Faire une critique sur un jeu de voiture, c'est quelque chose d'excessivement lourd à préparer et carrément indigeste à lire. Si j'avais le talent d'écriture de Victor Moisan (Merlanfrit) comme pour sa critique de Persona 4 The Golden, j'aurais fait un parallèle de Gran Turismo non pas avec de la gastronomie nippone, mais avec l'industrie des films d'auteurs français dans les années 60. Gran Turismo est chiant comme la mort, élitiste comme un péteux à lunette sortant d'un BTS marketing, mais pas forcément dénué d'intérêt pour un casual. Finalement, je vais rester dans les gonds pour rédiger cette critique, comme le fait si bien ce sixième volet.

Les règles n'ont pas changé depuis le premier volet de 1997, je vois encore mon père et mon demi-frère rager devant la PlayStation familiale pour réussir le contre-la-montre afin d'obtenir le permis ultime, moi derrière, haut comme trois pommes attendant une seule chose, avoir enfin la console pour jouer à Ape Escape. Me voilà désormais 14 ans plus tard, devant le sixième volet, et surprise, en train d'enfin comprendre l'intérêt de la licence en terme qualitatif et quantitatif, pendant qu'un homme comme Flbond se mange Paris-Marseille Racing en critique-rétro pour s'accorder à mon texte. On profite encore plus dans ces moments-là (rage pas, c'est parti remise). Gran Turismo avant tout, c'est une déclaration d'amour pour l'automobile, l'automobile de tous les jours ou de toutes les compét' de course par un amour sincère, classique, élitiste et sans pornographie visuelle (effet de destruction, effet de poussière, etc..) qui parsème les jeux de courses plus arcade et plus accessible (Burnout, Dirt, Need for Speed etc). Un amour qui se retranscrit dans le nombre hallucinant de voitures mis à disposition : 1216 dont 60 nouvelles pour cette sixième édition répartie sur un nombre éloquent de concessionnaire. De la simple voiture pour aller au boulot au karting en passant par de somptueuses voitures de sport, Gran Turismo a toujours su faire plaisir à ses fans avec son catalogue et sa jouabilité semi-simulation avec les moult volants compatibles à la console de Sony.

Toujours aussi généreux dans son mode solo, ce volet propose plus d'une trentaine de circuits à travers le monde (réel et fictif) pour 6 permis (avec course & diverses épreuves), des événements saisonniers et une nouvelle épreuve spéciale et pas des moindres : "L EXPLORATION LUNAIRE §". Non, je vous rassure chers lecteurs, c'est pas la nouveauté qui va vous faire dépenser une soixantaine d'euros, non les épreuves sur la lune se veulent tellement réaliste dans la conduite du bungy et sa physique lunaire (enfin, j'y suis pas encore allé) que ça reste à un niveau d'intérêt très limité, enfin a par si vous aimez conduire des caddy de golf sous perfusion de morphine et dans ces cas-là, je vous conseille vivement de consulter. Non il faut chercher les changements du côté graphique et communautaire.

Pour le côté multijoueur online, option oblige du cahier des charges d'un jeu vidéo actuel, outre la possibilité de jouer des roues pour battre vos potes (best jeu de mots ever) via le biais d'un salon type Osu! Où vous faites subir vos goûts de chiotte aux autres joueurs, vous avez la possibilité de créer vos propres circuits (sur une aire maximum de 2500Km²) en triturant un maximum de paramétrage pour combler vos envies. La master classe tiendra également via une prochaine mise à jour où vous pourrez directement créer votre circuit via le système GPS de votre voiture (virtuel j'entends). Côté partie "jetecaresselaretille" pure et dure, elle souffre de la comparaison bâtarde avec son concurrent direct, Forza Motorsport 5 sur Xbox One. Pourtant entre le cinquième volet (2010) et celui-ci, Kazunori Yamauchi et son équipe de Polyphony Digital ont mis les bouchés triples pour développer un nouveau moteur physique et graphique en collaboration avec Yokohama Rubber (fabricant de pneus japonnais) et KW Automobile (Fabrication de suspension allemande) afin de rendre le pilotage le plus crédible possible. Ce qui rend le jeu plus réaliste et plus crédible rend le fun en état léthargique, en voulant être excessivement pointilleux, le jeu est vraiment punitif, une mauvaise manœuvre et vous êtes dans les choux pour espérer être sur le podium, frustrant pour certains, jouissif pour d'autres. À vous de choisir votre camp.

Le jeu malgré son format 1080p natif cumule des alliasings, des bugs de textures et une gestion des effets de lumières un peu pauvre. Et c'est là, le problème caractéristique de ce volet, un mauvais choix marketing de la part de Sony, il aurait été clairement plus judicieux de mettre en avant un GT6 Next-gen plus propre et moins frustré par rapport aux capacités hardware PS3, non seulement pour nourrir la Playstation 4 qui est clairement en "déch'" depuis sa sortie et aussi pour vraiment créer une avancée dans la licence. Parce que finalement, les changements entre la version 2010 et celle-ci ne sont pas flagrants. Qui plus est pour un jeu de simulation dîtes photo-réaliste, les imperfections et le manque de finition sautent directement à la tronche, on peut noter autre que les problèmes d'affichages, le nombre restreint de voitures dîtes "premium" (avec vue cockpit), les adversaires I.A pas très folichonnes ou du moins manque de dynamisme. Gran Turismo est victime de sa quête à l'auto-perfection qui nous fait sortir de cette simulation au combien complète, un effet Uncanny Valley automobile au combien dommageable.

Le Sixième volet du "Real Driving Simulator" ne fait pas vraiment avancer le schmilblick de la licence orchestré par Kazunori Yamauchi et son équipe de Polyphony Digital, ni vraiment influencer les jeux de courses sur console. Un cran de retard technologique par rapport à son concurrent direct pour impressionner le consensus des casuals. GT 6 est un épisode un peu en retard dont la finition n'est pas parfaite, mais qui reste sobre, généreux et efficace pour tous les amateurs de "vraie" simulation de course et d'automobile. Le sous-titre ne nous ment pas au niveau du contenu et c'est ce qu'on lui demande.
Koreana
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le 23 févr. 2014

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Luc Le Gonidec

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