Far Cry 2 avait beaucoup fait parler de lui, et était au final décevant. Déplacements ennuyeux, ennemis idiots, mais trop collants, gunfights mollassons et scénario stéréotypé et inintéressant, je n'avais pas du tout apprécié l'expérience. Et ce malgré des qualités certaines, et qui auraient mérité d'être mieux exploitées : un environnement cohérent, vaste et varié, de nombreuses possibilités pour aborder les missions et un système de vie intéressant, compromis entre la regen' à la Call of et les FPS à l'ancienne.
Et comme souvent ces dernières années, Ubisoft a appris de ses erreurs, et propose un jeu qui corrige la plupart des défauts de son ainé, tout en gardant ses principales qualités.
Far Cry 3 est grand, beau et passionnant à parcourir. Les deux îles ont une topographie cohérente, sont peuplées d'animaux plus ou moins hostiles ainsi que de terrifiants pirates qui effectueront des rondes un peu partout, apportant un côté risqué à l'exploration. Enfin, théoriquement, parce qu'une fois les camps ennemis capturés, ces braves pirates ne reviennent plus (contrairement à Far Cry 2), et au fur et à mesure de la progression, l'ile devient de moins en moins hostile. Un peu dommage quand même, parce que les camps ennemis sont justement extrêmement fun à prendre : il y a toujours de nombreuses possibilités d'approches, et chaque camp est vraiment unique tant leurs situations géographiques sont variées. Un camp sur pilotis au bord de la rivière ? Un bon cocktail molotov sèmera la panique en faisant naître de belles flammes (oui, le moteur de gestion du feu est conservé). Un tigre enfermé au sein d'un camp ? Sa libération aura tôt fait de purger le camp de ses soldats.
Et au final, se balader dans Far Cry 3 devient un réel plaisir, tant les possibilités sont grandes, entre la prise des camps, la capture des tours de guet (beau c/c de A'sC niveau mise en scène), les diverses missions annexes (qui n'ont pas le mérite d'être bien scénarisées, mais proposent des objectifs rigolos) et la chasse. En fait, la chasse est peut-être la partie du gameplay la plus inattendue et la plus jouissive. Observer de loin la brave chèvre avant d'approcher doucement, puis de lui tirer une flèche dans le bide, ça a quelque chose d'épique. Mais quand on se bat carrément avec un crocodile, ou qu'on massacre du requin au shotgun avant d'aller le dépecer au fond de l'eau en craignant d'en avoir attiré d'autres, je pense que je peux carrément parler de grand moment vidéoludique. Les animaux sont même plus intéressants à tuer que les humains, tant leurs comportement peuvent être incohérents, instables et bien plus difficiles à anticiper. Certaines bestioles (ours, tigre) seront même excessivement dangereuses, et les combats n'en seront que plus épiques.
Tout cela est bien cool, mais au fond pourquoi se promène-t-on sur les îles Rook ? Parce que Jason Brody et ses potes voulaient faire la teuf sur des iles paradisiaques, et qu'ils sont tombé sur un os. Du nom de Vaas. A la fois ma plus grosse déception du jeu, et l'un des éléments que j'ai préféré. Vaas était au coeur de toute la com' sur le jeu, et son visage était dans chaque trailer, chaque pub et est même sur la jaquette. Et au fond, ce n'est qu'un personnage très secondaire, un vulgaire sous-fifre sous exploité, alors que pourtant on nous le présente comme un personnage important dès le début, et qu'on en tombe vite amoureux. Le mot est fort, mais que ce soit son look, sa voix (un doublage exceptionnel) ou ses plans, tout le rend démoniaque, et vraiment très charismatique. Et pourtant, le jeu est avare en Vaas, et on ne peut que regretter qu'Ubisoft ne l'ait pas exploité davantage, tant les autres persos (pourtant loin d'être ratés) semblent peu intéressant à côté.
Et donc, Jason Brody va devoir rechercher ses amis, perdus ou détenus aux quatre coins de l'ile. Pour ce faire, il aura l'aide d'une tribu locale, qui tentera de le transformer en guerrier tribal sanguinaire. Et le scénario se limite à peu près à ça. Un peu court, même si l'évolution psychologique de Jason devient particulièrement intéressante (il en arrive à commettre des actes affreux, il ne sait plus pour qui il souhaite se battre et il semble parfois touché par la folie. Ce qui donnera lieu à des scènes particulièrement réussies d'ailleurs. Mais globalement, on tombe un peu trop dans le modèle GTA, avec un héros qui se fait trimbaler aux 4 coins du monde pour effectuer les basses besognes, sans toutefois avoir l'intelligence et la pertinence des dialogues Rockstar. Ce n'est donc pas le scénario qui poussera à jouer.
Et encore moins la quête principale. Je suis dur, mais elle est relativement inintéressante. Variée, et réservant quand même son lot de moments glorieux (la fin, miam), elle tombera souvent dans les rouages du FPS moyen et peu inspiré. Des objectifs banals "protège la zone pendant que je répare un truc", "va poser 5 bombes à 5 endroits stratégiques du campement", "protège ce PNJ idiot qui ne sait pas se mettre à couvert". Le tout reste plus ou moins agréable à jouer, mais est vraiment gâché par l'excès de scripts qui limitent parfois trop la liberté et les possibilités. Dommage. Sans compter les missions "Uncharted", dont le level design est raté, couloiresque et qui sont vraiment ennuyeuses (mais proposent de jolis environnements au moins).
Au final, Far Cry 3 a du mal à tenir la durée, après une dizaine d'heures fantastiques, le rythme s'essouffle. La faute au scénario qui perd en intérêt, aux missions qui commencent à devenir répétitives et au gameplay qui ne se renouvelle plus assez. Et pourtant, l'aventure était si belle, si dépaysante, si amusante. Le jeu mérite quand même d'être fini, pour son final émouvant et explosif (la chevauchée des Walkyries est bien placée), et plus globalement, d'être joué, pour sa mise en scène et toutes ses possibilités de gameplay. Clairement un bon jeu, mais qui aurait gagné à être plus court.