On prend les mêmes et on recommence : voilà une expression qui, plus que jamais, pourrait constituer le mantra lamentable d’Ubisoft. Si l’éditeur sait y faire quand il s’agit de marketer ses jeux, force est de constater que, malgré les maigres espoirs que l’on pouvait nourrir, « Far Cry 6 » est finalement un jeu fainéant qui accuse le poids des années. C’est une expérience datée et ratée. Courir (ou conduire), tirer, collecter : c’est la boucle de gameplay qui se répète inlassablement sans une once de créativité.
Manette en main, on a la méchante impression que la formule n’a que très peu évolué depuis l’épisode 3. On joue sans cesse au même jeu de mouture en mouture avec quelques légères modifications mais, finalement, en dehors du cadre, qui est LE changement principal à chaque nouvelle itération, on éprouve cette triste sensation de parcourir un jeu qui serait resté bloqué dans une décennie lointaine. Ça sent fort la naphtaline et ce n’est pas l’utilisation d’un acteur de renom en guise de méchant qui y changera quoi que ce soit.
La formule est non seulement éculée mais, pire encore, elle est devenue totalement ennuyeuse. Je l’avoue : la manette m’est tombée des mains après une dizaine d’heures. Je me suis accroché. En vain ! Quel supplice !
Pourtant, avec l’épisode 5, Ubisoft avait su maintenir mon attention. Serait-ce donc la preuve que le manque de renouvellement n’est pas nécessairement préjudiciable ? Sans doute. Le problème, c’est que rien ne va dans ce « Far Cry 6 ».
Le scénario, qui partait pourtant sur des bases intéressantes, est grotesque. Il alterne sans cohérence des moments tragiques, résolument sombres, avec des séquences humoristiques. Ce n’est pas tant que chaque élément est raté séparément (j’ai beaucoup aimé le personnage de Juan, par exemple) ; c’est juste que ça ne fonctionne pas ensemble !
A cela s’ajoute une IA totalement aux fraises, les traditionnels bugs de lancement plus ou moins handicapants (c’est assez rageant de voir un PNJ que l’on doit suivre pour progresser dans une mission de figer), les missions répétitives, des nouveautés qui n’en sont pas et qui s’avèrent souvent inutiles (coucou l’alligator et ses potos) et, comble de l’horreur, une réalisation totalement indigne des consoles de nouvelle génération. Là aussi, Ubisoft paie le choix de la fainéantise. Dès les premières minutes de jeu, il n’y a non seulement aucune réelle évolution graphique mais, pire encore, on reconnaît la patte technique et visuelle propre au moteur désuet du studio. On n’en peut plus de ces textures qu’on traîne depuis des épisodes et qui donnent le sentiment, quel que soit le cadre du jeu, de toujours évoluer dans le même moule graphique. On n’en peut plus du rendu dégueulasse des arbres. On n’en peut plus de la modélisation sommaire des héros. On n’en peut plus de l’aliasing et du clipping. On n’en peut plus du de la gestion simpliste des lumières. Bref ! On n’en peut plus de ce rendu un peu crade qui pique franchement les yeux en 2021 quand on voit ce que Red Dead Redemption ou Ghost of Tsushima ont proposé… des années auparavant. Au final, il n’y a quasiment aucune différence entre le rendu graphique de ce « Far Cry 6» sur next gen et son allure sur une PS4 Pro. Pire, le jeu se permet de saccader régulièrement en cours de partie.
Bref ! Inutile de poursuivre : je pense que vous avez compris que, pour moi, cet épisode 6 est l’assassin de la franchise. Oui, disons-le clairement : Ubisoft a tué sa licence. Une de plus.