Ghostwriter
Moué, c'était pas trop mal, du niveau de le premier (et meilleur) épisode d'Arise, mais toujours ces mêmes défauts qui empêchent d’apprécier l'ensemble. Tout comme les OAVs auxquelles il fait suite,...
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le 15 nov. 2015
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Peu d’œuvres m'auront donné autant de fil à retorde que Forest. Heck, peu de visual novel peuvent se prétendre aussi originaux, provocants et exubérant que Forest.
Du coup, cela fait bien deux semaines que j'en ai vu le point final, et je suis toujours autant coincé entre mon désir de partager cette expérience pour le moins singulière et la perplexité qui me submerge dès que j'essaye de faire sens de ce que j'ai pu lire.
En tout cas, je peux sans problème attester ici de la réputation de Forest comme une œuvre polarisante, aussi envoûtante que potentiellement aliénante. J'avoue d'ailleurs, à ma grande surprise, être moi-même assez indécis par apport à ma position sur le sujet.
Mais cela suffit comme introduction. Je suppose que vous souhaitez tous un peu plus de concret maintenant que j'ai suffisamment piqué votre intérêt. Et c'est là que ça coince, car Forest est bien loin de vouloir daigner se dévoiler en quelques mots, et ce au premier venu qui plus est. Soyez donc indulgents, et dites-vous bien que je reste car les détails sont faciles à manquer.
Parmi la population résidant dans la ville de Shinjuku, réside un occupant bien mystérieux « la Forêt ».
Cette entité métaphysique s'incruste et existe dans chaque recoins de Shinjuku, tel un cancer menaçant périodiquement de dévorer la cité dans son entièreté. Lors de ses caprices et grâce à Alice, sa représentante, elle fait convoque 4 humains habitants la ville et leur présente une « énigme » à résoudre s'ils souhaitent survivre.
Et voila, c'est à peu près aussi intelligible et concis qu'il m'est possible d'être. Ce qui m’embête pas mal d'ailleurs car Forest est TELLEMENT plus que ce que je viens d'écrire, que j'ai l'impression d'avoir lu quelque chose de complètement autre.
Parce que quand j'y pense, qu'est-ce que l'histoire de Forest ? Où s'arrête le récit et où commence le méta-récit ? Faut-il nécessairement que tout puisse être explique, si ce n'est que fiction au final ? Après tout, la vie, qu'elle soit fictionnelle ou non, a-t-elle besoin d'une raison pour exister, d'un message pour s'exprimer, de cohérence pour pouvoir s'en émerveiller ?
Tout ces questions me donnent l'impression de noyer le poissons tout en tournant en rond, mais c'est là que réside ma limite je suppose.
Mais passons, le titre se compose de plusieurs dizaines d'épisodes de longueurs variables, eux mêmes divisés en chapitres et prenant place sur une année. Un épisode peut aussi bien se manifester sous la forme d'une historiette racontée par deux protagonistes, qu'un événement survenant au sein de la Forêt. Enfin, il y a les énigmes venant conclure un chapitre par un long épisode. Et en parlant d'énigme, je vous conseille d'utiliser une soluce pour lire le VN, sinon vous avez intérêt à vous accrocher. Les choix qui vous seront demander de choisir sont loin, TRÈS LOIN, d'être limpides, vu la cohérence et la nature non-sensique du récit, les énigmes en particulier (que je ne décrirai pas pour conserver leur découverte intacte). Et parce-que ce ne serait pas drôle sinon, certains choix piègent le lecteur plusieurs chapitres avant le bad end activée (en particulier les chapitres 5 et 6). Bad end tout aussi prompts à provoquer l’incompréhension que le reste de l’œuvre. J'ai le souvenir d'un en particulier durant lequel le récit s'est LITTÉRALEMENT emballé parce que je n'étais pas descendu d'un train.
Pourtant, dans cet amas de port'nawak et de références littéraires se trouve un texte passionnant, rédiger avec une plume experte, et peignant avec une poésie cruelle une toile où folie et émotion pure fusionnent. Il est chose rare que d'être émut par une scène dont le surréalisme de l'imagerie n'a d'égale que la puissance émotionnelle de sa prose, et c'est un testament aux mots choisis que le sens du texte semble comme passer au-delà de notre raison pour venir toucher directement notre subconscient.
L'écriture, pour en parler, est excellente, et fait en particulier la part belle aux références provenant de la littérature enfantine, mais la force du script et l’intelligence de la subversion empêche ici tout cliché. Enfin, pour ajouter à la bizarrerie ambiante, une partie du scripte n’apparaît pas à l'écran (du moins dans la version japonaise), uniquement récitée par les doubleurs, ce qui provoque une distance dérangeante (dans le bon sens) avec la narration. La version anglaise ajoute le texte en jaune au-dessus de l'écran.
Ouf, maintenant je peux reprendre un peut mon souffle et aborder des sujets plus triviaux avec un paragraphe sur la technique du titre.
Visuellement, Forest tranche pas mal avec le reste de la production dans le domaine du visual novel. Que ce soit entre les décors constitués de photos retouchées, ajoutant à chaque fois un morceau de verdure inopiné en symbole de l'omniprésence de la Forêt, ou encore le chara design bien plus stylisé qu'a l'accoutumé, le résultat est d'une fraîcheur rare. Dommage alors que le titre manque cruellement de CG, et que la majorité soit mis au service des scène H (souvent forcées, mais heureusement peu longues), car vu la qualité présente ici, on en aurait bien voulu plus.
L'ost quant à elle, est de très bonne facture malgré le petit nombre de pistes disponible (une vingtaine). Elle comporte également quelques morceaux de musique celtique (issus du domaine publique) , du plus bel effet.
Au niveau des routes, il n'en existe pas vraiment, les seuls changement s'opérant sur le chemin menant à la fin unique. La lecture prend environ 10H pour arriver à la fin, si l'on fait tout d'un trait.
Au final, c'est grâce à la puissance évocatrice de son script que je pense apprécier autant Forest malgré son côté impénétrable. Alors qu'usuellement mon appréciation d'une œuvre de fiction narrative passe par la compréhension de son intrigue, cette fois-ci, je me suis surpris à aimer le texte en lui même plus que tout ce qu'il pouvait me dire. Un peu comme un voyage où l'on passerait plus de temps à observer le paysage, qu'à réfléchir à la route ou la destination.
Après, il est tout à fait possible que je sois passé complètement à côté du récit (qui lui-même s’interroge sur son sens), mais peu m'importe. S'il y a plus encore à découvrir, je ne me délecterai de mes prochaines relectures que plus. En attendant, même si les seules choses que j'en retire sont ce texte décousu et la possibilité de vous avoir motivé à faire l'expérience inoubliable qu'est Forest, ce sera déjà une belle satisfaction.
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Créée
le 3 août 2015
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