Tellement classe que même les zombies sont tes amis.
À neuf ans, je ne pouvais pas encore me vanter d'être parfait bilingue, vingt ans plus tard non plus d'ailleurs. Je ne savais pas du tout ce qu'il y avait sur la cartouche le jour où j'ai dépensé de l'argent de poche dedans. J'achetais un jeu tous les deux mois, et une jaquette sympa suffisait à attirer les faveurs de mon offrande. Les seuls magazines de jeux que je lisais étaient ceux, périmés, qui traînaient dans les toilettes d'un copain.
Rien ! Je ne connaissais rien de ce jeu ni de son rapport avec la série Ghosts'n Goblins.
Ensuite sont venus la découverte et l'apprentissage du titre :
notre gargouille attend dans une salle, vue du dessus
"Blablabla", des zombies viennent me parler en anglais ça ne doit pas être très intéressant et le petit grincement strident qui leur sert de voix les fait passer pour des pleurnichards.
On sort de la salle et on débarque dans une cité médiévale en flamme cette fois en vue de profil. Firebrand (le héro) est beaucoup plus grassouillet qu'il n'en avait l'air sur la jaquette et quand t'as neuf ans, ça compte. il fait des petits saut, mous, il peut planer de manière très limitée, se fixer au murs. Il peut également balancer deux projectiles à la fois, et quand on doit compter sur le fait que le projectile doit sortir de l'écran pour en lancer un autre ça énerve un peu. Quand trois sprites animés ou plus sont alignés, sur la même ligne horizontale, le jeu a tendance à ralentir en plus de faire clignoter les personnages.
Tout cela, je le classais dans la catégorie des défauts du jeu. Mais N'ayant pas pris le temps de lire le manuel (je ne me souviens même pas s'il était en français), j'ai longtemps cru que pour faire planer Firebrand, il fallait tapoter rapidement sur la touche de saut ! Grossière erreur qui m'a valu des centaines de morts et un jeu mis de coté pendant quelques mois.
C'est avec la maturité d'un gamin de presque dix ans que j'ai repris l'aventure où je l'avais laissée, c'est à dire au premier niveau. Et là, je découvre le système de vol tel qu'il est sensé fonctionné. Tout de suite, le jeu devient beaucoup plus facile. Le premier boss est monstrueux. Il s'impose sur la moitié de l'écran, et balance des flammes aussi lentes que celle notre perso : aucun risque.
C'est à ce moment là que je regrette mon monolinguisme forcé. La suite de l'aventure prend une tournure rpg :
- monde semi-ouvert en vue du dessus
- combats aléatoires ou provoqué par des ennemis visibles (bloquant souvent le passage)
- Dialogue avec les gentils monstres dans les villages
- Menu aux noms barbares: "Talk" (je fini par comprendre) "Use" (je devine) "lvl" (???) "chk" (gné?)
Au cours d'un dialogue avec le grand manitou du premier village, et à force d'essayer tous les dialogues, je fini par entendre une musique étrange annonciatrice de bonne nouvelle. Le genre de musique qui vous fait frissonner quand vous ouvrez un gros coffre dans Zelda.
Quelle belle surprise, La gargouille vient de gagner une compétence qui lui permet de planer beaucoup plus longtemps. indispensable pour franchir le pont plus au nord. Malgré des chutes à mi chemin du premier fossé, j'avais tenté vainement plusieurs dizaines de sauts en pensant que toute était une question de millimétrage. J'étais un coriace même convaincu que ça ne pouvait pas passer tel quel.
Petit à petit, j'assimile le fonctionnement du jeu, je vois ses mécanismes s'enrichir de nouvelles compétences, je comprend le système de "continue" (une potion de résurrection à acheter) et du mot de passe (la sauvegarde n'arrivera qu'avec Zelda). Les phases de plate forme deviennent de plus en plus coriace mais également très gratifiante et plaisante à jouer. Firebrand devient un héros aux super-pouvoirs, les boss toujours plus immenses et techniques se succèdent pour un final face à un ennemi de deux écrans de haut. Impressionnant.
Il m'aura fallu de nombreuses heures de jeu pour en voir le bout, mais les qualités indiscutables et le plaisir de voir son personnage fortement évoluer effacent les carences techniques liées à la console. Les musiques sont inoubliables (même si la qualité générale est en dent de scie de ce coté là), les décors riches en détails et variés, plein de petite chose qui font que le titre n'a pas si mal vieilli.
D'ailleurs, si j'en fais ma petite critique maintenant, c'est simplement dans l'espoir de le voir ressortir en europe sur la console virtuelle de la 3DS (il est disponible au Japon) et par la même occasion si je peux donner envie à une personne de se laisser tenter, j'aurais fait ma bonne action.