La saga Final Fantasy a connu de beaux jours sur la première PlayStation de Sony, faisant une entrée fracassante sur notre territoire via l'épisode VII. Pour autant, ne possédant pas la console à l'époque, je suis totalement passé à côté de la frénésie FF des années 90. Fort heureusement (et parce Square Enix a toujours aimé recyclé), il est aujourd'hui possible de (re)découvrir ces titres fondateurs sur à peut être toutes les supports possibles. J'avais ainsi pu me frotter au fameux épisode VII et, ayant apprécié l'expérience (peut être même plus que son récent remake...), j'avais hâte de faire la connaissance du 8e épisode. Et si on est clairement très (très) loin du quasi sans-faute de son prédécesseur, les aventures du taciturne Squall ne m'ont pas laissé indifférent.
Avant toute chose, il est à noter que j'ai découvert le titre via la version Remastered qui, en plus de quelques améliorations graphiques, intègre quelques "boost" permettant entre autre d'accélérer le jeu à vitesse x3. Je ne cache pas que sans ce boost, je n'aurais jamais eu le courage d'aller au bout de l'aventure tellement tout est lent.
Cela passait peut être à l'époque, mais aujourd'hui c'est juste une torture que de parcourir le jeu à la vitesse normale. Donc certes ça fera sans doute gueuler quelques puristes, mais c'est finalement un mal pour un bien en ce qui me concerne.
Ceci étant dit, que nous propose cet épisode VIII ? On y a incarne Squall, un jeune mercenaire fraichement diplômé (oui y a des diplômes pour être mercenaire) qui doit effectuer différentes missions pour qui est prêt à en payer le prix. Ses activités le mèneront à croiser la route de Linoa, une jeune fille qui ne laisse pas indifférent notre manieur de Gunblade. Et de fil en aiguille, ils se retrouveront bien malgré eux au cœur d'un conflit mêlant sorcières, rêves mystérieux, voyage dans le temps et station lunaire. Tout un programme.
Ne vous fiez pas à mon ton un peu espiègle, l'univers de ce FF8 est particulièrement singulier. Continuant de mélanger habilement des éléments futuristes et fantaisistes, le titre ne cesse de surprendre le joueur par la multiplicité de ses environnements et situations. Car une fois dans le bain (faut quand même attendre le "CD 2"...), on finit par se laisser embarquer par cette troupe de mercenaires.
Pourtant, tout ne semblait pas gagner d'avance à ce niveau. À commencer par le casting qui fait quand même pale figure face à celui de l'épisode VII. Alors oui, Squall dégage un petit quelque chose de sympathique mais le reste de ses coéquipiers manquent cruellement de charisme et de personnalité. Car autant je n'oublierais jamais Barret, Aerith, Red XIII et consort, autant il y a de grande chance des personnages comme Zell ou Quistis disparaissent dans les méandres de ma mémoire d'ici quelques temps.
Et c'est d'autant plus dommage quand le jeu cherche très clairement à mettre l'emphase sur les personnages et sur les liens qui les unissent. Le titre serait sorti dans les années 2010, je suis certain qu'il y aurait eu un système d'affinités à la Fire Emblem ou Persona. Pour ainsi dire, FF8 a parfois des faux airs de Teenage Movie (et je dis ça sans mauvaise intention). Les enjeux sont certes plus importants sur la fin, mais la majorité de l'aventure se concentrent avant tout sur la dynamique du groupe et c'est ce qui fait finalement son charme.
Car hormis ça, le scénario peine à décoller ou à susciter l'enthousiasme. Le jeu est relativement court et on est parfois surpris de la tournure que prennent les évènements. Tout va un peu vite, on introduit beaucoup de concept et de personnages pour finalement peu les exploiter (coucou Laguna...). Et que dire de cette antagoniste qui se révèle sur le tard et qui nous offre un piètre affrontement final. Mais bon, on peut pas pondre un Sephiroth à chaque épisode.
Reste à aborder le système de jeu qui pour le coup est assez unique. Il fonctionne principalement autour des G-Force, des entités magiques que l'on peut associer à nos personnages afin d'augmenter leurs différentes statistiques. Ces dernières varieront ensuite en fonction des magies possédées par nos héros, magies qu'il faudra directement voler aux ennemis lors des combats.
Et on ne va pas se mentir, si ce système n'a jamais été repris par la suite c'est qu'il y a une raison : le tout manque cruellement de clarté. Le jeu peine en effet à bien expliquer ses mécaniques et a tendance à noyer le joueur sous une tonne de tutoriels et de menus indigestes. J'ai personnellement eu beaucoup de mal à entrer dans le jeu au début tant tout me semblait incompréhensible. Alors certes, au bout d'un moment tout finit par avoir du sens, mais j'aurais tout de même apprécié un peu plus de pédagogie vis-à-vis de ce nouveau système.
Le jeu choisit en plus de faire progresser le niveau des monstres en fonction du niveau des personnages. Et mon expérience de joueur m'a maintes fois appris que c'est quelque chose à éviter. Cela coupe toute envie de progression lorsque l'on se rend compte qu'il est finalement plus simple de parcourir le jeu avec des personnages à bas niveau. Cela évite de se retrouver avec des boss faisant office de sac à PV ou des ennemis communs capables de vaincre votre héros et ses 9999 points de vie en une attaque. Frustrant.
Un dernier mot sur l'aspect technique. Bien qu'il soit difficile de porter un jugement sur des visuels aussi datées, force est admettre que l'ensemble a un certain charme rétro, ainsi qu'une DA très caractérisée. On apprécie également le chemin parcouru niveau mise en scène par rapport à l'épisode précédent. Les cinématiques sont plus nombreuses et surtout intégrées directement à l'action. Cela crée un ensemble dynamique très appréciable et une bonne immersion.
Quant à la musique, c'est encore une fois Nobuo Uematsu à la barre et c'est brillant, comme à son habitude.
Loin d'être parfait dans ses mécaniques et son récit, ce huitième épisode a le mérite de proposer une expérience singulière. Et si j'aurais apprécié plus de clarté dans le système de combat et des personnages un peu moins quelconques, je garde un bon souvenir de mon aventure aux côtés de Squall. Car mine de rien la prise de risque n'est pas infructueuse et il se dégage de ce Final Fantasy VIII quelque chose d'unique. Un titre à qui je laisserais volontiers une seconde chance s'il venait à Square Enix l'idée dans faire un remake digne de ce nom (mais bon, ils sont sans doute trop occupés à traire Final Fantasy VII jusqu'à la dernière goutte). Une bonne expérience en soit.