Il a fallu plus de 9 ans pour que Nintendo se décide enfin à sortir un Fire Emblem (mais toujours pas d'Advance Wars à l'horizon) sur smartphone, support parfaitement adapté au genre qu'est le Tactical-RPG, alors qu'on se tape des FPS et jeux d'action "adaptés pour mobile"... Une maxime qui, une fois traduite, donne : le jeu ne propose aucune difficulté notable parce qu'il est impossible d'être précis avec ses gros doigts gras posés sur un écran tactile de 5 pouces. Nintendo avait donc un boulevard devant lui pour sortir un Fire Emblem pur et dur, les émulateurs GBA faisant déjà tourner les précédents opus sans aucun problème. Sauf que Big N a lui aussi cédé aux chants de sirènes du "adapté pour mobile".
L'habit kawaï...
Mais ne crachons pas trop vite sur le produit, il est vrai que le premier contact avec Fire Emblem Heroes se révèle très agréable. Les graphismes japoniais flattent la rétine, les personnages sont mignons à croquer et les combats ne manquent pas de dynamisme. De plus, l'application très fluide ne pose aucun problème de navigation dans cette prolifération de menus et sous-menus. En effet, l'équipe de développement n'a pas lésiné sur le contenu, ou sur l'impression de contenu : 200 héros issus des différents jeux de la saga, 5 modes de combats dont des missions spéciales renouvelées chaque jour et un mode arène faussement PVP (vous combattez l'équipe d'un joueur contrôlée par l'IA) avec une saison compétitive hebdomadaire, un château faisant office de QG qu'il est possible d'améliorer...
Même la tétra-chiée de d'objets à collecter pour améliorer notre équipe n'est pas repoussante. Bon, il est vrai qu'entre les plumes, les badges, les insignes, les éclats et les cristaux (tout ça à décliner en différentes couleurs), notre bande de héros ressemblent davantage à un groupe de junkies en manque de matos. Il faut ce qu'il faut pour révéler leur vrai potentiel, ouvrir leurs chakras et obtenir le troisième oeil au niveau du nombril.
Il est quand même malheureux que Nintendo et ses studios de développement aient opté pour un système F2P à énergie (comme Candy Crush) bien dégueulasse, jouant sur la frustration et forçant le joueur à segmenter son temps de jeu.
... ne fait pas le stratège
La campagne de communication précédant le lancement du jeu nous avait prévenu : les cartes sont très petites car "adaptées au jeu mobile". Autrement dit, les deux équipes sont constituées de 4 personnages chacune et il faut rarement plus de 3 minutes pour arriver au bout d'une mission.
Avec moins de héros pour chaque mission, moins de terrain de jeu et moins de temps, il était évident que l'aspect tactique allait être grandement bridé. Même si les cartes tentent de se renouveler en modifiant le terrain, l'IA simpliste et léthargique répète sans cesse les mêmes mouvements, les mêmes erreurs. Au point qu'il devient assez facile de la manipuler.
Une fois le scénario terminé et son équipe montée au niveau maximum, Fire Emblem Heroes pâtit énormément de son manque de vrai PvP. Mode que l'on ne verra peut-être jamais selon les développeurs :
"Des matchs humains contre humains n'auraient pas fonctionné avec les règles de notre arène PVP. En tout cas, pas à la sortie du jeu."
(source JVCom)
A part se connecter chaque jour pour récupérer 2 Orbes (nécessaires pour invoquer de nouveaux personnages) et faire quelques arènes, vous n'aurez plus vraiment d'objectif intéressant. Sauf si vous êtes un malade fou de la collectionnite aiguë et que vous vouliez obtenir tous les personnages de rang maximum. Chacun ses problèmes, hein.
Fire Emblem Heroes est le parfaite exemple du nivellement par le bas que représente le jeu mobile actuel. Absolument pas au niveau des opus sur consoles portables, la licence se voit amputée de sa profondeur pour embrasser les codes du jeu mobile. A vous de voir où vous mettez le curseur : si vous cherchez un simple jeu mobile pour animer vos 20 minutes de métro quotidiennes, il sera parfait. Si vous cherchez un vrai jeu tactique, passez votre chemin. De mon côté, je vais allumer un cierge pour un vrai mode PvP.