Autant le dire directement, Ghost of a Tale n'est pas parfait. Pas parfait certes, mais il faut le prendre pour ce qu'il est, à savoir comme un titre ayant été majoritairement développé par une seule personne, Lionel Gallat, ancien animateur de chez Dreamworks, dont les connaissances en programmation sont toutes relatives (il a justement appris à programmer dans le cadre du développement de Ghost of a Tale), et avec un budget d'environ 50.000 euros.
Je précise cela car je ressors tout juste d'Assassin's Creed Origins, titre au budget faramineux et ayant impliqué presque un millier de personnes pour son développement. Forcément, bien que les deux jeux soient très différents, je n'ai pas pu m'empêcher de créer des liens entre eux, de noter les qualités que l'un avait et l'autre n'avait pas. Et ce qui me parait intéressant d'indiquer ici, c'est de préciser que Ghost of a Tale a beau se traîner plus de défauts qu'Assassin's Creed Origins, se révéler plus archaïque, il en ressort aussi avec bien plus de qualités que ce dernier.
Commençons par ce qui me paraît être le plus évident, ce qui ressort le plus : l'animation. Pour le coup, on sent directement un certain "savoir-faire". Le jeu est joli et les animations, surtout celle de la course (meilleure animation de sprint ever, je ne veux rien savoir !), sont réussies et détaillées. Indéniablement, le titre a du charme, une direction artistique qui lui est propre.
Il y a bien des défauts à noter, notamment au niveau de l'optimisation et des détails, mais ça ne nuit aucunement à l'œuvre. On pourrait dire qu'il gère mal le "alt+tab" (une fois sur deux on se retrouve avec une résolution bâtarde rendant les graphismes flous) et une gestion de la lumière parfois discutable (rayons du soleil qui traverse le décor, gestion des ombres)... mais franchement, si cela nuit à votre expérience de jeu, c'est que vous avez raté votre vie de joueur.
L'univers du titre est plaisant. On contrôle Tilo, une souris ménestrel, à la recherche de sa femme, Merra. Bien qu'il n'y ait pas de doublage, les dialogues sont bien écrits, et il y a même des choix pertinents à faire ; sans grandes conséquences certes, mais intéressants tout de même, ne serait-ce que parce que ça nous fait poser des questions sur le véritable but, la véritable identité, des autres personnages de l'univers, bien plus nuancés qu'il n'y parait.
L'un des plus gros problèmes du titre reste cependant le surplus d'informations. On sent que le développeur a créé un univers riche et cohérent, qu'il veut nous en parler… mais c'est peut-être un peu trop là. Heureusement qu'une sorte de wiki intégré règle partiellement le problème, mais force est de constater que les personnages nous parlent des coutumes, figures et lieux de l'univers du titre comme si le joueur le connaissait déjà. Dans cette même logique, l'introduction m'a paru inutilement absconse.
À noter aussi qu'il n'y a pratiquement pas de cinématiques. Même les scènes d'actions nous sont narrées via des encarts spécifiques… un peu comme pour un jeu de rôle en fait.
Le titre fait par contre très daté au niveau de ses quêtes. C'est très répétitif, notamment au niveau des objectifs qui se ressemblent : il faut aimer "chercher" ingrédients et autres objets planqués dans le décor (des clés notamment). En plus de ça, la structure du monde fait qu'on est amené à faire énormément d'allers-retours : encore plus si on décide de compléter l'intégralité des quêtes de l'œuvre. En fait, on est dans une sorte de monde ouvert qui se rapprocherait presque d'un Dark Souls ("Ghost of a Tale, el famoso Dark Souls des jeux d'infiltration") ou d'une version de Castlevania Symphony of the Night en 3D, spécifiquement à cause des nombreux raccourcis afin d'aller d'une zone à une autre. Si je dis "presque", c'est parce que la progression est bien plus linéaire qu'on pourrait le penser : certaines zones nous étant inaccessibles avant que le "scénario" nous en donne l'accès. À cela, il faut noter qu'il n'y a pas de possibilité d'accéder à une zone en avance en trichant un peu, à la manière d'un immersiv-sim par exemple.
Par contre, ce que je fustige le plus, malgré les quelques tenues (notamment la possibilité de se déguiser en garde) et compétences à débloquer, c'est le manque de renouvellement du jeu. Le bestiaire est très limité, très limité aussi au niveau de l’intelligence artificielle (encore plus limité que dans les autres titres du genre), et il n'évolue pas. C'est aussi le cas de la difficulté, vu qu'elle ne se voit pas accentuée durant l'aventure, mais qu'on débloque des capacités et des rallongements de barre de vie, on finit très vite par survoler le titre, spécifiquement sur le plan de la difficulté.
En somme, Ghost of a Tale n'est pas parfait… mais après Assassin's Creed Origins ça fait du bien. C'est un titre qui ne se contente pas de "cocher" bêtement toutes les cases d'un cahier des charges : il tente des trucs ! Parfois il réussit, parfois non… mais il tente des trucs ! Ce qui le rend indubitablement bien plus intéressant que cet autre jeu d'infiltration que je viens de citer.
En plus, ç'a le mérite de ne pas s'éterniser pour rien : ça dure environ 13 heures selon les manifestants (l'horloge Steam), 8 heures selon la Police (l'horloge interne). Bref, jouez-y, ça vaut le coup !