Parler de Final de Final Fantasy VII avec un minimum d'objectivité semble une tâche insurmontable tant ce jeu a marqué mon enfance. A mille lieues de tous les jeux de rôle, voire même des jeux -vidéo en général, sur lesquels j'avais posé les mains jusque là, il reste l'oeuvre la plus importante de toute ma vie, pour certaines raisons que je vais tenter de partager avec vous ci-dessous.
Une évolution du narratif, entre modernité urbaine et harmonie naturelle.
Dans Final Fantasy VII, l'univers et le scénario marquent un tournant important par rapport à l'esthétique steampunk du précédent opus. Le jeu adopte un style plus moderne, plus urbain aussi, mettant en avant des éléments de civilisation avancée comme d'immenses cités fonctionnant grâce à d'innombrables centrales électriques, se rapprochant ainsi d'une vision de science-fiction futuriste. Mais n'imaginez pas que le jeu manquerait de diversité pour autant, car des villages paisibles et des localités où les habitants vivent en harmonie avec la nature, contrastent aussi avec la civilisation mécanisée et aux parcs d'attractions scintillants de lumières débordant de réalisme grâce à une qualité d'image inégalée.
Le scénario se démarque également de l'œuvre précédente. Elle se concentre, bien sûr, toujours sur les désirs et les sentiments d'une multitude de personnages dans une narration riche et complexe, mais centralisée autour du point de vue d'un seul héros. Le schéma classique des précédents titres de la série – vaincre un ennemi menaçant et sauver le monde – se distingue par son ampleur impressionnante et des moments profondément marquants pour accompagner une complexité narrative de grande envergure.
Son habile mise en place de l'intrigue et ses dialogues captivants, le tout s'entremêlant dans un scénario mémorable et plus sombre, fait qu'il est souvent considéré comme l'un des meilleurs de la série. D'ailleurs, en ce qui concerne la conception des personnages, Yoshitaka Amano, qui avait travaillé sur tous les jeux précédents, laisse sa place à Tetsuya Nomura, auparavant responsable des graphiques des monstres (design, pixel art). En résulte des protagoniste au style plus mature, réaliste, et moins fantaisiste qu'auparavant, ce qui colle à merveille avec l'univers. Ceux-ci sont remarquablement bien conçus, avec une attention particulière portée à leur psychologie et leur histoire personnelle. Chaque membre de l'équipe principale possède une personnalité unique et un parcours dramatique. Les personnages secondaires et les antagonistes, tels que Sephiroth, Hojo et les Turks, sont également profondément travaillés et contribuent grandement à l'engagement émotionnel des joueurs dans l'histoire. Cloud, en particulier, est représenté comme un personnage complexe, différent des héros traditionnels des RPG japonais, ce qui a engendré une base de fans passionnés.
Comment ne pas aborder, enfin, les scènes cinématiques pré-rendues en CGI qui font pleinement partie du processus de narration ? En termes de mise en scène, le jeu tire pleinement parti des capacités de stockage élevées du CD-ROM en les intégrant pour la première fois et, le moins que l'on puisse dire, est qu'elle ont largement contribué à la renommée du jeu. Certains même l'avaient à l'époque acheté uniquement pour cette raison sans savoir qu'il s'agissait d'un RPG.
La Symphonie Révolutionnaire de Nobuo Uematsu
Concernant la bande sonore, Nobuo Uematsu, qui avait déjà composé pour les précédents jeux de la série, poursuit son oeuvre. Avec le passage à une console de nouvelle génération, la qualité sonore connaît une amélioration considérable. La musique de Final Fantasy VII se distingue par son utilisation principale de synthétiseurs intégrés à la PlayStation, offrant une texture sonore unique par rapport aux opus suivants, qui tendent vers un son plus proche d'un orchestre live. Le jeu conserve également le concept du « thème principal » (généralement utilisé pour les musiques de la carte du monde), présent dans les titres précédents de la série. Ce thème principal a été l'objet de nombreuses arrangements et est devenu emblématique du jeu. Notons également l'utilisation audacieuse de chants dans des morceaux comme "One-Winged Angel" qui ont définitivement marqué un tournant dans la musique de jeu vidéo, élevant l'expérience du joueur à un niveau supérieur.
Révolution graphique et défis de navigations
Les graphismes sont évidemment ce qui m'a impressionnée en priorité lorsque j'ai posé les yeux pour la première fois sur Final Fantasy VII. Pour être tout a fait honnête, il s'agissait du plus beau jeu que je n'avais jamais vu, et de loin. Ces décors tout simplement exceptionnels tiennent du fait que les cartes des villes et des donjons se présentent comme une combinaison de décors 2D pré-rendus avec des personnages 3D en mouvement, une spécificité qui sera la marque de fabrique de la licence jusqu'à Final Fantasy IX. La carte du monde adopte quant à elle pour la première fois une conception entièrement en 3D, offrant des reliefs plus réalistes tels que des terres, des montagnes et des océans qu'il est possible de faire pivoter à 360 degrés. Avec le recul, il faut cependant bien avouer que si ce procédé à le mérite d'être un bonheur pour les yeux, il peut se révéler parfois déroutant en ce qui concerne le contrôle du personnage et la détermination du chemin à suivre, en particulier dans les zones où les perspectives et les dimensions ne sont pas claires. Heureusement, il est possible d'activer des logos nous situant notre personnages et les différentes issues de la carte. Les énigmes basées sur le mouvement (saut avec timing, etc.), typiques des jeux 2D, peuvent également sembler difficile, voire hors de propos dans ce type d'environnement.
Immersion et stratégie de combat renouvelées
Les combats sont désormais entièrement rendus en 3D, offrant une vue d'ensemble des personnages et des ennemis en polygone, avec des angles de caméra dynamiques pour une expérience plus immersive. Wild Arms s'y était déjà essayé pour un résultat en demi-teinte, mais le savoir-faire de Square a su faire de cette idée quelque chose de très convaincant. En d'autres termes, c'est sublime et le fait d'avoir réduit l'équipe à trois personnages au lieu de quatre permet à l'ensemble d'être très dynamique. Pour autant, cette fluidité est parfois mise à mal par la débauche d'effets spéciaux à rallonge et les animations, certes superbement détaillées, mais qui s'ajoutent à l'attente du remplissage de la jauge ATB, système bien connu des fans de la série qui nécessite qu'une jauge se complète pour valider une action.
Un seconde jauge de "Limite" existe également. Celle-ci se remplit en recevant des dégâts et, une fois pleine, elle permet d'activer de puissants coups spéciaux spécifiques à chaque personnage. Ces techniques ajoutent une dimension stratégique aux combats et se débloquent progressivement au fur et à mesure que les personnages affrontent des ennemis.
Les Matérias: simplicité et stratégie en parfaite osmose
Autre élément fondamental de la série et du jeu de rôle en général: la magie. Le jeu introduit un système de croissance basé sur les matérias, des sphères colorées, peuvent être insérées dans des emplacements spécifiques sur les armes et les armures. Chaque matéria possède ses propres caractéristiques et peut être de différents types, comme des matérias de magie pour lancer des sorts, des matérias de commande pour des actions spéciales, ou des matérias de soutien qui améliorent les autres matérias.Lorsque vous équipez une matéria, votre personnage gagne l'accès aux compétences ou aux améliorations qu'elle contient. Par exemple, en équipant une matéria de feu, vous pouvez lancer des sorts de feu. En combinant différentes matérias, vous pouvez créer des effets uniques et des stratégies personnalisées. Par exemple, combiner une matéria de magie avec une matéria de soutien peut renforcer cette magie ou lui donner de nouvelles propriétés.En plus de leur flexibilité, les matérias évoluent et deviennent plus puissantes au fur et à mesure que vous les utilisez, gagnant de l'expérience et débloquant ainsi de nouvelles capacités. Ce système permet une grande variété de personnalisations et de stratégies, rendant chaque personnage unique selon les choix de matérias que vous faites.
Personnellement, je considère ce système comme le meilleur de la série, notamment pour sa combinaison unique de simplicité et de gestion stratégique. Ce qui le rend particulièrement appréciable, c'est qu'il offre une profondeur de personnalisation sans complexité excessive.
La perfection ?
Avoir Final Fantasy comme jeu favori et le considérer de fait comme le meilleur jeu de rôle japonais à avoir vu le jour ne signifie pas qu'il soit parfait pour autant. Certains défauts son bien entendu au rendez-vous, parmi lesquels le personnage Vincent sui a la capacité de se transformer en monstre. Ces transformations s'accompagnent de limitations notables, à savoir l'impossibilité de contrôler directement le personnage et d'utiliser des matérias, rendant son utilisation peu flexible. De plus, certains ennemis absorbent les attaques issues de la transformation de Vincent, ce qui peut conduire à des situations où les joueurs doivent le mettre hors combat pour éviter de régénérer l'ennemi.
Certains objets peuvent également être manqués facilement. Par exemple, l'arme la plus puissante de Barret ne peut être obtenue que dans une zone spécifique à condition qu'il soit dans l'équipe, ce qui a conduit de nombreux joueurs à la rater. De même, certaines techniques ennemies, telles que "????" et "Trine", peuvent être manquées définitivement si elles ne sont pas apprises au bon moment.
Enfin, l'ending du jeu ne présente pas Yuffie et Vincent, deux personnages optionnels, car le manque de capacité de stockage a empêché la création de multiples versions de la cinématique finale, ce qui peut être frustrant pour ceux qui s'y seraient attachés tout au long du jeu.
Conclusion
Final Fantasy VII est une œuvre colossale qui a intégré de manière impressionnante des éléments innovants en matière de graphismes, de son et de scénario, jamais vus jusqu'alors. Cette innovation a suscité un grand enthousiasme chez les joueurs du monde entier et a eu un impact considérable sur l'ensemble de l'industrie du jeu vidéo, entraînant une transformation majeure de son approche. Au sein de la série , ce septième opus a également marqué un tournant décisif en rompant complètement le cadre traditionnel des scénarios et des mondes de fantasy médiévale typiques des précédents titres, incarnant ainsi une vision entièrement nouvelle. Bien que conservant un système de jeu relativement classique, ce changement a créé un nouveau courant dans la série, représentant une importante évolution pour Final Fantasy.