec lesquelles nous pouvons plus ou moins interagir, ce qui rend l’univers du jeu bien plus riche et immersif. Certes, dans Fallout 3 on avait eu l’occasion de rencontrer la Confrérie de l’Acier et l’Enclave mais les interactions restaient véritablement mineures. Ici deux factions principales s’opposent, la RNC, sorte d’armée américaine, et la Légion, reliquat d’armée « romaine » avec à sa tête le méphistophélique César souhaitant tout ravager sur son passage. Outres ces deux factions que l’on croisera régulièrement au cours de nos pérégrinations, il existe moults groupuscules avec qui nous pourront soigner, ou pas, nos relations, le tout fonctionnant d’après un système de réputation.
Ainsi dans Fallout New Vegas vous n’avez pas un chemin à suivre obligatoirement, c’est à vous de décider pour qui vous allez rouler, à moins que vous ne souhaitez vous allier qu’à… vous-même.
Concernant la tonalité du jeu, à sa sortie j’avais ouïe dire que le dernier né de la série des Fallout retrouve quelque peu le côté irrévérencieux, provocateur, de ses confrères d’alors, que je n’ai pas faits malheureusement). Une chose est sure, le ton général du jeu, dans son univers, ses dialogues, ses quêtes, ses personnages, est beaucoup plus mature que Fallout 3. En effet, là où son collègue était plutôt sage, posé, ce dernier se montre beaucoup plus déjanté, avec un humour plus incisif, cynique et satirique.
Pour ce qui est du gameplay, on note très peu de différences fondamentales avec son ainé (toujours une combinaison entre vue FPS et système du SVAV et impact de ses compétences). On peut par contre noter tout de même quelques petites améliorations, notamment en ce qui concerne les combats au corps à corps, bien mieux développés que dans F3, ou encore une modification de l’aptitude aux discours et il est alors bien plus simple de remplir des missions sans violence ou de retourner certains personnages lors de joutes verbales.
Pour ce qui est de la difficulté, est-il plus simple ou non que son aîné, la réponse n’est pas tranchée. Contrairement à F3 le système de compétence freine un peu l’évolution de votre personnage, avec un gain d’aptitude tous les deux niveaux et non tous les niveaux comme précédemment, ce qui évite de multiplier de manière hâtive vos compétence. De même le système de gestion des ennemis propre à F3 a évolué, niveau changeait au fur et à mesure que votre personnage montait en niveau, alors que dans FNV le niveau des ennemis est zoné. Ainsi si vous souhaitez partir faire l’aventurier dans certains endroits déconseillés au départ, libre à vous, mais ça va vite se corser. Dans un sens, NV est donc plus corsé que F3. Pour autant, si vous souhaitez bénéficier de l’amélioration du système de compagnons et voyager à deux, là, le jeu devient subitement très aisé, en particulier si votre compagnon est un fameux sniper au béret rouge, qui se charge tout seul d’éliminer vos ennemis sans que vous ne mettiez la main à la patte. Tout compte fait, la difficulté change beaucoup selon votre façon de jouer (et bien entendu, selon le niveau de difficulté choisis et l’activation ou non du mode hardcore).
A part la question des graphismes, ais je des choses à reprocher à ce Fallout New Vegas ? (mais ne dit on pas que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleurs confitures ?) Rien de très important en fin de compte. Certes, j’aurais voulu que le jeu soit encore plus long (bien qu’il propose déjà des dizaines et des dizaines d’heures de jeu), propose plus de quêtes secondaires, plus de lieux à découvrir, plus de villes (et pas juste des patelins avec 3 maisons et deux brahmines), que le niveau maximum soit moins bridé, une BA plus marquante (attention, elle reste de qualité, mais moins grandiose que celle de Fallout 3), moins de bugs (en effet) etc etc
Donc tout compte fait, que des petits points pour pinailler. Car oui, pour moi ce Fallout est tout bonnement un des meilleurs RPG-Action de la dernière génération de console. Et même plus simplement, une des petites pépites de l’ère Xbox 360-PS3.