Oui, 28 ans après tout le monde, j'ai enfin joué à Final Fantasy VII. A l'origine je comptais attendre la sortie du remake, mais vu que celui-ci va sortir tronçonné en trois parties de chacune de ces parties durant presque autant de temps que le jeu original, je me suis dit "merde, faisons le jeu d'origine."
J'ai acheté le jeu sur Switch, content de gouter à l'ironie de jouer à FF VII sur une console Nintendo. A l'époque de sa sortie, ce jeu fut une prise de guerre de la part de Playstation, très heureux qu'une licence qui avait tourné exclusivement sur Nintendo leur appartienne. Cela déclencha une hostilité totale envers les RPG de la part de Nintendo (sauf l'horrible Holy Magic Century) mais permis à pas mal de gens d'enfin gouter à la licence, ce qui fait que pour pas mal de monde, FF VII est le tout premier Final Fantasy qu'ils aient jamais joué. (Personnellement c'était le V sur émulateur, suivi du VI, qui reste mon préféré.)
Et autant le dire, il était difficile de traverser 28 années en restant totalement vierge d'informations sur ce jeu, tant celui-ci est non seulement iconique dans l'histoire du jeu vidéo voire dans la pop culture en régle générale : Cloud et sa grosse épée, Sephiroth le méchant ténébreux implacable (et son thème musical) Tifa et ses formes, Aerith qui meurt en milieu de jeu, les matérias, etc... Je savais BEAUCOUP trop de choses sur ce jeu, ma copine m'ayant aussi montré FF VII Advent Children alors que j'avais pas joué au jeu. J'ai pas compris grand chose. Le jeu est même spécial au sein de la franchise Final Fantasy, vu le nombre de suite, préquel et de spin-off qui l'a enregistré, alors que jusqu'ici, l'idée était que chaque FF venait avec son univers propre.
Bon mon avis global, c'est que ... c'est sympa. C'est une tentative de reprendre les mécaniques de la licence et de l'adapter à un univers en 3D. C'est même pour les standards de son époque un très bon jeu, même si, en 2024, la mécanique est un peu rouillée et qu'ils essuyaient les platres de la 3D pour Square Enix : en voyant les personnages tout en boule, je me suis dit "ha le charme de l'époque" mais au bout de 10 heures je me suis rendu compte que c'était bien moche.
Bon, par où je commence :
L'histoire
Autant le dire directement, j'ai été quand même pas mal largué. C'est principalement la faute à une traduction pourrave dans un français lacunaire que j'ai été obligé de me fader, mais même sans ça, c'est quand même très touffu comme histoire. Je comprends que le jeu voulait marquer un tournant dans les FF, en étant un épisode totalement basé dans un univers de SF (et plus dans un monde médiéval fantastique vaguement steampunk) et en supprimant les intrigues à base de "4 cristaux dispersés à travers la planète."
Mais l'histoire est quand même hyper complexe, bourrée de retournements de situations et d'acronymes idiots, avec son peuple d'ANCIEN, le plan de Sephiroth, ses soldats du SOLDAT, ses personnages qui sont en fait des clones (ou plutôt des manipulations génétiques) et ses histoires de souvenirs et d'esprit qui génère la planète. En vrai, j'ai l'impression d'un scénaristes de FF qui avait envie de faire son Evangelion avec son lore difficile à cerner, sa sf matinée de spiritisme (Jenova c'est un peu Lilith) son complexe de scientifiques qui se prennent pour dieu et à un moment j'ai cru lire que le plan de Sephiroth ressemblait vaguement au plan de complémentarité de l'homme (mais j'extrapole un peu.)
Et après, le scénario reprend des archétypes et des ficelles scénaristiques que l'on retrouvait dans d'autres final fantasy : le personnage principal qui est mêlé à une guerre ancienne mais a des problèmes d'amnésie ( Cloud dans FF VII /Terra de FF VI) les personnages arrivent toujours après que le méchant soit passé par là (Final Fantasy IV, FF V) l'exploration du monde qui commence à patte et finit dans un vaisseau volant qui sert de QG, etc...
Je sais pas si c'est la VF, mais j'ai trouvé les personnages quand même pas mal caricaturaux. J'étais un peu atterré par certains dialogues entre Cloud et Tifa ou Cloud et Aerith dans lesquelles ils passent leur temps à se draguer. A noter que je me suis amusés à les rebaptiser : Barrett devenant Barquette, Aerith devenant Avarice, Cid devenant Cidre, etc... C'est complètement puéril mais ça m'a permis de passer avec leur sourire certains dialogues vraiment clichés ou mal écrit.
Après, j'ai quand même été surpris par l'histoire et si on m'avait totalement spoilé la mort d'Aerith (c'est assez inévitable) il y a quand même des retournements de situation que je n'avais pas vu.
Notamment le fait que Cloud soit un clone de Sephiroth. Chose sur laquelle le scénario m'a aussi perdu puisque c'est à la fois vrai (ses souvenirs sont faux) mais faux (il n'est pas un clone) et qu'au final, j'ai fini par laisser tomber ce que signifiait cette histoire.
Le gameplay :
Pour avoir fait tous les FF du 1er au 6eme (et entamé FF IX jusqu'au CD 3) j'ai retrouvé très vite mes marques. Cela ne change pas trop de la formule usuelle : on commence dans un petit coin de la map et on trouve des moyens de transports qui nous permettent d'accéder à tel ou tel lieu au fur et à mesure de notre quête. Ceci dit, toute la période à Midgar, qui est un immense tunnel, m'a un poil agacé. Moi ce que j'aime bien dans un Final Fantasy, c'est entre deux villes, tourner un peu sur la map, histoire de grinder un peu,de savoir que les stats de mes personnages s'améliorent un peu et d'améliorer mes matérias.
Le système des matérias est vraiment très cool. C'est un bon compromis avec le système des jobs ou celui de FF II qui consistait à se dire que plus un personnage utilisait tel ou tel objet plus il devenait bon avec. Pour le coup, l'idée est de pouvoir costumiser les armes et les costumes des personnages avec des pierres magiques, que l'on peut refiler de personnage en personnage, ce qui évite la frustration quand un personnage part, d'avoir son pouvoir qui part avec. Et j'ai bien aimé l'idée que selon le placement les matérias pouvaient interagir entre elles, permettant au joueur de créer une infinité de combinaison. Et en plus, ces matérias sont intégrée dans le scénario.
Par contre, je trouve le fait qu'on ne puisse jouer qu'avec trois personnages en même temps assez limité, d'autant plus qu'il faut souvent garder Cloud. Après avoir cherché à équilibrer tout ce petit monde là, j'ai fini par ne plus utiliser que Cloud, Tifa et Barrett. Ce qui a eu un effet pervers, puisque dans le dernier combat du jeu, Final Fantasy VII te dit soudainement "tu sais quoi ? Bah maintenant tu peux jouer avec deux équipe et switcher entre elles" alors que rien n'indiquait que c'était possible.
Comme c'était la mode à l'époque, le jeu est truffé mal de mini-jeux que j'ai trouvé méga-relou. Je ne sais pas si ils ont mal vieillis ou si c'est le portage sur Switch, mais entre le jeu où il faut poser des soldats pour empêcher une invasion (qui est beaucoup trop long pour être fun) celui du snowboard (à moitié impratiquable) ou celui du sous-marin (une galère... j'ai été soulagé qu'on puisse finir le jeu en ayant raté ce passage.) Et je me suis tenu suffisamment éloignée des courses ou de l'élevage de chocobos.
Portage Switch :
Comme dit plus haut, le fait de jouer à FF VII sur Switch comportait ses avantages et ses inconvénients. L'avantage évident, c'est de pouvoir jouer depuis son lit, tranquillement, quand on veut. Et c'était pas une sinécure, car avec la vie de famille + les fêtes de noel, j'ai eu peu de temps en décembre pour me taper une partie, surtout vers la fin lorsque je savais que j'allais être parti au minimum pour un run d'une heure ou deux.
Le plus gros défaut, c'est d'avoir le droit à une version du jeu avec la traduction d'origine, qui est affreuse. Ca sent la traduction calqué sur la traduction anglaise, traduite hors contexte, avec un gain de place pour que ça rentre dans les cases. Ce qui fait que les contresens sont nombreux, les phrases sont lacunaires et que j'ai eu l'impression que les personnages parlaient comme des gamins de 8 ans. Elle est pour beaucoup dans le fait que j'ai laché la rampe au niveau du scénario. Et puis les objets sont traduits n'importe comment, ainsi que les sorts ce qui fait que j'ai longtemps confondu le sort qui redonne de la vie, celui qui guérit de l'empoisonnement et celui qui ressuscite.
Le plus gros avantage, c'est qu'ils ont placés quelques bonus, notamment le fait de pouvoir accélérer par 3 le temps. Ça ne marche pas sur les cinématiques, mais pour le reste c'est assez pratique : pour parcourir une map trop grande, pour grinder un petit peu en accumulant quelques combats secondaires ou pour sauter quelques cut-scene d'invocation (notamment l'attaque de Sephiroth de ses morts avec les planètes et tout et tout.)
Bon, ça ne m'a pas empêché toutefois d'aller voir couramment les solutions sur le net, étant donné que certains endroits sont bien labyrinthique et qu'a certains endroits (le cimetière des trains par exemple) a du mal à savoir ce qui fait parti du décors et ce qui est dans le passage. Il y avait un run longplay de FF VII qui était en onglet permanent de mon ordi, et je l'utilisait aussi bien pour me débloquer que pour voir où j'en étais rendu dans le jeu ("ha tiens, apparemment je suis au milieu.")
Ceci dit, voir les soluces ça m'a permis d'apprendre qu'il y avait des quêtes secondaires possibles. C'est vrai qu'on est au milieu des années 90 et cela marque l'époque où les jeux vidéos n'hésite pas à rajouter des quêtes secondaires sympathiques, là où auparavant certaines d'entre elles tenaient plus du easter egg qu'autre chose. J'ai bien aimé celles qui permettent de débloquer les deux personnages bonus ou de voir la fin d'un personnage secondaire. Après certaines me semblaient quand même un poil trop exigeantes pour le peu que cela apporte (notamment une quête qui permettait de découvrir une arme puissante... pour Aerith... et dont je n'ai entendu parler longtemps après que celle-ci soit morte) et en plus, j'ai pas réussi à avoir toutes les matérias géantes. (Foutu sous-marin.)
La fin du jeu :
Je crois que j'ai mis une semaine avant de me décider à finir le jeu. J'étais arrivé près du cratère où se trouve Sephiroth, mais j'attendais vraiment d'avoir une heure ou deux devant moi. Je connais les FF et très souvent le dernier donjon est interminable avec zéro point de sauvegarde. En réalité, j'ai été tellement surpris d'arriver assez vite à l'endroit où "de toute évidence tu va croiser le boss" que je suis remonté et que j'ai refait le chemin histoire de ramasser quelques objets et matérias bonus (dont je me suis peu servi.)
Au moment d'affronter Jenova (puis Sephiroth) je me suis dit "bon, on va faire un premier essai, c'est sûr, je vais me vautrer, mais ça m'apprendra à le battre." Et j'ai fait pas mal d'erreur en affrontant Sephiroth, notamment toute la partie où il faut switcher entre son côté gauche et son côté droit où j'ai cliqué sur des trucs sans faire exprès et où j'ai passé mon temps à effacer les efforts que je venais de faire. En plus je l'ai affronté avec une partie de l'équipe qui n'avait pas de matéria sur eux.
Mais aussi surprenant soit-il, j'ai quand même réussi à atteindre sa seconde forme. Le combat fut long (notamment à cause de son fichu coup fatal qu'il m'a bien imposé cinq fois) et j'ai fini par manquer d'équipement. (Je ne m'attendais pas à ce que Sephiroth ai le pouvoir de changer mes personnages en grenouilles.) Lorsque le coup fatal fut mis, Cloud avait 34 points de vie et se tenait devant ses deux compagnons, raides morts, et je m'attendais presque à ce qu'il y ai une troisième forme qui me foutrait la misère.
Du coup, j'ai été très heureux de voir que si, si, j'avais bien fini le jeu à la loyale. Et j'ai pu me taper la cinématique de fin avec le sentiment du devoir accompli. D'avoir ENFIN compris d'où venait telle ou telle référence, et d'avoir enfin terminé ce morceau d'histoire du jeu vidéo.
Bon, je pense que je vais m'acheter le VIII et le IX sur Switch prochainement, histoire de voir ce que ça raconte.