Après avoir mis un terme au règne des dieux de l’Olympe dans God of War 3, les développeurs de Sony Santa Monica ont décidé de faire revenir Kratos dans une préquel à la franchise. Une occasion idéale pour vivre les tourments du Spartiate narrés uniquement dans les belles cinématiques du premier épisode. La boucle est-elle bouclée ?
Non de Zeus.
Ayant voulu rompre le pacte de sang qui le liait à Arès le dieu de la guerre, Kratos se retrouva enchainé sur Egéon l’Hécatonchire afin d’y être torturé pour l’éternité par les Érinyes. Ne l’entendant pas de cette oreille, le fantôme de Sparte va tout faire pour se libérer et briser cette alliance qui l’a conduit jusqu’au meurtre de sa femme et de sa fille. L’idée de proposer au joueur de vivre l’ascension de Kratos, l’élu de la prophétie qui fera tomber l’Olympe, était excellente ; mais malheureusement le scénario restera plat malgré quelques révélations. La faute sans doute à l’absence de protagonistes emblématiques de la saga. D’ailleurs on rencontre trop peu de personnage et l’aventure peine à décoller scénaristiquement. Même les cinématiques se font plus rares que par le passé. Difficile dans de telles conditions de rendre le personnage de Kratos plus humain. Le côté psychologique montrant sa détresse face à ses tourments qui le hantent pour avoir tué sa famille n’a pas été assez exploitée.
Il en va de même pour les évènements durant l’aventure qui manque de passages cultes. Pourquoi ne pas nous avoir fait revivre la fameuse bataille contre les barbares où Kratos, tel Faust avec le diable, remets sa vie entre les mains d’Arès ; ou le moment tragique où il assassinera celles qui arrivaient à contenir sa colère. L’histoire est parsemée de quelques flash-backs très espacés auxquels il sera assez facile de se perdre par moment. Heureusement que le final est grandiose et que l’aventure est plaisante à suivre mais on ne pourra pas s’empêcher de penser qu’il y avait mieux à raconter niveau narration.
Les larmes du chaos.
Là où God of War : Ascension ne déçoit pas c’est sur son gameplay. En plus d'être une référence dans son domaine, les développeurs n’ont pas hésité à rajouter de subtiles nouveautés améliorant d’avantage l’expérience de jeu qu’il pourra même dérouter les fans de la franchise durant les premières heures de l’aventure. Pas d’inquiétudes cependant, les bases restent les même mais c’est sur la manière d’appréhender les combats qui diffèreront. Essentiellement basé sur la touche R1, qui permet à Kratos d’attraper ses ennemis avec les Lames du Chaos tel un grappin, les combats deviendront beaucoup plus rythmés. Mais certains vilains pas beaux portent sur eux des armures qu’il faudra briser avant de pouvoir les attraper ou d’autres qui peuvent être invincibles durant un court instant comme les Golems en armure ou les Cerbères. Les QTE pour achever un adversaire ont aussi été remaniés pour les plus imposants d’entre eux. Cette fois-ci il faudra continuer de lancer des attaques tout en esquivant les coups de la pauvre créature à l’agonie. Très spectaculaire…et gore.
Toutes les nouveautés de gameplay ne sont pas irréprochables. Par exemple le contre se faisant toujours avec la touche L1 mais la parade demandera en plus d’appuyer sur X au bon moment. Pourquoi ne pas avoir gardé le système de la Toison d’Or en pressant L1 au moment opportun ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Autres petits défauts : le système de Furie qui permet à Kratos de lancer une attaque spéciale une fois la jauge appropriée remplie. Mais cette dernière se charge en bourrinant ses adversaires et se vide aux moindres coups reçus. Encore une fois les anciens systèmes des épisodes précédents étaient meilleurs. Et pour finir l’ajout d’armes secondaires que l’on peut retrouver durant l’aventure (bouclier, lance, épée, etc…) ne servent pratiquement à rien vu l’inefficacité de celles-ci durant les affrontements face aux Lames du Chaos.
Ces dernières pourront être améliorées durant l’aventure en récupérant des orbes rouges. Quatre divinités lui confèreront quatre pouvoirs distincts que sont le feu, la glace, la foudre ou les morts (Hadès). Deux pouvoirs défensifs feront aussi leurs apparitions utilisables lors des combats mais aussi durant les énigmes : le pouvoir d’Ouroboros qui permet de ralentir le temps ou construire/détruire des morceaux de décors et le pouvoir d’Orkos servant à créer un double de Kratos. Mais God of War Ascension ce n’est pas qu’une succession de combats jouissifs, c’est aussi de l’exploration avec des phases de plate-forme façon Uncharted et de glissade repris de Ghost of Sparta ainsi que le retour des énigmes. Assez conséquentes et intelligemment bien pensées, elles permettront de refroidir ses pouces pour faire chauffer sa matière grise.
Un travail de Titan.
Pas besoin d’y aller par quatre chemins, mais qu’est-ce que c’est magnifique graphiquement !!! Une véritable orgie visuelle, le premier jeu PS4 avant l’heure. Le tout sublimé par des mises en scène et des plans de caméra de toute beauté. Alors certes le character design des ennemis pourra manquer d’inspiration (que viennent foutre les Na’vis d’Avatar dans le jeu et où sont passés les Minotaures ?) ou que certains niveaux, aussi beaux soient-ils, font plus penser à Stargate qu’à la mythologie grecque, mais dans l’ensemble la réalisation d’Ascension est ce qui se fait de mieux sur console.
La bande son comme toujours dans un God of War est proche de la perfection. Les musiques renforcent toujours aussi bien les phases épiques lors des affrontements gargantuesques ou apaisantes et mystérieuses lors des moments de répits. Malgré des bugs sonores lors des sauvegardes, les bruitages ont été mixés avec soin et la spatialisation du son est tout simplement énorme. De quoi tester vos enceintes arrière et le caisson-basse si ces derniers prenaient la poussière avec les dernières productions. La VF est de bonne qualité mais la voix de Kratos a changé. Dommage.
Le principal souci de cette préquel réside dans sa mauvaise optimisation des sauvegardes. A la manière d’un Uncharted, le jeu sauvegarde automatiquement à certain moment du jeu. Le problème c’est que ces dernières provoquent des coupures au niveau du son mais pire encore peuvent engendrées des freezes ou des plantages de caméra. Pourquoi ne pas avoir laissé le système manuel des anciens épisodes. En espérant un patch prochainement pour corriger ça. En ce qui concerne la durée de vie, il faudra plus de 9 heures de jeu pour les vétérans de la saga en mode normal. Ce qui est dans la norme. Mais on retrouve cette sensation des premiers God of War d’avoir parcouru un long périple notamment grâce à un rythme de jeu mieux maitrisé que dans le troisième opus. Pour ceux qui en voudront encore plus, le jeu intègre un New Game+ où l’on pourra utiliser les différents artefacts récupérés dans le jeu octroyant certaines capacités spécifiques. Et puis il y a le multi-joueurs en ligne…
Divine comédie ?
La grosse nouveauté de God of War Ascension est son mode multi joueur en ligne. Une première dans la série. Après un tutorial expliquant les principes de base, on incarne un guerrier que l’on pourra customiser de la tête aux pieds. Armes, armures et pouvoirs se débloqueront grâce à l’XP obtenu au fils des parties. Le joueur devra faire allégeance à un des quatre dieux (Hadès, Zeus, Poséidon et Arès) représentant différentes compétences, armes et autres magies. Une fois son Léonidas créé il suffira d’inviter quatre de ses amis ou de rejoindre tout seul comme un grand une partie.
Les différents modes de jeux proposés sont : Faveurs des Dieux par équipe (4vs4 ou 2vs2) où le but du jeu sera de capturer des autels, tuer des ennemis, tendres des pièges à l’adversaire afin de gagner la faveur des dieux. Ensuite il y a le Combat des Champions qui se résume à un simple match à mort jouable jusqu’à 8 joueurs. Le Capture de Drapeau à quatre contre quatre et enfin l’Epreuve des Dieux jouable seul ou à deux en coop qui est un mode survie où il faudra enchainer les meurtres avant la fin du temps imparti. Chacun rapportant un peu de temps supplémentaire.
Les modes de jeux font dans le classique mais sont suffisamment intéressants pour y passer quelques heures durant. Le problème c’est que les parties ne sont pas équilibrées et que l’on pourra mourir en à peine trois coups durant les premiers affrontements. Heureusement que l’on débloque assez rapidement de nouveaux moyens pour prendre sa revanche. Les combats sont aussi moins tactiques que dans le solo, la plupart des joueurs ne faisant que foncer dans le tas. Bref un online complet, amusant mais aussi vite répétitif sur la longueur, la faute à un manque d’arènes et de modes de jeux pas assez originaux. Autre regret : le défi des dieux, marque de fabrique de la franchise a tout simplement disparu.
Les PLUS:
- Le plus beau jeu toutes consoles confondues.
- Un gameplay toujours aussi jouissif.
- Une bande son épique.
- Un online convaincant.
- Le retour des énigmes.
Les MOINS:
- Les bugs engendrés à cause des sauvegardes.
- Un scénario plat qui peine à décoller.
- Quelques soucis de caméra.
God of War Ascension n’est surement pas le meilleur épisode de la série mais reste un excellent jeu que les fans de la franchise peuvent se jeter dessus les yeux fermés. Malgré ses problèmes d’optimisation et un manque flagrant d’inspiration sur l’histoire et les personnages, le plaisir d’incarner le fantôme de Sparte est une nouvelle fois divin. Peut-être qu’il serait temps pour Santa Monica de faire un break et de passer à autre chose. Afin de mieux revenir ?!