Final Fantasy XIII par Red13
Polémique ? Il ne tient qu'à chacun d'entre nous de déambuler au gré des sites et forums consacrés à nos bons vieux jeux consoles : élu "Plus grosse déception de l'année" sur le site Gamekult, moqué sous le sobriquet de "Couloir Fantasy 13" sur de nombreux blogs, ... Le numéro 13 - comme quoi il ne faut pas être superstitieux - marque une certaine désaffection du public pour la série. Trop dirigiste ? Poudre au yeux ? Faux jeu ? Vrai arnaque de la part de Square Enix ? A chacun d'en décider ... Pour ma part, j'ai bien aimé me faire arnaquer et diriger !
L'histoire de FF13 nous met aux prises avec une bande de jeunes gens (un peu comme d'habitude) vivant non pas un film de science-fiction de Ron Howard sorti en 1985 mais une planète artificielle (Cocoon), dont les habitants cultivent une peur panique pour tout ce qui vient de la planète originelle de tout ce petit monde, Pulse. Dans ce monde protecteur, les hommes sont gouvernés par des divinités, les Fal'Cie, subvenant à leurs différents besoins vitaux, confiant à certains hommes élus des missions particulières et mystérieuses. Elu, l'homme (ou la femme) devient un l'Cie (prononcez Leussi, un peu comme le chien ...), dont la destinée est de devenir maudit s'il ne réalise pas sa mission ou de se transformer en cristal s'il la mène à bien. Et quand on y repense, on se dit que les divinités savent motiver leurs troupes avec pareille destinée (alors que la plus belle récompense serait que les Fal'Cie nous lachent un peu la grappe !).
En bref, FF13 oppose la normalité protectrice et uniformisante contre l'authenticité sauvage et véritable. Le Bien contre le Mal.
Plûtot bien narrée, l'histoire se développe, par de multiples flash-backs, autour de 13 jours qui vont changer la vie de nos héros. Comme on pouvait s'en douter, ceux-ci seront rapidement marqués du signe les l'Cie et ils lutteront pour sauver leur destinée et trouver la 3ème voie entre la malédiction et le cristal. Rajouter à cette recette de l'aventure, de l'action, du romantisme, de l'amour, le mythe du passage à l'âge adulte, et vous obtenez un scénario certes un peu déjà vu mais plutôt efficace.
Les personnages aussi vous rapelleront quelques figures déjà vues du jeu vidéo : le jeune qui perd sa maman au début du jeu pour devenir un jeune homme, la tête brulée qui n'a peur de rien, la femme soldat un peu froide qui va apprendre l'émotion et l'amitiée, la petite jeune un peu garce qui énerve tout le monde avoir sa voix crispante et ses gloussements. Encore une fois, la recette est connue, mais elle fonctionne car ces personnages restent attachant et parfois assez drôles. J'ai à ce titre particulièrement apprécié le personnage de Sahz, une espèce de Dany Gloover dans l'Arme Fatale.
Venons en maintenant au coeur du "problème Final Fantasy 13" : le gameplay et le déroulement du jeu. Comme à l'habitude dans la série, on est amené à promener notre bande de jeunes loups dans différents environnements. Premier constat : putain, c'est beau ! C'est vrai, FF13 est le genre de jeu qui fait bien rentabiliser l'achat de son écran plat 1080p ! Rien que ça, ça fait plaisir ! Passé cet emmerveillement de façade, deuxième constat : pas de carte du monde, mais un enchainement de niveaux. C'est à ce moment que les puristes de Final Fantasy commence à crier à la sorcellerie. En effet, l'opus 13 a abandonné la liberté de mouvement habituellement laissée au joueur pour privilégier un déroulement très scripté de l'histoire. Caricaturalement, vous irez globalement toujours tout droit pendant la première trentaine d'heures de jeu.
L'impression de liberté s'en trouve-t-elle diminuée ? Sans doute ! Scandale ? Pas sur ... En effet, le déroulement les Final Fantasy, développés sous le sigle des J-RPG (pour Jeux de Roles à la Japonaise), reste toujours assez scripté. Chaque joueur, malgré la latitude de mouvement qui lui est alloué, passera nécessairement par les mêmes endroits dans le même ordre pour faire avancer la trame principale. Ce qui est vrai, c'est que FF13 joue à fond la carte de l'histoire principale et dénigre totalement le concept de quêtes secondaires et de levelling. En effet, vous ne pourrez vous adonner à ces deux activités qu'une fois retourné sur la planète sauvage (bouuuuu, ca fait peur ...) de Pulse.
Ce choix est-il une image de l'opposition entre les deux environnement ? Une tentative de rendre la série encore plus grand public en mettant chaque joueur sur des rails bien visibles ? Difficile de trancher cette polémique ... Pour ma part, j'ai véritablement apprécié suivre la trame de l'histoire principale, son évolution, ses rebondissements. Elle est parfois prévisible, un peu moraliste, il y a un esprit blockbuster un peu trop présent par moment, mais on a envie de voir la suite et on se laisse happer par sa mythologie.
S'il est un autre domaine sur lequel FF13 maîtrise son sujet, c'est les combats. Exit l'innovation des combats type MMO-RPG à la Final Fantasy 12 pour revenir à des combats plus traditionnels mais particulièrement bien montés et dynamiques. Ceux-ci sont basés sur des choix de tactiques en temps réel durant le combat : vous configurez à l'avance un certain nombre de stratégies de groupe basées sur des rôles spécifiques que vous pouvez donner à chaque personnage (attaquant, ravageur, saboteur, soigneur, ...) et vous pouvez switcher entre ces différentes stratégies en temps réel durant le combat en fonction de son évolution. Et ça fonctionne ! Les combats deviennent ainsi assez dynamiques même si, finalement, en raison de la relative facilité du titre, vous ne serez que rarement mis en difficulté ou en stress. Au terme de chaque joute, une note de 0 à 5 vous sera attribué en fonction de la pertinence de votre stratégie de combat et de la façon dont vous l'avez remporté, cette note influant sur la qualité des objets qui vous seront remis et sur la capacité de récupération de vos troupes. Bien pensé, il s'agit la d'un élément qui renforcera votre motivation à bien goupiller vos combats.
Idem, l'évolution de votre troupe se fera sur la base d'un "Cristarium" inspiré des systèmes de Final Fantasy X et Final Fantasy XII et dont il faudra atteindre les extrémités les plus éloignées pour accéder aux techniques et magies les plus dévastatrices.
Alors c'est vrai, Final Fantasy XIII est un titre un peu "facile" dans son développement : une trame principale "autoroute" distillant ses rebondissements parfois prévisibles, une difficulté au rabais, l'absence quasi-totale de choix pour le joueur dans le déroulement du titre, ... On a parfois l'impression que l'interactivité est limité, mais finalement, la partition, bien que connue, est bien assez magnifiquement interprétée, servie par une technique au top, rendant les différents environnements parcourus très agréables et envoutants. A ce titre, il reste pour moi un RPG classique mais très efficace, pas super-innovant, à l'enrobage irréprochable, parfois au détriment du fond. Et c'est vrai que je suis souvent bienveillant envers cette série ...