L'Univers est voué à une destruction programmée, destiné vers un chaos sans commencement, sans fin réduisant toutes formes de vie sur terre à l'état de poussière et autres matières organiques primitives. Dès lors, il semble particulièrement délicat d'entrevoir un futur idyllique pour l'humanité. L'Homme du passé courait à sa perte disait-on. Qu'en est-il de celui du futur? On sera tenté d'affirmer que d'avoir l'opportunité de se sacrifier pour sauver l'humanité est une chance inouïe pour les générations futures. Cette logique les condamnerait à un ultimatum immérité : poursuivre son existence vers un Monde obscure voué à dépérir par sa propension à consommer toujours plus (mais ici me direz-vous que nous touchons à une toute autre problématique!), ou prendre son destin à bras-le-corps. Les l'Cies véritables peuple élu au milieu d'un champs de ruine (porté par les fal'Cies, sorte de divinités païennes ayant pour fonction de faire vivre l'écosystème) et de persécutions systématiques paraissent emprunter un itinéraire plus ou moins semblable à cet ultimatum en début d'aventure. Réussir sa tâche et se changer en un cristal à l'aspect monumental ou échouer et se changer en Cie'th, sorte de mort-vivant n'ayant pas d'autre destiné que celle d'une brebis égarée, tel est l'histoire des l'Cies. Faut dire que leur condamnation à une déportation forcée par le programme de la Purge vers le Monde de Pulse et les fantasmes illimités de son dictateur Barthandelus et son obsession pour le Chaos forcent d'une certaine manière les l'Cies à accomplir leur destin, leur mission de Salut. A côté de cette destiné messianique, l'interactivité du soft fait le tour de force de mettre volontairement le jeu au service du scénario. Là, il s'agit d'une véritable originalité dans la série. Le cheminement scénaristique a été construit par les développeurs dans un sens tel que les péripéties indexées à l'exploration suscitent chez le grand public découvrant la saga, une curiosité grandissante au fur et à mesure de la succession des chapitres. Le joueur ne tardera pas à remarquer que cette curiosité se mélange aisément à cette fascination de l'aspect merveilleusement contemplatif du titre vers la seconde moitié de l'histoire. C'est un véritable plaisir d'arpenter un univers emprunt à la fois de science-fiction se rapprochant des chefs d'oeuvre de Philip K. Dick ou d’Isaac Asimov et d'une certaine tradition chrétienne (les Christianophiles savent de quoi il est question) avec des éléments de paganisme, le tout, très bien retranscrit à mon goût par le savoir-faire Japonais de Square-Enix. Par incompréhension de ce scheme de départ excessivement hétéroclite pour beaucoup de joueurs, il s'ensuit naturellement que Final Fantasy XIII a subit lors de sa sortie une "persécution" médiatique injuste et des retours amers d'une communauté de fans excessivement fermés d'esprit ayant du mal à s'ouvrir, pas seulement au changement, mais à l'originalité. L'originalité de se laisser immerger par la puissance captivante du scénario pendant les premières pages des vingt heures et d'embrasser ensuite ce pouvoir contemplatif graphiquement réussi des dernières heures de ce livre ; ayant su combiner simplicité de gameplay et complexité de l'histoire. Simplicité, complexité. L'ensemble coule comme de l'eau. Une ode à la douceur paysagère, à la combativité, à l'entraide, à l'encouragement mutuel et à la persévérance. N'écoutez pas les on-dit. Suivez votre cœur et foncez!