Game Dev Tycoon ? Trois gus dans un garage.
Game Dev Tycoon est un jeu de gestion vous proposant d’incarner un développeur de jeux vidéo à ses débuts, alors qu’il s’apprête à lancer son premier projet commercial, des idées plein la tête et une DeLorean dans le dos. Pour réussir à faire survivre votre petite entreprise, vous allez devoir innover, viser le bon public et les bonnes plateformes, lancer des campagnes marketing, et, surtout, trouver la parfaite alchimie entre les différents aspects de vos futurs hits.
Game Dev Tycoon est plutôt addictif : on a du mal à le lâcher une fois la partie lancée, pris au jeu des notes et des volumes de ventes. Les graphismes sont plutôt léchés (quoiqu’un peu fades), l’humour est omniprésent, l’interface est très simple à prendre en main, et la courbe de difficulté est plutôt bien équilibrée. On passe vraiment d’un studio unipersonnel pouvant produire une multitude de petits jeux à un énorme studio qui préfère choisir ses thèmes avec prudence. Enfin, GDT couvre de nombreux aspects de l’industrie vidéoludique : la répartition des tâches et leur proportion au sein d’un projet, la réputation du studio, prise en compte lors d’une vente ou boostée lors du développement d’une suite, les conventions (sans babes) du « G3 » pour rameuter les fans, la création de moteurs de jeux, l’organisation de vos propres conventions, la création de votre propre console, de votre MMO…
Malheureusement, si GDT peut constituer un bon petit passe-temps, il aura du mal à se faire passer pour autre chose qu’un jeu pour smartphone. Le plus gros regret qu’on puisse exprimer à propos de ce jeu concerne sa linéarité : les nouvelles plateformes qui apparaîtront tout au long du jeu seront toujours les mêmes, aux mêmes instants, avec la même part de marché et la même durée de vie. Inutile de préciser que ça ne vous encouragera pas du tout à donner sa chance à la DreamVast, ni à lancer une seconde partie dans l’espoir d’être surpris en misant sur le mauvais cheval.
Le côté casual de GDT m’a aussi un peu gêné, dans la mesure où il ne me semble pas vraiment refléter l’industrie du jeu vidéo. Vous n’y contrôlez qu’une équipe de sept personnes au maximum, qui ne peut concevoir qu’un seul jeu à la fois, un aspect après l’autre. Vous pouvez même lancer des campagnes de comm’ en n’ayant pas commencé l’étape « Graphismes ». Il n’y a aucune séparation entre la conception, le développement, les phases de test et de finition. Vous vous contentez d’enchaîner les étapes « 1, 2, 3 » avec à chaque fois trois aspects généraux à développer, en affectant une seule personne pour chaque aspect. De plus, vos équipiers n’améliorent pas leurs compétences à l’usage : il faut les faire s’entraîner, ce qui se révèle suffisamment coûteux en temps et en argent qu’il est bien plus rentable de les licencier et d’embaucher des divas du stade à la place. En outre, vos employés ne peuvent pas décider de partir en vous mettant plus ou moins dans la panade ; il n’y a pour ainsi dire aucun concurrent visible, aucun studio jaloux cherchant à vous piquer vos bêtes de somme, ce qui est quand même dommage pour un jeu de gestion estampillé du mot « Tycoon » (on peut bien entendu pourrir d’autres studios par l’intermédiaire d’événements réguliers, mais l’illusion de concurrence n’y est pas : ce n’est ni amusant, ni constatable)…
J’en demande peut-être trop à GDT. Avec la récente API permettant d’écrire facilement des mods, il y aura peut-être un jour un peu plus de place pour l’aléatoire et la surprise. Pour le moment, celle-ci semble seulement permettre l’ajout de plateformes et de thèmes, sans permettre d’effacer ou de modifier les existants, ce qui en limite un peu l’intérêt. En attendant, Game Dev Tycoon reste un petit jeu amusant avec des mécanismes un peu trop simples, mais addictifs, et beaucoup, beaucoup de fanservice.