Les afficionados de GTA de la première heure (dont je fais partie) vous le diront: tout était déjà en place dans GTA 2... Les missions, les autoradios, les keufs, les jumps, les motos, le nom des quartiers, les rampages.... Et pourtant... Moi, je m'éclatais sur ce titre sur PC, et la presse française l'éreintait en termes de critiques (je me souviens notamment d'un violent 18% dans Joystick)... Autant dire que personne n'attendait GTA III. Même pas l'éditeur, TakeTwo, qui avait fait la colossale erreur de l'inclure dés sa sortie dans sa politique tarifaire de nouveautés à 45 EUR, histoire de booster les ventes des softs PlayStation2 alors moribondes...
Mais la 3D a sublimé le gameplay déjà parfaitement en place de la série et a renvoyé Driver, la référence de l'époque, à la casse. Et même les plus hermétiques à cet univers ont adhéré.
Ce GTA est une oeuvre majeure pour cela: on ne peut oublier ses premiers tours de roues dans Liberty City, découvrant pour la première fois le concept de sandbox game, magnifié par l'immersion et le cadre ultra-référentiel du titre.
Alors, OK, tout ce qui fait GTA n'est pas encore en place dans cet épisode: les autoradios crachent de la musique, certes sous licence, mais bien moins référentielle que par la suite... Il n'y a pas de moto, ni de deux roues non plus... Et le héros est muet comme une carpe, à des années lumières des futurs Vercetti ou Bellic, personnages bigger than life s'il en est.
Mais l'atmosphère de Liberty City est déjà là, quand, sous la pluie, de nuit, on rentre à sa planque; les références cinématographiques pleuvent déjà et les personnages secondaires, souvent pourvoyeurs de missions, sont bel et bien de la trempe de ceux que l'on rencontrera dans les opus suivants...
L'habillage aussi est déjà en place, à base de dessins cartoonish en split screen, les bases du gameplay, les putes, les missions taxis/ ambulances/ flics, les affrontements à main armée en pleine rue...
Une oeuvre d'une maturité et d'une maîtrise hallucinantes qui, chose rarissime dans l'univers technology-driven du jeu vidéo, vieillit plutôt très bien.