Dernière production de Sucker Punch connu principalement pour la série des Infamous, Ghost of Tsushima est une nouvelle itération du modèle triple A open-world à la sauce light RPG, rien de très excitant sur le papier donc, si ce n'est le fait de situer son histoire dans un Japon féodal. De fait on y retrouve un certain nombre de poncifs du genre à base de grimpette, d'arbre de compétence, d'événements aléatoire inévitablement redondant et autres merdes à ramasser sur la map pour satisfaire ses toc de collectionneur.
Cependant on appréciera la volonté du studio de proposer une forme épurée du genre, réduisant le HUD au minimum, se débarrassant meme de la mini-map au profit du vent qui nous indique la direction à suivre pour atteindre l'objectif sélectionné. Tout cela permet de bien mettre en avant les décors du jeu qui il faut bien le dire sont magnifiques. On évolue dans un paysage japonais complètement fantasmé mais qui marche parfaitement bien, t'es la sur ton cheval t'arrives dans une clairière, t'as l'herbe qui bouge avec le vent, un petit ruisseau qui passe et on te propose meme de composer un haiku, c'est POETIQUE BORDEL. Vraiment je crois que la composition d'haiku c'est ma feature préférée du jeu, bravo Sucker Punch rien qu'avec ça vous avez mis à l'amende les dix derniers Assassin's Creed.
Bon et le système de combat aussi est très bon, à la manière d'un Sekiro ils s'agit de briser la garde des ennemis tout en effectuant des esquives et parades les plus précises possible pour caler des contre fatals. Alors évidemment on est loin du niveau de finesse et d'exigence du titre de From Software mais n'empêche que les combats sont grisants une fois la mécanique de posture prise en main. Autant pour nous que pour les ennemis la mort est à quelques coups de sabre de portée, rendant les affrontements particulièrement dynamiques et intenses.
Un des points qui m'a le plus saoulé cependant c'est la façon dont le jeu nous force la main pour utiliser les mécaniques d'infiltration. Globalement un des enjeux de l'intrigue est que le personnage principal Jin Sakai va devoir abandonner la voie du samouraï pour affronter les mongols en utilisant des techniques de combat déshonorante de shinobi (assassinat, empoisonnement etc) et ainsi devenir le fameux ghost de Tsushima. Bon déjà j'aurais aimé que le jeu me laisse le choix de mon approche et adapte la narration en fonction, à la manière du système de moralité d'Infamous justement, mais alors le problème c'est que l'infiltration est complètement à chier. l'IA est à la ramasse, elle voit pas à deux mètre, elle peut se cheese tellement facilement qu'on en perd tout l'intérêt du truc. Du coup j'ai gardé l'approche samouraï frontale pendant tout le jeu mais je me suis confronté alors à la fameuse dissonance ludo-narrative où mes actions en jeu n'étaient plus cohérentes avec la narration imposée. bref un bien beau gâchis d'autant plus de la part d'un studio qui a déjà montré par le passé qu'il maitrisait ce genre de problématique.
En dehors de ça la trame principale autant que les quêtes secondaires se laissent suivre sans être jamais particulièrement passionnantes, on est malheureusement à des années lumières de la concurrence style The Witcher. Le jeu ne parvient jamais à créer de réelles attache émotionnelle avec la galerie de personnages qu'il nous présente, malgré une joli réal en plan fixe qui donne un certain style à l'ensemble (sans parler du filtre Kurosawa).
Il en reste un triple A open world correct qui ne brille pas par son histoire et souffre de quelques lourdeurs mais qui est sauvé par son gameplay et son visuel soignés. Et les Haikus.
Un sabre affuté,
Le vent indique la voie,
Nique Assassin's Creed.