J’aime le rappeler souvent, je suis un être très con.


Sans déconner, mon rapport avec GTA V est très… bizarre. Sorti en 2013, le titre de Rockstar est arrivé dans les consoles de mes potes qui tous me hurlaient à la gueule que le jeu offrait une liberté incroyable. Je n’avais aucune connaissance de la licence, et j’avais encore quatorze ans (un âge où j’étais encore innocent et naïf croyez-moi). Je m’approche de la télé d’un ami qui y jouait, et BAM, AAAAAAAH:


Mais… mais… tu viens de tuer le mec dans sa voiture??? Pourquoi??? Qu’est-ce qui t’as pris? Il t’a rien fait!!!
On s’en fout, c’est qu’un jeu, je peux faire ce que je veux…


Dans ma petite tête d’adolescent en pleine croissance corporelle, mon cerveau semblait à la ramasse. GTA est un jeu violent, qui incite à la violence, qui propage la violence, et qui surtout… prône la violence! Et merde quoi, même mon meilleur pote s’y était mis, il y était accroc et à chaque fois que j’allais le voir, il ne lâchait pas ce foutu GTA malgré mes recommandations pour sortir.


MERDE MERDE MERDE MERDE, GTA a niqué mon adolescence! Tout le monde y jouait, et je restait là, avec mon Zelda Wind Waker et mon Rayman Origins à prôner les consoles Nintendo alors que tout le monde avait une PS3 ou une X Box. J’étais le couillon de service qui refusait de jouer à un jeu violent par pur principe de bienséance, et dans cette fermeture d’esprit aussi inébranlable que stupide, j’étais prêt à tout pour condamner GTA.


Merde quoi, il avait rien demandé ce pauvre gars que mon pote assassinait dans la rue…


Mais mon meilleur pote est un malin


James, prend la manette, tu vas voir, c’est trop cool.
Non… c’est violent.
Ferme-la et prend ma manette. (je prend la manette et je roule lentement en voiture), heu… tu peux accélérer mec, c’est pas grave si tu tue des gens…


Et là, ça arrive insidieusement, le jeu vous prend aux tripes, et détruit tous les préjugés que vous vous faisiez depuis des années. Et quand votre pote vous laisse sa console avec son jeu, bah vous y jouez.


Parce que je m’étais fixé un objectif en démarrant ma partie de GTA V, j’allais le finir. Autour de moi, personne n’avait fini le jeu, tout le monde s’était rué sur le mode en ligne. Sauf que comme je suis un couillon qui a un débit tout pourri, j’ai jamais réussi à connecter ma PS3 à internet, donc voilà, je me contente du mode histoire.


Bon, on la commence enfin cette critique?


GTA V est dingue!


En fait, je ne peux m’empêcher de faire la comparaison avec un autre bijou de Rockstar à savoir Red Dead Redemption (et voilà, je viens de prouver en deux lignes la splendeur de mon esprit d’analyse en comparant deux jeux totalement différents d’un même studio). Dans Red Dead, vous jouez un mercenaire hors-la-loi qui fait de son mieux pour retourner dans le droit chemin mais qui, par la cruauté de son univers, se voit contraint de reprendre les armes et replonger dans la violence. GTA, c’est tout l’inverse, vous êtes un mec qui est dans la violence, qui est l’incarnation même de la violence.


Dans GTA V, vous incarnez à la fois trois personnages bien distinctes qui ont chacun un rôle à jouer dans l’immensité du scénario. Franklin est un jeune nigger (si je peux le dire), qui désire se hisser aux sommets de la criminalité. Il rencontre Michael, un mafieux retraité et blasé, qui va accepter de replonger dans la criminalité pour son nouveau pote black. Mais cette coopération arrive aux oreilles d’un certains Trevor, ancien complice de Michael le croyant mort et va s’introduire dans les agissements de Michael et Franklin.


Et je vois tout le monde crier au génie concernant le personnage de Trevor, et je l’admet, c’est un excellent personnage. Mais c’est loin d’être le plus intéressant. En fait, chacun des trois personnages influe considérablement sur l’un et l’autre, mais le personnage ayant le plus de fond dans cette histoire, c’est indéniablement Michael.


Michael est à mon sens, un personnage au même titre que John Marston de Red Redemption (d’où ma comparaison). Michael a quitté un monde de violence pour protéger sa famille, mais il se retrouve contraint d’y retourner à cause de Franklin et Trevor. Et c’est cette dualité, cet étirement entre la tristesse d’une vie banale qui a rendu Michael dépressif, et l’adrénaline que lui procure un braquage qui offre de la nuance à ce personnage.


Alors que Franklin et Trevor… je leur trouve peu de fond, et c’est pour moi un défaut du jeu. Surtout que la fin en elle-même (parce que oui, je suis allé au bout), n’est pas si dingue que ça. Bon, pas mal de gens connaissent la fin, vous êtes Franklin et avez le choix entre trois décisions à savoir « tuer Trevor », « tuer Michael », ou « tenter de sauver les deux ». Et je déteste ce genre de fin! Voilà, je le dis, ça me fait chier que juste dix minutes avant la fin du jeu, on me force à prendre une décision difficile qui ne changera rien d’autre que la cinématique de fin. Allons jusqu’au bout, je vais vous dire ce que j’ai fait, j’ai tué Trevor, OUI, j’ai tué Trevor. Et soyons honnêtes, j’ai détesté prendre cette décision, j’ai détesté voir Trevor brûler et hurler de douleur! J’ai détesté le comportement de Michael et de Franklin vis-à-vis de cette situation, car je n’ai eu à la fois aucun sentiment de finitude, et aucun sentiment que les personnages aient évolué. Merde, Michael a vu son meilleur pote crever, certes, ils étaient en froid, mais cette scène n’éveille en lui qu’un haussement d’épaule? C’est tout ce que ça lui inspire? C’est ça que veulent montrer les mecs de Rockstar? Putain, quand je repense au final de Red Dead Redemption, j’ai quand même droit d’être déçu? On aurait pu aller plus loin, ça aurait pu être encore plus explosif, j’ai trouvé sur Youtube des vidéos où Franklin tue Jimmy, et ça aurait tellement pu travailler les relations entre les personnages. Je suis juste déçu que ça se finisse aussi vite et que ça soit la fin sur laquelle je suis tombé…


Enfin voilà, j’ai parlé du scénario de GTA V, aussi dense et incroyable que maladroit sur certains points. Et à vrai dire, je n’ai pas envie de m’attarder sur les qualités techniques de ce jeu car tout a déjà été dit.


Oui, le monde ouvert est incroyable, le fait de pouvoir choisir entre une vingtaine de chaînes de radio avec chacune un programme différent quand je conduis m’a halluciné. Le nombre de magasins, de possibilités, de personnages, tout cela est hallucinant, épatant et je peine à croire que tout cela tienne dans un disque de PS3 malgré les capacités de la console. GTA V est un millésime de liberté, un jeu qui a nécessité un budget de dingue, un travail de dingue, mais dont le résultat final est époustouflant et à la limite du parfait tant la sensation de liberté totale n’a jamais été égalé dans aucun jeu jusque là.


Tout le monde a salué cette qualité ô combien rare dans l’industrie du jeu vidéo et qui a hissé GTA V parmi les jeux les plus aimés jamais réalisés. Alors oui, pour cette liberté qu’on ne retrouve que dans ce jeu, je suis prêt à lui pardonner ses facilités de scénario et ses maladresses d’écriture car le gameplay est probablement le plus réussi que j’ai jamais vu dans un jeu vidéo.


En bref, GTA V est un jeu dingue, un incontournable, et tout le monde y a joué, donc au final, je ne suis qu’une critique élogieuse parmi tant d’autres.

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le 8 mars 2018

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James-Betaman

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