J'ai tué le premier homme que j'ai rencontré...

Dans un paysage largement dominé par Resident Evil, déjà en voie de devenir un jeu d'action plus qu'un survival et du petit nouveau Silent hill, "Galerians" tente une timide sortie, sorte d'hybride entre silent hill - question ambiance - et parasite eve - pour sa thématique, mâtiné de SF d'anticipation.

Passons tout de suite sur les aspects qui font mal, puisque ce sont les premiers auxquels le joueur est confronté. Techniquement, ça n'est pas ça. Nous sommes en fin de vie de la PS1, la PS2 pointe le bout de son nez et la console de Sony a déjà été poussée au maximum par des jeux qui exploitaient ses capacités au mieux. Mais ce pauvre "Galerians" est à peine correct visuellement : décors vides et souvent trop lisses, images de synthèses souffrant déjà d'une obsolescence programmée, animation poussive, si on excepte le héros, Ryan/Rion. La maniabilité est pénible et rend les combats difficiles, on se fait tuer pour n'avoir pas su se placer correctement ou en raison du temps de réaction de notre héros quand on le fait attaquer. Le jeu devient frustrant et voit sa difficulté - déjà pas forcément à portée du premier venu - artificiellement augmentée par ces défauts techniques. Qui plus est, le système de jeu, le visuel et la maniabilité sont clairement et directement repompés de Resident Evil (et la maniabilité n'a JAMAIS été le point fort des premiers Resident Evil, c'était probablement le dernier truc à récupérer dessus). Crave entertainment n'avait pas les moyens de Konami ou Capcom, ça se voit et le très clair repompage technique fait de Galerians - si on s'arrête à la première impression - une sorte de sous survival. Voilà qui est dit.

Seulement...malgré ces travers graphiques, Galerians dégage une ambiance très particulière. Peut-être même pourrait-on dire "grâce à", en fait : incarnant un jeune homme amnésique et nanti de pouvoirs psychiques qui le dépassent, se déplacer au milieu de ces couloirs vides, lisses confère au soft une ambiance glaciale, inquiétante, inhumaine.

Pour utiliser ses pouvoirs, Rion doit régulièrement s'injecter des substances chimiques, trouvées ça et là. Pire, s'il ne consomme pas régulièrement des analgésiques, son pouvoir peut le tuer, le rendant surpuissant quelques minutes avant de causer sa mort. Cette quête incessante de psychotropes et ces scènes où un gamin doit se piquer pour survivre - disons les choses comme elles sont - confère au soft un aspect plus dérangeant, renforcé par la raideur de l'animation, qui donne finalement l'impression d'un Rion épuisé, usé. On ressent assez bien le côté "survival" grâce à cette particularité, qui nous force à chercher des doses, sous peine d'y laisser notre santé mentale, notre capacité à nous déplacer, puis notre vie. Il est assez étrange de se dire qu'en définitive, les lacunes techniques de "Galerians" à défaut de le rendre réellement jouable, sublime son ambiance et son scénario. L'ensemble des lieux visité est inquiétant, lumineux mais froid ou noyé de brume, comme si tout ce que voyait Rion n'était pas réel. On sent relativement vite arriver le "twist" concernant le héros, dont l'identité ne reste pas secrète très longtemps mais la mise en scène et les conséquences qui en découlent rendent l'histoire réellement prenante. Les personnages - alliés comme ennemis - ont bénéficié d'un réel développement et sont tragiques, touchants. Le jeu est intégralement doublé en français, je n'ai pas eu la possibilité d'y jouer dans une autre langue pour comparer mais le doublage est honorable.

Au final, Galerians est un jeu vidéo moyen en terme de gameplay et de fun mais il dispose d'une ambiance, d'une histoire et de personnages qui méritent réellement qu'on s'y attarde. J'ai pas mal souffert en y jouant mais je ne le regrette absolument pas. Souvent cantonné au titre de "sous resident-evil" en raison de son "inspiration", il bénéficie pourtant d'un univers extrêmement riche qui en font un soft marquant, pour peu qu'on prenne le temps de lui pardonner son indigence technique.
SubaruKondo
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Créée

le 20 juin 2014

Modifiée

le 23 juin 2014

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