N'ayant pas eu l'occasion de jouer pleinement à Final Fantasy X, j'attendais, après l'achat de ma PS2 à l'occasion de la sortie de Star Ocean 3, un nouveau Final Fantasy comme le messie. C'était d'autant plus vrai que l'épisode XI, présentant un contenu radicalement différent des précédents opus, n'était jamais sorti sur la console de Sony. L'actualité de l'épisode XII avait été mouvementée avec notamment une modification spectaculaire de l'équipe de développement en cours de création du jeu. C'est donc tremblant que j'insérais, en février 2007, le DVD de FFXII dans la fente de ma PS2 ...
Dès cette insertion, un premier sentiment me parcouru l'échine. Celui d'être au démarrage d'une histoire et d'avoir à franchir le premier pas d'une longue et belle aventure. Le monde : Ivalice, terre légendaire et incroyablement immersive qui avait donné naissance à l'épopée de Final Fantasy Tactics sur PlayStation. Je retrouvais les humains qui la peuplaient, mais également les Seeqs, Vieras et Vangaas, sans oublier nos sympathiques Mogs. Notre aventure prenait place au sein du royaume de Dalmasca, au sein de la belle et grande cité de Rabanastre.
Toujours ces premières minutes ... et la cinématique d'introduction. Comme toujours depuis Final Fantasy VII, elle a une place à part dans le coeur des adeptes de la série Final Fantasy. Elle est la porte d'entrée dans l'aventure et la démonstration par la force de la puissance de la maison Squaresoft et de sa capacité à tirer le maximum du ventre de nos machines. Celle de Final Fantasy XII est à la hauteur de nos attentes, bien qu'un peu trop inspirée (c'est pas du plagiat mais ça pourrait commencer à y ressembler) de l'univers de StarWars. Élégance et beauté, mise en scène magistrale et impressionnante, il est histoire de princesse, de mariage royal, de tournant dramatique et d'une guerre larvée entre deux grandes nations, Archadia, qui décidera en début du jeu d'envahir le royaume de Dalmasca, et Rozarria. C'est alors que l'épopée commence !
Car oui, Final Fantasy XII, plus que tout autre, est avant tout une vaste aventure au sein d'un univers immersif et cohérent, servant de cadre à une intrigue politique et ésotérique des plus matures. Les adeptes des missions kawaï durant lesquels il faut secourir de mignons petits animaux pour sauver le monde en seront pour leur frais. Le scénario de FF12 est complexe et se base sur des relations entre personnes, entre castes et entre nations. Vous aurez intérêt à être particulièrement attentif à tous les protagonistes pour en percevoir toute la subtilité.
Mais c'est sur un autre point que Final Fantasy XII va considérablement bouleverser notre appréhension de la série. Depuis des temps immémoriaux, et FFXI mis à part, un FF se jouait toujours à peu prêt de la même façon : une carte globale du monde à l'intérieur de laquelle on rejoint les différents lieux, des tableaux d'exploration pour les différentes villes et donjons et la transition vers les espaces de combat. Certes, le gameplay des combats et les modalités de personnalisation de son équipe pouvait évoluer selon les opus, mais la base était là.
Pour l'épisode XII, tabula rasa ! S'inspirant de la jouabilité des MMORPG, Final Fantasy XII se joue sur la base d'une interface unique. Certes, il existe bien entendu des espaces de transition entre les différents environnement qui composent le monde d'Ivalice, mais vous ne constaterez jamais de différence de gameplay entre les différentes parties du titre. Les combats avec vos différents adversaires se font directement dans l'environnement global du jeu et vous voyez, ce qui peut être plutôt appréciable, à l'avance vos opposants potentiels (bien que tous ne puissent être évités). Les combats se déroulent donc sans moment de transition, ce qui apporte énormément en terme de fluidité de jeu.
Ainsi, dès l'apparition d'un adversaire, votre personnage dégaine son arme - s'il avait eu le temps de la ranger depuis le dernier combat - et il vous appartient de lui faire exécuter, au terme d'un temps de charge variable, l'action de votre choix. C'est donc le choix du temps réel que Squaresoft a décidé de mettre en avant pour cet opus. Mais comment concilier une équipe de personnage de RPG et des combats en temps réels ?
Et bien les développeurs ont mis en place un système plutôt simple et efficace : les Gambits. Contrairement à ce que certains vont penser, ce n'est pas un X-Men qui viendra vous assister durant les combats. Les Gambits sont tout simplement des ordres automatiques que vous pourrez affecter à vos différents personnages selon des situations conditionnelles et en fonction d'une hiérarchisation. Compliqué ? A expliquer oui, à jouer non !
Un exemple : vous pouvez considérer que l'action de base d'un de vos personnage est l'attaque classique : un Gambit. Si sa santé descend à moins de 25% de la barre de vie, il devra exécuter un sort de régénération : et un deuxième Gambit prioritaire sur le premier. Si l'adversaire n'a pas d'altération d'état, un petit sort de poison vous aidera à le mettre au tapis : 3ème gambit. Et le nombre de possibilités est impressionnante, sachant que les situations conditionnelles doivent être acquises dans différents magasin au fil du jeu. C'est simple, c'est riche, ça peut se faire sans prise de tête ou avec énormément de travail de personnalisation et de stratégie. Bref, c'est efficace !
Vous apprécierez par ailleurs l'énorme travail qui a été fait sur les environnements du jeu. Vaste et beau, Ivalice se traverse les yeux écarquillés afin de profiter au maximum de la cohérence globale du monde, de sa beauté et de sa richesse. Final Fantasy XII est à ce titre l'un des opus les plus immersifs de la série grâce à ce travail magistral effectué sur le monde d'Ivalice. Chaque lieu visité est relié à un autre et possède une identité et une histoire. La cité de Rabanastre en est un bel exemple : architecturalement belle et travaillée, elle est assez vaste pour s'y perdre ; vous y rencontrerez de nombreuses espèces qui s'apprécient ou se détestent ainsi qu'une séparation entre la ville haute où vivent les élites et les populations aisées, et la ville sous-terraine où se regroupent les laissés pour compte. Encore une fois, un travail magistral au service de l'immersion du joueur.
Cette aventure est servie par une réalisation laissant peu de place à la critique, grâce à des graphismes de très bonne facture, un design réussi des personnages et des lieux, une mise en scène efficace et des musiques à la hauteur de l'évènement (on retrouvera d'ailleurs de nombreux thèmes récurrents de la série). A ce titre, la capacité de la musique à s'adapter aux différentes situations rencontrées (intervention des combats notamment) participe à la qualité globale du titre.
Je pourrais passer des heures à parler (ou écrire) de FFXII, tellement ce jeu vous happe, vous enveloppe dans son univers. Mais pas besoin de s'éterniser. Pour le dernier opus sur PlayStation 2 et 3 ans avant le polémique Final Fantasy XIII, FFXII est une incroyable réussite, un bijou du RPG, fière représentant de la lignée des FF mais possédant une identité propre et originale. L'univers, l'aventure, le système de jeu : tout relève de l'excellence et ce jeu vous fera passer de nombreuses heures de plaisir pour démêler l'intrigue principale voire participer aux nombreuses quêtes annexes.
Certes, quelques passages du jeu s'avèrent moins passionnant que d'autres (les nombreux allez-retours, certaines quêtes classiques des RPG un peu lourdes), mais Final Fantasy est un joyau qu'il faut savoir apprécier sur la durée.
Encore bravo à Squaresoft pour l'excellence de ce titre !