Fantavision !
Eh oui. Lors de la sortie de la PS2, alors qu'elle devait exposer ses gros muscles et montrer ce qu'elle avait sous la coque, il y avait Fantavision. Pas son plus grand fait d'arme... Car il s'agit...
le 12 janv. 2019
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Le lancement de la PS2 en 2000 est aujourd’hui considéré comme une réussite de la part de Sony qui avait su mêler un marketing agressif avec les attentes du public. C’est oublier un peu vite qu’il y a eu des mécontentements et des critiques très fortes faites vis-à-vis de cette console. Le line-up était décrié : des suites paresseuses, des titres sans saveur. La console se vendait par pelletées grâce à son nom, pas à ses jeux. La qualité de la conversion de certains titres de la Dreamcast vers la PS2, comme Dead or Alive 2, était pointée du doigt. Où était la puissance tellement vantée ? Évidemment, il fallait du temps pour que les équipes apprivoisent le moteur de la bête, jugé alors compliqué à maîtriser. Et puis, au milieu de toutes ces critiques, il y avait une boutade, un titre dans le line-up qui attirait vers lui toutes les moqueries : Fantavision, cette « simulation » de feux d’artifice. Décrié par ceux qui n’y avaient jamais joué puis oublié très rapidement, peut-être est-il temps de le remettre sous les feux (d’artifice?) des projecteurs.
Pour mieux dissiper le flou qui règne autour de ce jeu et mieux apprécier ses charmes, il faut préciser que sous ses airs de puzzle game, il s’agit avant tout d’un jeu à points. Il y a bien une progression divisée en plusieurs niveaux mais le nerf du jeu c’est le score. Le jeu est basé dessus, dans la recherche du meilleur high score grâce à un système particulièrement stimulant.
Fantavision est un jeu où il faut faire exploser des feux d’artifice en vol. Ça ne paraît pas très attrayant mais la façon de le faire est particulièrement intéressante. Au tout début de chaque partie, il y a un point, au centre, c’est l’indicateur. Autour de ce dernier, vous pouvez faire tourner une ligne. Une fois les premières fusées lancées, il faut déplacer cette ligne vers une fusée qui devient alors l’indicateur puis sélectionner au moins deux autres fusées mais de la même couleur. Au bout de trois fusées capturées, il est possible de les faire exploser. Voici pour les bases mais les subtilités de ce jeu sont très nombreuses.
Il est ainsi possible de faire des séries de plusieurs couleurs à la condition que la troisième fusée attrapée en soit une multicolore, une rosace, ou bien un bonus. Il est possible de faire un certain nombre de séries mais il ne faut pas oublier que les fusées ont dans le ciel une durée de vie limitée. Si le joueur ne les fait pas exploser, elles s’éteignent d’elles-mêmes. Dans ce cas, l’indicateur de jeu baisse et à zéro, c’est la fin de la partie.
Mais si ces fusées sont explosées, elles explosent alors en différents feux d’artifices : pivoine, champignon, marguerites, saule, etc… Outre la variété de leur aspect visuel, c’est leur portée qui est avant tout déterminante dans le jeu. En effet, chacun de ces feux explose pendant un certain temps et sur une portée précise, ce qui permet de faire exploser automatiquement les fusées de la même couleur que le feu d’artifice. De plus, cela entraîne un combo, même s’il est possible d’en réaliser aussi avec des explosions provoquées.
Des bonus sont présents, une jauge remplie spéciale permet de relier des fusées de différentes couleurs et d’autres subtilités sont encore présentes comme la possibilité de capturer puis libérer une fusée pour qu’elle dure plus longtemps mais je vous en fais grâce. Fantavision offre au joueur, à condition qu’il s’y implique, un excellent feeling. Le but du jeu est de finir chaque niveau : pour cela, il faut survivre tout le temps qu‘il dure. Ce qui passe obligatoirement par l’explosion de la grande majorité des fusées, l’idéal étant que toutes le soient. Ce n’est pas toujours facile parce qu’il arrive que certains tirs de fusées compliquent l’ordre des séries, des sortes de petits pièges, cadeaux des développeurs. Ou bien parce que le joueur, grisé par une occasion, s’est laissé entraîner dans plusieurs séries en oubliant de faire exploser les premières. Le jeu motive le joueur qui voudrait faire des points mais le punit lorsqu’il est dépassé par ses ambitions. Tout cela est aidé par un système efficace et bien travaillé, qui dévoile au joueur ses petites subtilités et qui permet de jouer de plusieurs façons. Vais-je essayer de capturer le plus de fusées possibles avant de les exploser, tenter de faire des séries de couleurs ou bien des chaînes d’explosion ? Les premiers pas sont difficiles mais la marge de progression est bien là. D’autant plus que le rythme est soutenu et parfois traître, surtout si on ne prend pas garde à l’affichage en bas de l’écran qui indique les futures fusées.
Un des autres charmes de Fantavision est son ambiance, étrange. Comme ces films avec de réels acteurs qui montrent au joueur des adultes et des enfants dans des décors et des vêtements rappelant l’Amérique des années 1950, décennie dont le pays est très nostalgique. Il faut aussi faire attention aux différents niveaux qui se succèdent puisque le cadre passe de la terre ferme à l’espace jusqu’à une cité lunaire puis…Surprise. Fantavision n’est donc pas à proprement parler une « simulation » puisque des fusées continuent d’être lancées d’on ne sait où pour exploser dans un espace qui dans la réalité ne peut pas le permettre. Bien que rien ne l’indique, il y a bien une histoire dans ce jeu, que les décors tentent de raconter ou du moins d’en fournir des pistes. Car même à la conclusion de tout cela, Fantavision garde sa part de mystère. Le jeu est bien loin de l’imagerie traditionnelle de bête simulation de feux d’artifice qu’on veut lui attribuer.
Fantavision n’a pas été apprécié, malgré ses qualités, ni par les joueurs (qu’ils l’aient essayé ou pas) ni par la presse. Comment expliquer cela? Certainement parce que le jeu tranchait avec les attentes des joueurs et avec les discours officiels des responsables de Sony de l’époque. Un comble, quand on sait que ç’est un jeu développé par les studios de la compagnie. Sony pre-vendait sa future console par de nombreuses déclarations chocs sur son hardware. La PS2 était la technologie de demain avec son lecteur DVD et ses prouesses technologiques. Le marketing promettait non seulement plus de polygones mais aussi une certaine intelligence de la machine, capable même de simuler les émotions. Puis Fantavision sort et le public s’interroge. Ce produit, made in Sony, n’est pas livré avec les promesses made in Sony. Les arrière-plans sont certes travaillés et le jeu très beau avec ses feux d’artifices colorés sur l’écran mais tout cela apparaît comme de la poudre aux yeux, comme une démo technologique qui n’aurait pas dû avoir l’ambition d’être un jeu. Il est même accusé de manquer d’audace technique (mais comment et pourquoi faire plus?) alors qu’il remplit visuellement son contrat pour les mirettes en mal de 14 juillet.
D’autant plus que le système de jeu déplaît. Il apparaît comme un reliquat d’une autre époque, celle des jeux d’arcade et du scoring, que l’ère Playstation a rendu désuet. Avec la technologie tant vantée, les joueurs attendaient un gameplay à la hauteur, tout autant révolutionnaire que les promesses de Sony dans les possibilités de la console. Le public ne veut finalement pas de Fantavision. Son système de jeu est réduit à sa plus simple impression, accusé d’être répétitif, sans toutes prendre en compte toutes les subtilités qui en font un jeu à part.
Mal compris, décrié et moqué, Fantavision est un peu le petit canard de l’époque. Tant pis aussi pour les modifications apportées pour la version occidentale, comme la nouvelle bande son ou le mode deux joueurs, repris ensuite dans une nouvelle édition au Japon. Il est vrai que la décision de Sony de le vendre à 60 euros (parce qu’un jeu PS2 ça ne se « brade » pas, c’est ça ?) n’a en rien aidé les choses. Peut-être est-il temps de dépoussiérer ce jeu et de le re-estimer à nouveau. En effet, avec l’essor des catalogues de jeu en ligne, la variété est à nouveau appréciée, les petits jeux sont autant appréciés que les plus grands. Fantavision pourrait connaître une seconde jeunesse sur le Playstation Store. 2001 n’était certainement pas la bonne époque pour que Fantavision soit apprécié à sa juste valeur. Et maintenant ?
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Créée
le 14 oct. 2010
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