Fuuraiki est un mélange de jeu d'aventure et visual novel, sorti à l'origine sur PS1 uniquement au Japon, dans lequel de vrais photos sont utilisées pour illustrer son cadre et ses décors. On y incarne Tetsu Souma, un jeune reporter qui travaille pour un magazine qui va être amené à traverser la région d'Hokkaido et à partager son périple avec ses lecteurs sur son blog pour le bien d'un concours. Après un court prologue le vrai jeu commence à la gare de Kushiro au sud de la préfecture, et pendant un mois le joueur est libre d’explorer Hokkaido comme bon lui semble. Chaque jour est limité par une jauge de Stamina qui se vide peu à peu à chaque action et une fois la nuit tombée, Souma devra rédiger un article en fonction des lieux visités et des envies/caprices de ses lecteurs.
En tant que simple « jeu-vidéo » Fuuraiki n’impressionnera personne. On a effectivement affaire à un simple powerpoint interactif. Même pour les habitués des visual novel le jeu est très simpliste: très peu de passage doublés, les mêmes cinq musiques qui se jouent en boucle, une intrigue en retrait (mais pas inexistante pour autant), les déplacements façon Google Maps qui font très cheap… Difficile d’être emballé par le jeu de prime abord. Mais c'est lorsqu’on l’examine sous l’angle d’un « jeu touristique » qu'il en devient particulièrement efficace. La véritable star du titre, c’est bel et bien Hokkaido et rien d’autre.
Le lac Mashû, la montagne Atosanupuri, la péninsule Shiretoko, le mont Kuro et jusqu’à Wakkanai (la ville la plus au nord du Japon) : voici un petit échantillon des lieux visitables dans ce titre. Le jeu nous fait traverser la célèbre région sous tous ses angles : ses lieux touristiques les plus emblématiques, ses Onsen en plein air, ses montagnes et cascades, les traditions de la culture Aïnou ainsi que les recoins forestiers un peu plus cachés.
Seule la partie Est de la région est accessible donc pas de Sapporo malheureusement (il faudra se contenter de Yakuza 5 et de 北へ pour ça). Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose vu que la zone explorable reste suffisamment grande et permet ainsi d’inclure des lieux plus secrets et moins touristiques, comme la caverne Makkausu ou le magnifique étang Kami-no-ko par exemple.
Mais bien plus qu’une simple pub qui se contenterait de ne faire que la promotion de la région, Fuuraiki est surtout une invitation au voyage. On est immergé dans la peau de notre protagoniste Souma, équipé seulement de sa fidèle moto, de son appareil photo et du strict nécessaire pour camper. À chaque lieu que l’on découvre il nous fait part de ses observations en tant que simple voyageur : il est émerveillé par les magnifiques paysages qu’il rencontre, s’interroge sur les lieux et personnes insolites qu’il croise, se questionne sur son rapport à la photographie et à la solitude qu’implique le fait de voyager seul si longtemps. Sans oublier les caractéristiques propres au voyage en général : les feux de camps entre inconnus, les moments d’entraide et de galères.. On découvrira ainsi tout au long de l’aventure la raison pour laquelle il s’est lancé dans ce voyage et le trauma qu'il essaiera de surmonter à cette occasion. La rencontre et la séparation sont les deux grands thèmes mis à l’honneur, et quoi de mieux qu'un jeu sur le voyage pour exprimer ces deux notions ?
Là où le bât blesse, c’est dans la rejouabilité du titre. Pour un jeu qui dispose de plusieurs fins différentes (chacune liée aux héroïnes principales que l’on rencontre durant le prologue), il est impossible de supprimer les phases d’exploration ou même d’accélérer les textes déjà lus , même une fois le jeu terminé. Il faudra donc refaire les mêmes choses et repasser par les mieux lieux de nombreuses fois pour explorer les différents scénarios, chose très pénible à faire quand l’effet de découverte n’est plus là. Dommage donc mais je pense que l’aventure principale se suffit bien à elle seule, indépendamment de la fin obtenue. On regrettera aussi la composante assez aléatoire de certains events et de la rédaction d’article: il est assez difficile de déterminer à l’avance quels sujets et photos plaira ou non aux lecteurs du blog, et ce malgré les commentaires et les e-mails qui tentent de nous guider.
C’est la première fois que je m’essaye à ce genre de jeu et je ne regrette vraiment pas l’expérience. Il est assez facile de comprendre pourquoi Fuuraiki n’a jamais bénéficié d’une traduction, au vu de ses faibles moyens et surtout de son sujet très niche. Néanmoins si vous savez lire la langue, Fuuraiki est un jeu idéal pour s'évader ailleurs le temps d’une quinzaine d’heure.