The Farm 51 est le studio polonais qui, en 2012, produit le DLC "Hell and damnation" du délirant Painkiller, jeu de tir à la première personne parfaitement invraisemblable qui mettait le joueur dans la position d'un démon parti écumer les enfers en dessoudant du monstre tous les trois mètres.


Au-delà de ce délire à la sauce Serious Sam, en 2017, The Farm 51 nous offre un jeu bien plus intéressant : The Get Even, distribué par Bandai Namco.


Aux frontières improbables entre gameplay d'infiltration (Deus Ex, Dishonored), d'investigation (The Observer), d'exploration tendue (Outlast), de résolution d'énigmes et de parcours narratif, The Get Even offre une expérience variée et assez souvent perturbante. A un point tel qu'à certains moments, j'abandonnais le jeu car je me sentais pas prêt pour une séquence tendue d'infiltration, par un combat tactique dans un parc ou une enquête légèrement inquiétante dans les couloirs décrépits d'un asile infesté de cinglés hostiles. C'est à la fois l'intérêt du jeu de proposer autant de sensations différentes mais qui, en même le temps, le rend rébarbatif car on n'est jamais vraiment prêt pour ce qui va suivre.


Au départ dans la peau de Cole Black, un ancien militaire devenu mercenaire, vous découvrez très vite que vous êtes enfermés dans une simulation informatique, guidé par un étrange démiurge scientifique qui vous force, à votre esprit défendant, à vous remémorer vos souvenirs.


Souvenirs assez douloureux qui vous ramènent, dans une boucle obsédante, à une tentative de libération d'une otage, liée à une chaise et enchaînée à une bombe sur le point d'exploser.


De ce point de départ délicat, armé d'un étrange fusil et d'un appareil photo multifonctions, vous voilà embarqué dans une histoire particulièrement confuse qui, petit à petit, à coups de flash-backs et de séquences oniriques, prendra sens jusqu'à la révélation finale, complètement inattendue.


Les trois grandes forces du jeu résident dans l'histoire très certainement, structurée autour de plusieurs points de vue.
Mais également par le photo réalisme des décors (presque aussi bien conçus que ceux de "Everybody gone to the Rapture", c'est dire) et, le point le plus marquant, par une bande son et un design sonore absolument extraordinaires.


La musique et l'ambiance sonore d'Olivier Deriviere (auteur également des musiques d'Assassin's Creed IV, Black flag ou Remermber Me) sont en effet particulièrement efficaces. Ici, une chanson toute légère en pleine séquence de combats crée une opposition d'ambiances inattendue. Là, un enrichissement de nappes sonores graduelles et dynamiques au fur et à mesure d'une progression soutient une tension à peine supportable. Ou encore des dialogues entrecoupés de silence forcent votre concentration car, définitivement, vous voulez savoir ce qu'il s'est passé ce jour là, dans cette cave. Par ailleurs, et assez logiquement, le jeu a été nominé pour sa musique au 14e "British Academy Games Awards" en 2018.


Survival horror, exploration, enquêtes, énigmes, parcours oniriques, combats et infiltrations... rien ne vous sera épargné dans cette aventure d'une bonne dizaine d'heures terriblement denses. Eprouvant mais à la difficulté progressive, le jeu vous amène à vos limites nerveuses, vous pousse dans le syndrome du "what the fuck" toutes les trois minutes et vous obsède encore quelque temps une fois l'histoire finalement achevée.

PhilippeGoderis
7
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le 4 mai 2018

Critique lue 190 fois

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