J'ai 12 ans.
Je ressors de l'aventure OOT et essaie d'appréhender l'expérience comme je le peux. Je lance deux-trois jeux, sans conviction. J'apprécie Rayman, MGS. FFVII peine à me convaincre. Existe-il quelque part un jeu capable de me faire vivre une expérience similaire à OOT, où est ce une relation condamnée à rester exclusive à mon premier véritable gros jeu ? Je décide, à tout hasard, de lancer FFIX.
L'aventure tiens sur 4 CD, et je plonge dès le départ bien volontiers dans cet univers qui m'apparaît alors comme une évidence. C'est de cet univers dont j'ai envie de tomber amoureux, c'est cette aventure que j'ai envie de vivre. Chaque journée passée au collège ne devient alors qu'un prétexte pour débrancher de cet univers fabuleux. C'est une véritable relation intime que je créé avec le soft. Gambader dans les rues d'Alexandrie, parcourir la forêt maudite, traverser la grotte des glaces, faire une escale à Dali... l'incroyable Bibi, la belle Grenat, les valseurs, les aéronefs, les mogs, Bloumécia, la mystérieuse Freiyja... Vivre le CD1 est alors l'expérience la plus incroyable qui me soit arrivé, mais ce n'est qu'au CD2 que je tombe définitivement totalement fou du soft. Les chimères sont superbes, Beate transpire la classe, je passe des journées à déterminer le sexe de Kuja, Branet est infâme, et l'aventure sur le continent extérieur est certainement l'aboutissement du jeu. Les plus beaux décors sont là, les meilleurs moments de l'intrigue sont dévoilés, l'univers, cristallisé dans le CD1, est bouleversé.
Je pourrais continuer des heures sans me lasser de cet objet, les combats sont ni trop simples ni trop compliqués, j'assimile très vite le système de compétences et de jobs, mais c'est bien au 3ème CD que je vais devoir découvrir les non-joies du levelling et les joies des quêtes annexes. Les donjons visités deviennent incroyablement durs, j'essaie de passer le minimum de temps à l'intérieur, pourtant, tous me laissent un incroyable souvenir.
Le jeu fini, que me reste-il ? J'ai été scotché par les cinématiques, les musiques, la beauté des décors, par l'univers proprement incroyable que je me ferait une joie de citer dans les rédactions de français, par les personnages. J'étais encore assez jeune pour ne pas être gêné par l'aspect enfantin des choses et par la niaiseries de certaines situations. J'ai l'impression d'avoir un peu grandi, quelque part.
J'ai 22 ans.
Je suis retombé dans ma période nostalgique FFIX. Je ressors le jeu pour la n-ième fois. Rien n'a changé. J'ai beau connaître le jeu par cœur, le CD1 est toujours une merveille à parcourir, le deuxième déclenche toujours les mêmes frissons. Ce qui a changé, c'est que je n'ai plus peur du CD3. Je prolonge mes séjours dans les donjons, je cherche à entrer dans toutes les salles, à récupérer tous les objets, j'apprécie à leur juste valeur le grandiose des décors proposés. Le pic de Goulg, Terra, Ypsen, Euyevair, et surtout le palais du désert. L'architecture présente dans ce CD est tout bonnement incroyable.
Oh, désormais, je vois un peu plus clair là dedans, et je me rends bien compte de l'inutilité de certains persos, de la guimauve dégoulinante de certaines situations, de la faiblesse du système de combat.
Mais à vrai dire, je m'en cogne pas mal. FFIX est une expérience personnelle, au même titre qu'OOT ou BG&E. J'ai tissé une véritable relation amoureuse avec le soft, et ni le temps, ni l'esprit critique n'entacheront la magie qui se dégage de chacun des grands moments que propose le jeu.
Mais s'il est le seul FF à avoir réussi à m'accrocher à ce point, ce n'est pas non plus un hasard. Final Fantasy IX est le plus réussi de la série, car il est le moins dramatique, le moins complexe, le moins mature. Il est le plus naïf, le plus magique et le plus attachant. Au fond, ça doit être ça l'essence d'une grande aventure.