Tout en cherchant volontairement à ne pas trop en savoir (pour ne pas me spoiler le jeu), les quelques critiques parcourues en diagonale ainsi que son ambiance visuelle avaient éveillé ma curiosité sur ce jeu indépendant qu'est Firewatch.
Si au final il ne correspondait pas vraiment à ce à quoi je m'attendais, j'ai toute fois vraiment aimé l’expérience de jeu, la "ballade", qu'il propose.
Firewatch n'est pas vraiment le jeu mi-contemplatif mi-survie que j'avais en tête, dans lequel je me voyais jouer le rôle de surveillant d'incendie / Ranger et passer surtout mon temps à regarder le paysage et à me balader. Si le rôle que l'on endosse est bien celui là, c'est avant tout un récit auquel le jeu nous invite... qui tient plus du polar que du petit guide du randonneur.
Pour essayer de dévoiler le scénario le moins possible, je dirai juste que l'on est mis dans la peau d'Henry, trentenaire marié qui répond à une annonce pour un travail de gardien incendie (Ranger) en pleine forêt des rocheuses américaines, afin de prendre du recul et de faire le point sur de graves problèmes familiaux qui l'entrainent lentement vers la dépression et l'alcoolisme.
Une des grandes qualités pour moi de ce jeu (voir la qualité principale ?) est la maturité du propos, des dialogues comme de la relation qui se tisse petit à petit entre Henry et Delilah, garde forestière voisine avec laquelle le joueur est constamment en contact radio.
-Les voix sont excellentes au fait-
Je vois aussi cette même maturité dans la fin du jeu (que je ne dévoilerai surtout pas ici)... comme dans le fait que globalement beaucoup de choses restent floues... ouvertes à plusieurs interprétations, à plusieurs lectures possibles... comme c'est souvent le cas dans la vraie vie.
Ma déception principale quand a elle a été de découvrir un jeu beaucoup plus directif et linéaire que ce à quoi je m'attendais. Non, on évolue clairement pas dans un monde ouvert comme j'aurai tant aimé que ça soit le cas et je suis d'abord passé par un stade de déception, à pester de ne pas pouvoir escalader un rocher de 50cm ou une pente ridicule ni à pousser un buisson juste parce que le jeu ne prévoit pas qu'on puisse passer par là.
Au final, le jeu est avant tout là pour nous raconter son histoire, dans l'ordre et de la façon prévue par les narrateurs. J'ai trouvé ça d'autant plus dommage qu'il aurait -à mon avis- été loin d'être impossible de caler le même récit dans un jeu au gameplay (aux mouvements) plus libre.
Pour prendre un exemple simple qui me vient en tête : J'aurai aimé qu'à un moment dans le jeu on endosse vraiment le rôle de gardien incendie, en devant surveiller et signaler par nous même ce qu'on aperçoit au loin, au lieu de s'entendre simplement signaler à la radio "Tu vois comme moi le nuage de fumée là bas ?".
Cette absence de liberté de mouvements va de paire avec un manque (apparent ?) de conséquences dans nos choix. Je regrette par exemple que les objets (ceux que l'on choisi de prendre ou ce que l'on en fait) ne semblent influer en rien sur ce qui arrive. J'aurai bien imagé que le choix des photos que l'on prend avec le petit appareil jetable influe sur ce qui se passe ensuite.
Par exemple : si on a pensé à prendre en photo des preuves de ce que l'on a vu.
Plusieurs fois, après avoir ramassé un objet dans mon sac et modifié une scène, je me suis dit "quel con. J'aurai du prendre en photo la scène avant !". Sentiment intéressant, mais qui au final... n'est pas du tout exploité par le jeu.
Voilà.
Pour conclure je dirai que Firewatch est avant tout un récit, une histoire que l'on nous raconte et que le jeu nous fait vivre. Je regrette que l'on ne soit pas plus libre dans nos mouvements et que nos choix n'aient -apparemment- pas de conséquences. Malgré ça, j'ai beaucoup aimé ce récit et cette ambiance tous les deux très originaux.
J'ai passé un très bon moment à suivre cette histoire et je trouve rafraichissant de jouer à ce type de jeu, différent et qui choisi une approche et un ton plus mature que ce que l'on croise en majorité dans le paysage vidéo-ludique.
Dernier point : la réalisation est nickel.
Beau boulot !