Le roi de la jungle est arrivé.
Fin 2008, Ubisoft nous avait laissés un peu sur notre faim avec un second volet mi-figue mi-raisin. On appréciait volontiers cette philosophie « monde ouvert », mais nettement moins le Gameplay répétitif qui en découlait. Et pourtant si l’on y réfléchit bien, Far Cry 3 ne serait sans doute pas le jeu qu’il est aujourd’hui sans son grand frère, cette tentative ratée ayant servi de brouillon au studio montréalais. Paix à son âme.
J’ai toujours approché Far Cry comme un jeu « vitrine technologique » qui en a plus dans son moteur que dans son contenu. Je me demande d’ailleurs si Ubisoft va un jour chercher à poser une histoire définitive au titre ou s’ils souhaitent s’en servir comme un pot de pâte à modeler géant avec lequel ils font un peu ce qui leur est égal. Dans le premier on castagnait parfois des monstres sur une île paradisiaque, dans le second on faisait flamber des Africains dans une jungle marron-moche et voilà donc Far Cry 3 qui tente de marier le meilleur des deux mondes, sans oublier de virer les monstres et c’est tant mieux.
On incarne le bien nommé Jason qui se retrouve capturé avec son frère Grant par le grand méchant qu’on a vu un peu partout depuis l’annonce du jeu, le très charismatique homme à la crête : Vaas. Évidemment on arrive à s’échapper, mais le destin frappera votre frère et vous invitera gentiment à continuer votre fuite en solitaire, à la recherche de vos amis et votre petit frère Riley.
J’ai cru comprendre que certains reprochaient au jeu sa simplicité scénaristique, ce qui à mon avis tient plus de la qualité que du défaut. On incarne un mec lambda (en plus musclé quand même) d’une vingtaine d’années totalement déboussolé par ce qui lui arrive. Il est effrayé, surement un peu fragilisé par les évènements, mais déterminé à aider ses amis au péril de sa vie. Cette simplicité est bienvenue et favorise grandement l’identification du joueur au personnage et son implication dans les choix qu’il devra faire durant la campagne solo.
Cependant, une chose me dérange, et c’est le cas dans trop de FPS à mon goût. On débute l’aventure avec un jeune gars terrifié qui sait à peine se battre et qui n’a jamais tiré avec une arme de sa vie. Mais dès que l’on prend une arme en main, notre personnage se transforme en soldat maniant, rechargeant et tirant avec son arme comme un vrai guerrier, sans oublier son aisance au maniement de la machette tel un ninja de la jungle. Moi ça me dérange, ça casse l’immersion. Rien n’empêche les développeurs de montrer un personnage en galère pour recharger, pour viser ou pour tirer. Qu’est-ce qui empêche le personnage d’être sonné après ses premiers coups de feu ? Qu’est-ce qui empêche le personnage d’enrayer ses armes les premières heures de jeu ? À mon avis ce sont les joueurs, exigeants et intransigeants.
Si la première partie peut sembler monotone et classique, la seconde partie du jeu prend toute son ampleur avec des combats hallucinants et hallucinés. Des choix moraux s’intercalent entre deux péripéties, questionnant le joueur sur son humanité, le mettant ainsi mal à l’aise, contraint par la mort qui pèse sur ses épaules de faire des choses difficiles. Et puis on s’attache aux personnages, du moins plus que dans les anciens volets… en même temps ce n’est pas dur…
La fluidité du Gameplay est un réel bonheur. On saute, on grimpe, on nage, on vole, on chasse, on glisse avec une telle fluidité, que c’en est jouissif. C’est bête, mais rien que le fait de pouvoir freiner sa chute d’une pente un peu trop glissante, est une idée qui change complètement sa façon d’appréhender ses voyages à pied, fallait y penser. À ça viennent s’ajouter des véhicules terrestres et maritimes tous parfaitement contrôlables au clavier comme au pad. Un accent a été mis sur l’infiltration, aidée par une jauge de détection directement empruntée au dernier Hitman, c’est une bonne chose. Cela permet au joueur de se la jouer bourrin, butant tout le monde à la Machine-gun aussi précise que bruyante, ou justement de la manière douce et discrète avec son sniper silencieux perché sur une colline.
On retrouve la même recette présentée à l’époque de Far Cry 2 ; des positions de la carte sont aux mains de l’ennemi, au joueur de les reprendre débloquant ainsi des missions, des armes et un point de voyage rapide au passage. Sur ce point Far Cry 3 n’a pas à rougir, il propose un contenu tout à fait conséquent comprenant des missions de chasse à l’homme ou d’animaux, de courses en véhicules, de recherche d’objets rares ou encore de défis vous opposant ainsi au score de vos amis. Un système de Crafting ou confection a été implémenté, donnant un peu plus de profondeur au Gameplay, mais entaché par une interface console peu pratique et des objets à créer inutiles (certaines seringues) dont on se passe royalement.
Contrairement aux autres volets, on retrouve ici trois arbres de compétences plutôt complets et appréciables. Ils permettent entre autres au joueur de débloquer des actions spéciales, mais le tout ne donne pas une réelle impression d’évolution en puissance. J’ai eu du mal à ressentir cette progression qui a fait passer le personnage du mec banal tout frais, à cette machine à tuer qu’il est à la fin. Le système de progression est certainement très bien calculé pour que le joueur ne s’en aperçoive pas, il n’en reste pas moins que l’impression d’évolution reste trop faible à mon goût. On a plus une impression d’évolution dans la morale du personnage que dans ses compétences.
Parlons également de la qualité technique du jeu. Il n’impressionne pas vraiment par son gap graphique avec l’épisode précédent comme avait pu le faire le second volet à son époque, mais on reste dans du haut niveau tout de même, enfonçant ainsi encore plus certains titres du genre sortis récemment. Les paysages sont magnifiques, la jungle omniprésente est éblouissante de réalisme, on se surprend même à épier, caché derrière des feuilles, des animaux qui vivent leur vie, qui chassent pour se nourrir… c’est du très lourd. Seuls quelques défauts de Popping disgracieux assez flagrant sautent aux yeux, voire même quelques saccades, mais globalement c’est stable et jouable à plus de 60 images par seconde en élevé (j’ai un PC de bourgeois aussi, ceci explique cela).
Le doublage français n’est pas en reste, même si l’acteur qui incarne Vaas a une voix assez contrastée par rapport aux autres doubleurs professionnels, le charisme est là et surprend souvent le joueur. Même si l’accent américain de l’acteur est très appréciable, il faut reconnaitre que cette version française est bonne, si on met de côté quelques dialogues qui tournent en boucle un peu trop souvent dans les camps rebelles.
J’aimerais terminer par mon encouragement à Ubisoft pour sa plateforme Uplay qui s’avère au final très intéressante, proposant du contenu supplémentaire gratuit (mineur pour le moment) déblocable en fonction des points acquis en complétant les succès du jeu, une sorte de double récompense. C’est bien vu les mecs et c’est autre chose que l’inutile Origin d’Electronic Arts.
En bref, si vous cherchez un jeu bien joli, accompagné d’un scénario particulièrement convainquant et plein de violence, d’une durée de vie conséquente et d’un Gameplay fluide et plaisant, Far Cry 3 est le FPS de cette fin d’année à ne pas manquer.