Forza Horizon 5
7.5
Forza Horizon 5

Jeu de Playground Games, Sumo Nottingham et Xbox Game Studios (2021Xbox Series X/S)

L’exhausteur de la bête qui sommeille en chacun

Lancer un nouvel épisode de Forza Horizon, c’est la quasi-certitude de tomber dans une faille spatio-temporelle où plus rien ne compte.


Il y a cette surface exploitable hallucinante, promesse d’errances sans faim et de promenades sans fin. On démarre et c’est parti pour un tour à vitesse grand V, ou pas, sur des tracés bitumés ou des chemins de terre, mais aussi à travers champs et forêts. Tout est autorisé et le choix du véhicule constitue la seule source possible de frustration, tant il y en a.


Rapidement, le joueur comprend qu’il n’y a pas de but particulier, si ce n’est celui de débloquer des véhicules, des courses, encore des véhicules et des défis. Il y a des activités tous les deux cents mètres. La carte s’en trouve vite submergée et le jeu insiste sur la nécessité de ne pas se frustrer. Gagner des courses, c’est bien mais tout sauf obligatoire. Alors on appuie brutalement sur l’accélérateur, on fait hurler les moteurs et on se déchaîne. On tombe au hasard sur une activité, on la tente, on loupe et on se casse. On repassera bien par là un jour ou l’autre.


Absence totale de conséquence, voilà le mot d’ordre de Playground Games. Oubliez votre bilan carbone, l’environnement, le respect du code de la route, le respect tout court. Ici, on trace, on défonce tout, on s’élance à 360 km/h du sommet d’une colline pour voir où on va atterrir. Comme moi, vous êtes un fervent écolo dans le contrôle permanent de ce que vous faites, de ce que vous consommez, de votre production de déchets ? Vous avez depuis longtemps renoncé à l’avion ? Vous limitez au maximum votre recours à la voiture ? Et même dans ce cas vous complexez d’encore trop polluer ? Vengez-vous ! Conduisez plein gaz ce gros SUV et prenez un tremplin naturel pour éclater une pancarte sur le toit d’une maison.


Depuis la disparition de Burnout, votre animalité refoulée n’attend que de pouvoir s’exprimer ? Libérez la bête, faîtes crisser les pneus dans un burn de trente seconde si ça vous chante, défoncez les murets des gentils voisins en les traitant de tocards, pensez à ces litres virtuels d’essence que vous cramez en rugissant de plaisir, explosez les arbres et autres poteaux électriques, hurlez aussi fort que votre cylindrée, dévalez un volcan sur fond de musique classique comme le chauffard que vous avez toujours refusé d’être. C’est cela, la force de Forza Horizon ! Pouvoir se comporter comme un conducteur irresponsable sans que rien ne puisse vous arrivez. Mieux, le jeu vous y encourage et vous récompense tout le temps. Un véritable distributeur de dopamine.


Et la conduite ne laisse pas à désirer. Qu’il s’agisse de la différence de ressenti avec chaque véhicule, de la précision de la conduite sans avoir à jamais mettre les doigts dans les réglages (bien qu’on puisse le faire), de la sensation de vitesse parfaitement retranscrite lorsque vous dévorez la route, il n’y a rien à redire, les sensations sont bien présentes, bien renforcées par un écrin d’une beauté déconcertante.


Alors pourquoi pas la note parfaite ?


Déjà parce que le jeu passe trop temps à nous parler. On voudrait qu’il la boucle et qu’on puisse écouter la musique sans qu’il se sente en permanence obligé de vanter notre dernière performance en course. Et puis les radios sont globalement décevantes (à part la musique classique). La surabondance de récompenses fragmente les sessions de jeu avec beaucoup trop d’alertes signifiant un niveau pris, un point de compétence obtenu, une roue à faire tourner, des distinctions débloquées qui donnent des trucs plus ou moins utiles (parfois des voitures, parfois des fringues ou postures.)… Ça n’arrête jamais et c’est un peu infernal.


Et puis, l’expérience pourra décevoir les anciens, tant l’impression est forte de se retrouver face au même que le précédent, mais avec une nouvelle skin.
Enfin, le jeu n’atteint plus jamais le niveau d’adrénaline de son intro. Ce n’est pas grave, mais la claque est telle dans le quart d’heure de présentation qu’on trouve toutes les courses suivantes un peu mollassonnes (en comparaison), bien qu’elles ne le soient factuellement pas. Ce n’est évidemment qu’une impression et on peut saluer la confiance d’un studio qui envoie tout ce qu’il a dès l’intro, c’est dire la confiance qu’il a en son produit. Mais il y a comme la sensation d’éjaculation précoce, amenuisant le plaisir des suivantes.

FlibustierGrivois
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Terminés (ou abandonnés) en 2021

Créée

le 30 nov. 2021

Critique lue 308 fois

6 j'aime

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